Le
rap politique est un style de
Rap. Ce genre se caractérise par son engagement politique, sa conscience citoyenne mais aussi par sa violence, sa virulence et par ses paroles politiquement incorrectes. Il ne s'agit en aucun cas d'un style de rap récupéré par quelque parti politique.
La France, l'épicentre
Le rap politique n'est pas originaire de
France, néanmoins, c'est au pays de
Molière que cette forme de rap s'est le mieux développée.
À Paris
Le 18e arrondissement
Le dix-huitième arrondissement de
Paris est la terre d'origine du rap politique français. Il s'agit d'une mosaïque de quartiers populaires au nord du centre ville parisien :
Barbès, rue de la Goutte d'Or, Porte de la Chapelle, Clignancourt…
À la fin des années 1980, cet arrondissement a vu la naissance du groupe Assassin composé à l'époque de Rockin Squat, Solo et Dj Clyde. Le Rap français étant très jeune à cette époque, le groupe lui offrit une conscience, un esprit. Depuis, beaucoup de groupes et de rappeurs se font connaître mais sans grand succès contrairement à Assassin. La scène hip hop du 18e arrondissement est marquée par son désir d’underground : les rappeurs ne signent que rarement sur des majors, ils restent « fidèle à leur contexte » (comme le dit Flynt).
Voici plusieurs rappeurs, engagés politiquement, originaires de cet arrondissement de Paris :
Le 93
Comme tous les départements qui ont vu fleurir des grands ensembles dans les années soixante, (la
Seine-Saint-Denis), appelé « 9-3 », se caractérise par un phénomène de
Ghettoïsation unique.
La présence du rap politique y est grande. Cela est dû à la présence du groupe de rap de la ville de Saint-Denis : le légendaire NTM. Partout en France, et surtout dans le 93, le groupe a marqué plusieurs générations de jeunes de quartiers avec des titres comme Police ou Qu'est-ce qu'on attend ?.
Cependant, l'âme du rap politique du 93 n'est pas NTM : ce titre revient au rappeur du Blanc-Mesnil, Sheryo.
Empathik (originaire de Drancy) diffuse régulièrement des communiqués de presse virulents, au gré de l'actualité. Ses prises de positions politiques sont à chaque fois appuyées de références historiques, déroutant souvent les politiciens plutôt habitués à des insultes caricaturales. "Ceux qui critiquent les émeutes des banlieues sont les mêmes qui se disent fiers d’être français et qui parlent sans arrêt de la Révolution Française comme d’une évolution primordiale à l’émancipation de la démocratie moderne. Permettez moi de sourire. La Révolution française était une révolution de bourgeois (seuls ceux qui payaient des impôts étaient habilités à voter) et totalement machiste (droit de vote interdit aux femmes). Se sont aussi les mêmes qui parlent de la Commune de Paris, mouvement social ayant débuté au sein des quartiers populaires... par des incendies... Vous critiquez des mouvements sociaux contemporains mais vous fantasmez sur ceux du passé... Vous êtes en quelques sortes les royalistes d’aujourd’hui."(extrait d'un communiqué de presse diffusé peu de temps après les émeutes de Villiers Le Bel en fin d'année 2007)
Voici quelques rappeurs, engagés politiquement, qui viennent du 93 :
L'Est parisien
Il s'agit du 19
e arrondissement et du 20
e arrondissement de Paris. L'Est parisien est un ensemble de quartiers populaires (Belleville, Porte de Bagnolet…) au même titre que le 18
e arrondissement.
Si la scène du rap politique n'y est pas aussi forte, ce sont tout de même les quartiers qui ont vu naître le collectif C.M.P (Comité de la Mafia Parisienne) dont le rappeur Rost est originaire.
Le reste de l'agglomération parisienne
Ailleurs en banlieue parisienne ou à Paris intramuros, beaucoup d'endroits abritent de fortes scènes hip-hop à conscience politique. Parmi eux, notons les scènes rap de
Mantes-la-Jolie (département des
Yvelines), de Chelles (en
Seine-et-Marne) et de
Vitry-sur-Seine (dans le
Val-de-Marne).
Ces villes sont respectivement les terres d' Expression Direkt, de 2 Bal 2 Neg et de la Mafia K'1 Fry. Voici d'autres rappeurs parisiens à conscience politique :
Marseille
Marseille est la ville du célèbre groupe de rap
IAM, originaire du nord de la ville. Notons que Marseille est une ville relativement pauvre (batiments dégradés, taux de chômage sidérant), mais que la culture y est grandement développée ainsi que l'esprit d'indépendance (ici, musicale). Par conséquent, presque tous les rappeurs marseillais peuvent être associés au rap politique. Le Rap dit "politique" de Marseille se différencie du "Parisien" par des messages moins centralisés sur les problèmes de banlieue, et plus "internationaux" (comme Keny Arkana, ...), ou sur les problèmes culturels (Akhenaton du groupe IAM...). La recherche du son est aussi assez différente avec une recherche plus mélodieuse avec moins de basse que dans le reste du rap français. Historiquement Marseille a toujours cherché à se différencier culturellement du reste de la France, le rap n'échappe pas à cette "règle". L'aura du Rap Marseillais a été diffusée dans le reste de la France, et a favorisé un essor du rap politique indépendant.
Le centre-ville
La scène du centre-ville de Marseille est très vivante : les quartiers du
Panier, du
Cours Julien, de
Belsunce et de Félix Pyat regorgent de rappeurs.
Tous ces rappeurs possèdent une conscience politique, parmi eux :
Les Quartiers Nord
Il s'agit des 13, 14, 15 et 16
e arrondissements de Marseille. Un grand complexe de quartiers HLM. On trouve la plus forte concentration de ces rappeurs dans le quartier de Saint-Antoine (15
e arrondissement). En voici quelques-uns :
Le reste de la France
Ailleurs en France, il existe de nombreuses scènes hip hop à conscience politique, notamment au
Havre, à
Lille ou encore à
Strasbourg. La première ville étant celle de
Médine, la deuxième de
Axiom et la dernière, celle d'Abd Al Malik et de son groupe NAP.On peut également rajouter en particulier la scène rap de Lyon qui fait preuve d'un foisonnement artistique très intensif. Parmi les groupes inscrit dans la mouvance consciente et politique, on peut notamment citer : Trijas, Maux 2 Pass, Casius Belli, FRVsens.
Les États-Unis, les racines
Le rap américain est, malgré l'impression donnée, la terre d'origine du Rap dit "politique". Aux États-Unis, les rappeurs engagés sont caractérisés par les rapports courtois qu'ils entretiennent avec la
Nation of Islam.
New York
Les premières personnes répertoriées à qui l'on doit la naissance du rap sont :
Kool Herc et
Afrika Bambaataa. Ce dernier avait déjà doté le rap d'une conscience politique mais c'est plus tard que cette dimension du rap se développera grâce à
KRS-One et à Public Enemy.
Le Bronx
Terre de KRS 1, d'Afrika Bambaataa et de Kool Herc, le
Bronx est marqué par une conscience politique dont aucun autre
Borough de
New York ne peut se vanter.
East New York et Staten Island
East New York est composé de
Brooklyn, du
Queens et d'une partie de
Long Island, il s'agit des ghettos dont sont originaires
Mobb Deep, Public Enemy,
Dead prez,
Nas ainsi que d'autres rappeurs à conscience politique.
Quant à Staten Island, il s'agit du borough dont sont originaires la plupart des membres du célébrissime Wu Tang Clan.
Le reste des États-Unis
Les villes du quart nord-est des États-Unis sont très marquées par ce style de rap (
Philadelphie,
Detroit,
Boston…). Parmi les activistes du rap à dimension politique : Mr Lif de Boston et le créateur du
Gangsta rap :
Schoolly D de Philadelphie. Cependant, des rappeurs comme
David Banner (de Jackson,
Mississippi) ou (et surtout)
Paris (de
San Francisco) sont engagés politiquement. Récemment, de nombreux rappeurs originaires de
Los Angeles se sont tournés vers une approche plus politique du rap.
Dans le reste du monde
Le rap allemand, le rap italien, le rap espagnol, le rap anglais, le rap québécois, le rap asiatique, le rap palestinien, le rap maghrébin… La scène du rap dit "politique" est présente partout dans le monde.