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Phédon (en grec : Φαίδων / Phaídōn) est un dialogue de Platon qui raconte la mort de Socrate et ses dernières paroles.
Personnages du dialogue : Socrate, Phédon, Cébès, Échécrate, Simmias, autres disciples (Xénophon est loin d'Athènes, et Platon est malade)
Le dialogue
Prologue
Échécrate demande à Phédon ce que
Socrate a dit avant sa
Mort. Comment est-il mort ? Cet
Homme, répond Phédon, était manifestement heureux, ferme et noble, comme s'il devait trouver là-bas un
Bonheur tel que jamais on n'en a connu.
Socrate raconte l'un de ses rêves : « fais une oeuvre, travaille. » Par scrupule religieux, il se fait poète, bien qu'il croie que la
Philosophie est l'
OEuvre d'art la plus haute.
Les humains sont assignés à résidence et nul n'a le droit de s'affranchir de ces liens pour s'évader. Les dieux sont nos gardiens et nous sommes le troupeau. Pourtant, pour certaines personnes, il arrive qu'il soit préferable d'être mort que de vivre. Mais il ne faut pas se donner la Mort, avant qu'un dieu ne nous envoie un signe. Les philosophes acceptent facilement de mourir.
Mais n'est-il pourtant pas révoltant d'abandonner la protection des meilleurs des maîtres ? Tout cela n'a pas de sens, on ne peut vouloir fuir ce qui est bon : il n'y a que les insensés qui se réjouissent de la mort ! Alors pourquoi des hommes sages comme Socrate iraient-ils loin de maîtres meilleurs qu'eux-mêmes ?
Pour Socrate, la croyance que l'on va rejoindre les dieux et certains morts rend injuste la révolte contre la mort. En effet, pour un homme qui a philosophé toute sa vie, il est raisonnable de penser qu'il obtiendra les plus grands biens après sa mort. Les philosophes s'appliquent donc à bien mourir. Platon pensait qu'il y avait deux monde le monde sensible et le monde intelligible. L'âme se situe dans le monde sensible (un monde fait d'illusion) le vrai monde est le monde intelligible. En mourant, lorsqu'on est philosophe notre âme a une chance de regagner le monde intelligible. C'est pourquoi Socrate n'avait pas peur de mourir et était pressé de regagner ce monde, seule vraie réalité.
L’âme et le corps
Mais que pensons-nous qu'est la
Mort ? le corps séparé de l'âme, âme qui n'est plus qu'elle même. C'est pourquoi, le
Philosophe ne prend pas au sérieux les plaisirs du corps, il s'en éloigne pour se tourner vers l'âme en tendant vers un état proche de la mort. Quand nous pensons, le corps devient un obstacle : il nous trompe dans la recherche de la
Vérité, et c'est pourquoi l'âme tente de s'en détacher pour saisir réellement les choses. Elle aspire à s'évader, à parvenir à ce qui est véritablement.
Tant que nous avons un corps, nous sommes esclaves des maladies, de la peur, et des appétits qui suscitent la Guerre, la Révolution et tous les conflits. Le corps nous prive de notre Liberté, il nous prive de la philosophie : il introduit dans nos pensée le tumulte et la confusion. Aussi, tant que nous vivons, en attendant que le Dieu nous délie, nous devons nous efforcer de ne pas être contaminés par lui. En conséquence, pour un homme qui s'exerce à vivre proche de la mort, il n'y a aucune raison de se révolter : Philosopher, c'est s'exercer à mourir : « les philosophes sont joyeux de s'en aller vers les lieux de leur espoir et de rencontrer ce dont ils sont amoureux, la pensée. »
Un homme qui se révolte parce qu'il va mourir est un quelconque ami du corps, non un ami de la Pensée et du savoir.
Notre âme existe-t-elle après la mort ?
Cébès objecte alors à
Socrate que l'on peut craindre que l'âme ne subsiste pas une fois séparée du corps. Socrate rappelle l'ancienne tradition
égyptienne selon laquelle les âmes existent là-bas, puis reviennent, les vivants provenant des morts. Il s'agit des mêmes principes présentés dans le mythe d'Er le Pamphylien, Livre X de
La République. Ainsi, pour toute chose qui a un contraire, ce contraire doit venir de son contraire. Il y a un double devenir, les vivants venant des morts, et les morts des vivants. Les choses en devenir s'équilibrent comme en opérant un parcours circulaire. Si le devenir allait en ligne droite, sans revenir à l'opposé, toutes choses se confondraient sous le même qualité : « ensemble sont toutes choses », dit Anaxagore. Tout se perdrait dans la mort.
L'âme harmonie
Cébès n'est pas convaincu par le raisonnement de Socrate selon lequel le corps serait plus apte à se désagréger et à disparaitre que l'âme en vertu de son appartenance au monde matériel(l'âme appartient au monde des Idées). Il entreprend donc une démonstration par l'absurde à l'aide d'une comparaison. En effet il compare l'âme à une harmonie et le corps à la lyre et aux cordes qui l'ont produite. Il constate alors que lorsque l'instrument est détruit l'hamonie meurt tandis que selon le raisonnement de Socrate elle devrait subsister; l'harmonie est bien plus similaire à l'âme du monde intelligible qu'au corps du monde physique.
Ici et là-bas
Socrate expose le mythe géographique et eschatologique de la destinée des âmes, jugées aux Enfers.
- La terre ici
- La terre là-bas
- Le jugement des morts
- Conclusion
Mort de Socrate
« Ce que vous ensevelissez, ce ne sera que mon corps. » Il n'y a rien à gagner à se cramponner à la vie, il serait ridicule de ne pas mourir maintenant. Socrate boit le poison, ses amis pleurent. « Criton, nous devons un coq à Esculape. » Socrate meurt.
« Voilà, Échécrate, ce que fut la fin de notre ami, d'un homme dont nous pouvons dire que, parmi tous ceux qu'il nous a été donné de connaître, il fut le meilleur, le plus sensé aussi et le plus juste. »
Dialogues autour de la condamnation de Socrate
- Théétète : Socrate, à la fin du dialogue, doit se rendre au portique de l'Archonte-roi qui juge les affaires de religion ;
- Euthyphron : dialogue près du Portique royal, juste avant le passage de Socrate devant l'Archonte-roi ;
- Apologie de Socrate : procès, discours et condamnation de Socrate ;
- Criton : Socrate, en prison, refuse de s'évader ;
- Phédon : exécution de Socrate.
OEuvres sur la mort de Socrate
Bibliographie
- Platon, OEuvres complètes, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade, 2 vol., n°58 et 64), Paris, 1970-1971 ;
- Platon, OEuvres complètes. Phédon, édition de Léon Robin, Belles Lettres (CUF), Paris, 1970 ;