Pierre Naville, écrivain et
sociologue français (
Paris,
1904 - Paris,
1993).
Surréaliste,
communiste puis
trotskiste avant de rejoindre le PSU, il mène en parallèle de son engagement politique une carrière de sociologue du travail.
Surréaliste de la première heure
Fils d'un banquier aisé de Genève, il arrête ses études pour se lancer dans la mouvance surréaliste.
En 1922, il fonde avec Philippe Soupault, Francis Gérard (Gérard Rosenthal), Max Jacob, Louis Aragon, Blaise Cendrars et Mathias Lübeck la revue d'avant-garde l'OEuf dur.
Codirecteur avec Benjamin Péret des trois premiers numéros de La révolution surréaliste, il fonde le Bureau de recherches surréalistes (1924) et participe activement aux expériences surréalistes avec André Breton. En 1926, il publie un texte intitulé "La Révolution et les Intellectuels (Que peuvent faire les surréalistes)", où il tente de faire évoluer le surréalisme vers le marxisme. Ce texte provoquera une crise au sein du mouvement surréaliste qui aboutira à l'éloignement de Naville, bien que le groupe surréaliste entreprit en effet une évolution dans le sens qu'il avait préconisé.
Politique à l'extrême gauche
De ses études à la
Sorbonne, il garde des liens avec
Georges Politzer et
Henri Lefebvre dont il partage l'intérêt pour le
Marxisme. En 1926, il adhère au parti communiste où il assure la direction de la revue
Clarté. Il est bientôt suivi par les surréalistes
Louis Aragon,
André Breton,
Paul Éluard,
Benjamin Péret et
Pierre Unik, qui adhèrent en 1927.
Il fait partie de la délégation qui rend visite à Trotski à Moscou en 1927. Il en revient convaincu par les thèses de Trotski et sera exclu du Parti en 1928 pour « déviationnisme ».
Il participe à la vie de l'extrême gauche française d'orientation trotskiste et notamment à sa presse. Malgré son engagement auprès de Trotski en exil aux côtés de , il sera peu à peu déçu par les positions de celui-ci et rompt avec le courant en 1939. Fait prisonnier en 1940 puis libéré en 1941, il reprend ses études de philosophie, devient conseiller d'orientation professionnelle avant d'entrer au CNRS.
Il animera alors les tentatives pour créer une gauche marxiste, débarrassée des déviations staliniennes, dont la Revue internationale.
En passant par le Parti socialiste unitaire (dit « premier PSU »), il continuera à rechercher une gauche moderne dans le Parti socialiste de gauche (PSG) puis l'UGS avant de participer à la fondation du PSU sous la Vème République.
Il y restera fidèle malgré son opposition aux « réalistes » (Gilles Martinet, Michel Rocard) et manifestera un rejet total de François Mitterrand.
Psycho-sociologie du travail
Nommé directeur de recherches au CNRS (1947), il travaille avec
Georges Friedmann au Centre d'études sociologiques, consacrant ses travaux à la psycho-sociologie du travail, à l'étude de l'automation, de la société industrielle, à la psychologie du comportement.
Il s'intéresse également aux stratèges et théoriciens de la guerre, notamment Clausewitz, dont il supervise la traduction et édite l'oeuvre complète.
Ouvrages
Surréalistes
- Les Reines de la main gauche, 1924.
Politiques
- La Révolution et les intellectuels, 1926
- Les Jacobins noirs. Toussaint Louverture et la Révolution de Saint-Domingue, 1949 (traduction de l'ouvrage de C.L.R. James, The Black Jacobins, 1938).
- La Guerre du Viêt-Nam, 1949.
- Le Nouveau Léviathan, 1957-1975.
- L'Armée et l'État en France, 1961.
- Trotsky vivant, 1962.
- La Classe ouvrière et le régime gaulliste, 1964.
- L'Entre-deux-guerres, 1976.
- Autogestion et planification, 1980.
Sociologiques
- De la Guerre, traduit de Carl Von Clausewitz, avec Denise Naville et Camille Rougeron
- La Psychologie, science du comportement, 1942. ISBN 2070350266
- D'Holbach et la Philosophie scientifique au XVIIIe siècle, 1943, réédition 1968 ISBN 207024699X
- Théorie de l'orientation professionnelle, 1945. ISBN 2070352706
- Psychologie, marxisme, matérialisme, 1948.
- La Chine future, 1952.
- La Vie de travail et ses problèmes, 1954.
- Essai sur la qualification du travail, 1956.
- Le Traité de sociologie du travail, avec Georges Friedmann, 1961-1962.
- Vers l'automatisme social, 1963. ISBN 2070247015
- L'État entrepreneur : le cas de la régie Renault, avec Jean-Pierre Bardou, Phlippe Brachet et Catherine Lévy, 1971.
- Autogestion et Planification, 1980.
- Sociologie d'aujourd'hui, 1981.
- La Maîtrise du salariat, 1984.
Autres
- Ses Mémoires (Le Temps du surréel), 1977.
- Mémoires imparfaites (Le Temps des guerres), 1987.
Bibliographie
- Des Sociologies face à Pierre Naville ou l'archipel des savoirs - Centre Pierre Naville.
- Pierre Rolle, « Les Logiques de la découverte et celles de l'action », dans Pierre Naville, la passion de la connaissance, Michel Eliard, Presses universitaires de Toulouse-le-Mirail, 1996.
- Françoise Blum (éd.), Les Vies de Pierre Naville, Presses Universitaires du Septentrion, 2007.
Liens externes