Définitions de la postmodernité ou de la surmodernité
Mouvement philosophique et intellectuel (à ne pas confondre avec le
Postmodernisme), de la fin du XX
e siècle qui tente, après l'effondrement des
idéologies de s'inscrire dans le prolongement du
Structuralisme et du
Déconstructivisme, tout en critiquant l'héritage du
freudisme et du
Marxisme.
Les penseurs post-modernes se situent dans la perspective de surmonter le désenchantement du monde, après la désagrégation des repères culturels ou religieux, et l'échec patent des utopies révolutionnaires. Il doit beaucoup au philosophe Jean-François Lyotard (La condition post-moderne) qui la définit comme l'époque de la fin des « grands récits ».
Principaux représentants en France : Lipovetsky, Lyotard, Derrida, Finkielkraut, Vattimo, Baudrillard, Augé, Virilio, Rem Koolhaas.
La post-modernité peut se définir comme une ère ou période qui suit la modernité ou les temps modernes après une rupture.
Voir aussi : Post-modernisme, philosophie post-moderne
Postmodernité v. Hypermodernité ou Surmodernité?
Les catégories d'hypermodernité et de surmodernité, ainsi que leur relation à celle de postmodernité, font débat. Le recul manque sans doute pour s'assurer de la pertinence des deux dernières…
En suivant les analyse de Gilles Lipovetsky, on peut cependant avancer que l'hypermodernité n'est pas le contraire de la postmodernité, mais bien plutôt sa suite logique. Selon Lipovetsky, le passage à l'hypermodernité serait principalement imputable à deux facteurs.
- La prise de conscience anxiogène, depuis le milieu des années 80, de graves problèmes de dérégulations socio-économiques, sanitaires et environnementaux. Le narcissisme, l'insouciance et l'euphorie postmodernes sont dès lors empêchés. On passe de l'épanouissement de soi à l'obsession de soi (crainte de la maladie et de l'âge…). L'hypermodernité marque ainsi le deuil de la brève utopie postmoderne (années 50-60), c'est-à-dire l'utopie d'une société recentrée sur l'individu et valorisant l'hédonisme libertaire.
- La disparition — libératrice, mais déstabilisante — des repères et des structures d'encadrement traditionnel (État, religion, famille), ainsi que la désormais toute-puissance de la société de marché, délivrent la modernité de ce qui la freinait encore. Délestée de ses contre-poids, elle n'a plus, désormais, qu'à se moderniser elle-même, et s'éleve alors à la puissance superlative : tout y devient "hyper".
Voir notamment : Gilles lipovetsky, avec Sébastien Charles, Les Temps hypermodernes, Grasset, coll. Collège de philosophie, 2004.
Philosophie de l'histoire
La postmodernité, c'est l'éclatement des références temporelles et locales: quand les prémodernes se reposaient sur la tradition et les modernes sur l'avenir, les postmodernes ont les pieds dans le vide. La postmodernité, comme la modernité dont elle se veut un prolongement, est ainsi issue d'un sentiment dont on trouve la meilleure expression dans le doute de Descartes. (Cf. Discours de la méthode, deuxième partie.)
Le passé, où les autorités ont été défaillantes dans leur tâche, ne rallient guère, tandis que l'avenir ne réserve plus autant de promesses (le "No future!" des Punks), dans la mesure où il est totalement incertain vu l'évolution exponentielle de l’oeuvre humaine.
Dans ce contexte, où l'homme n'a plus de repère, la postmodernité est soit l'ère du retour à l'éthique, comme dialectique du devenir de chaque homme, soit le plongeon dans l'univers fictif fortement esthétisé des sous-cultures.
Bonne gestion et recherche du bien-être remplacent la volonté de transformation de la société (cf. Sloterdijk). Elle est aussi celle de la résurgence du thème nietzschéen de l'éternel retour.
Sociologie
En sociologie, la post-modernité désigne la dissolution de la référence à la raison comme totalité transcendante dans les sociétés contemporaines occidentales. La post-modernité, à la différence de la modernité, ne rattache plus l’idée de progrès à un sens synthétique qui le justifie.
Il s’agit aussi d’un mode précis de régulation des pratiques sociales et de reproduction des rapports sociaux découlant des contradictions de la modernité politique et institutionnelle. La tendance du mode postmoderne de régulation de la pratique sociale est que les actes signifiants des individus sont progressivement dissociés d’un ordre commun synthétique (qui dans la modernité leur conférait un sens) et remplacé par des régulations purement autoréférentielles et automatiques (le marché, les technologies, les médias informatiques) dont le mode d'opération n'est plus mesuré par rien d'autre que par leur propre taux de croissance exponentielle. L’efficacité remplace la légitimité; la gestion remplace le politique; le contrôle, la propriété, et nous nous retrouvons finalement avec des organisations qui prennent des décisions avec de l’information. La post-modernité ainsi entendue est un mode de reproduction sociale d’ensemble, régulée de manière décisionnelle et opérationnelle plutôt que de manière politico-institutionnelle (Michel Freitag). Les conséquences pratiques de cette dissolution de la référence à la raison, c’est que les actions humaines tendent à se réduire progressivement à un comportement adaptatif, que la pensée s’identifie à un calcul marginal de gain ou de perte, que les rapports humains se réduisent à la compétition ou à la concurrence et les identités ou statuts à ceux de gagnant et de perdant. Ajoutons que la science dans une société post-moderne renonce à son idéal normatif de réalité et de vérité au profit de la prévisibilité des résultats de l’action instrumentale opérée sur le réel et que l’activité humaine tend à se justifier par le paradigme général de la résolution de problèmes.
Psychosociologie
L'ère post-moderne contribue à la fragmentation de l'individu : l’
Identité se fragilise. Elle se démultiplie ou se compartimente entre des attitudes diverses voire auparavant opposées : « banker le jour, raver le soir » « parfaite maîtresse de maison le soir, business woman le jour »... En fonction des moments de sa vie, l'individu ne se projette plus dans des modèles mais joue de sa personne à travers plusieurs masques. On tend vers une plus grande flexibilité identitaire : « je est un autre » voire je et plusieurs autres.
Cette fragmentation de l'individu n'est que l'écho de la Fragmentation de la société, en de multiples groupes, tribus ou communautés à l'exemple de la culture Techno. Fragmentation qui se retrouve sur le terrain économique dans l'offre Marketing et la Publicité et des mass-medias, stimulée par le développement d’internet. Cette tendance de fond n’empêche pas le développement de la poly-appartenance où un seul indidivu peut appartenir à plusieurs communautés à la fois mais à des moments différents de son existence quotidienne.
De ces fragmentations résultent non pas la fin de l'histoire mais la fin des modèles sociologiques patiemment étudiés et conceptualisés. Sous la bannière egotiste du droit d'être absolument soi-même, tous les modes de vie deviennent socialement légitimes. Le modèle patriarcal explose au profit de la juxtaposition de modèles sociaux qui cohabitent créant un sentiment de flottement ou un veillissement accéléré sur les valeurs de référence et les discours qui en découlent.
Annexes
Bibliographie
- Thierry Labica, « Le grand récit de la postmodernité. À propos de Le Postmodernisme ou la logique du capitalisme tardif de Fredric Jameson », in La Revue internationale des livres et des idées, n° 1, sept.-oct. 2007 (en ligne).
Articles connexes
Liens externes
Notes et références
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