Signé le
26 juin 1972 par le Parti socialiste, le Parti communiste et les radicaux de gauche, le
Programme commun était un programme de réforme qui prévoyait un grand bouleversement dans les domaines économique, politique et militaire en
France. Inflexion majeure dans la stratégie de conquête de pouvoir du Parti Socialiste jusqu'ici tourné vers le centre, l'alliance PS-PCF ouvrait une recomposition politique à gauche pour les trente années à venir, contribuant notamment à l'élection de
François Mitterrand aux élections présidentielles de 1981, qui met en pratique une partie de ce programme. À partir de 1983, une partie des réformes déjà réalisées seront annulées.
Projets
- « Vivre mieux, changer la vie » : Réduction du temps de travail (semaine de 35 heures), augmentation des salaires, généralisation de la sécurité sociale, aide au logement ;
- Nationalisation (avec indemnisation) de grands secteurs industriels, régulation des marchés, « démocratie » dans l'entreprise ;
- Décentralisation, « démocratisation » des institutions, garanties dans le domaine des libertés individuelles (fin des gardes à vue)
- La lutte contre le chômage
- « Politique de paix » avec l'abandon de la force de frappe nucléaire, la réduction du service militaire à 6 mois, et la dissolution de l'Otan et du pacte de Varsovie sources de tensions internationales.
- Remaniement de l'Education nationale
- ...
Alors que ces projets (augmentation des salaires, réduction du temps de travail,...) nécessiteraient un besoin de financement majeur, les méthodes de financement n'ont pas été très explicitées.
Réalisation
Signée par le PS, le PC et le Mouvement des Radicaux de gauche en 1972, cette union marque le retour de la gauche dans le paysage français de l'après 1958 et le début de l'hégémonie du PS. Elle permit notamment à François Mitterrand d'être le candidat unique de la gauche en 1974 (exception faite d'
Arlette Laguiller) et à l'union de gagner une majorité de municipalités aux élections de mars 1977.
Cependant, les résultats décevants du PCF aux législatives partielles (et sûrement sous la pression de l’URSS) amènent celui-ci à conditionner le maintien de sa participation à une radicalisation du programme. Cela provoque la rupture avec un PS déjà très divisé sur la question du programme commun (le congrès d'Epinay n'avait été emporté que d'une très courte majorité par la plate-forme de François Mitterrand et de ses alliés), d'où la constitution de listes séparées au premier tour des législatives de 1978. Malgré un rabibochage des trois partis entre les deux tours des législatives de 1978, les Français font le « bon choix » (cf. discours du président Giscard d’Estaing de Verdun-sur-le-Doubs) et la droite garde la majorité à l’Assemblée Nationale. Pour la première fois le parti socialiste obtient un score supérieur à celui du parti communiste, ce qui a pu être interprété comme une validation à moyen terme de la stratégie de François Mitterrand.
La mise en place
Article détaillé : .Mis en place à partir de l'élection de François Mitterrand en mai 1981, le Programme commun a mené à une perte de confiance et à une fuite importante de capitaux.
Face à cette crise majeure, le président doit revenir sur les changements opérés dans le domaine économique ; Pierre Bérégovoy, ministre de l'Économie, des Finances et du Budget du Gouvernement Laurent Fabius, privatise certains secteurs. Les marchés financiers sont partiellement dérégulés. La plupart des entreprises nationalisées entre 1981 et 1984 sont privatisées sous le Gouvernement Jacques Chirac entre 1986 et 1988; à partir de 1984, la France quitte un fonctionnement économique très étatisé et adopte davantage un fonctionnement d'économie sociale de marché.
Ce projet, du point de vue économique, aura marqué l'histoire de la France de par son échec retentissant ; il sera une des causes de la faiblesse de la gauche au cours des années suivantes. Le Tournant de la rigueur de 1983-84 mine l’idéologie de l’ensemble des partis de gauche.
Notes et références
Voir aussi
Liens et documents externes