Raymond Boudon
Pour les articles homonymes, voir Raymond Boudon (homonymie). Raymond Boudon est un sociologue français né le 27 janvier 1934 à Paris. Ancien élève de l’ENS, agrégé de philosophie, il enseigne la sociologie à l’université de Bordeaux puis est nommé professeur à l’université Paris IV-Sorbonne. En 2002, il est devenu professeur émérite. Il dirige, parallèlement à son activité d’enseignant, un laboratoire de recherche, le Groupe d’Études des Méthodes de l’Analyse Sociologique (GEMAS). Il est également membre de l'Institut de France (Académie des sciences morales et politiques) depuis 1990. Avec Alain Touraine, Michel Crozier et Pierre Bourdieu, Raymond Boudon est un des plus importants sociologues français de la deuxième moitié du XXème siècle. Durant les années 1960, R. Boudon part aux États-Unis et collabore avec le sociologue américain Paul Lazarsfeld. À l’image d’autres sociologues français, sa démarche va alors être influencée par les courants théoriques américains de l’époque. Ainsi, il va s’orienter vers la sociologie quantitative, et publie en 1967 sa thèse, au titre éloquent : L’analyse mathématique des faits sociaux sous la direction de Jean Stoetzel; la thèse complémentaire de Boudon, sous la direction de Raymond Aron porte sur le structuralisme : A quoi servent les structures ? En France, R. Boudon s'affirme comme le chef de file de l’individualisme méthodologique, courant qu’il a introduit dans le paysage sociologique français, et qu’il a ensuite largement promu. Se réclamant de Émile Durkheim, qu'il relit de manière critique ou de Tocqueville, il est surtout influencé par certains aspects de l'oeuvre de Max Weber, à partir de laquelle il a construit sa théorie de l'individualisme méthodologique. L'individualisme méthodologique Article détaillé : . Pour Boudon, l'individu est « l'atome logique de l'analyse » car il constitue, à ses yeux, l'élément premier de tout phénomène social. Comprendre le social, c'est, dans cette perspective, analyser les rationalités des individus, puis saisir leurs « effets de composition », c'est-à-dire la façon dont l'ensemble des actions individuelles s'agrègent pour créer un phénomène social. Boudon a mis ainsi en évidence ce qu'il nomme des « effets pervers », c'est-à-dire des « phénomènes de composition » où l'addition d'actions individuelles rationnelles produit des effets inattendus et contraires aux intentions de chacun. Ainsi, les paniques boursières constituent un exemple typique de tels effets pervers. Quand un grand nombre d'individus, par crainte d'une baisse des cours, vendent leurs actifs, ils provoquent ce qu'ils craignaient : une chute du prix des actions. Parti d'une interprétation assez étroite de l'individualisme méthodologique, proche de la théorie de l'acteur rationnel standard, telle qu'elle existe en économie, Boudon a depuis les années 1990 élargi son analyse. À la place de cette rationalité instrumentale, où l'acteur maximise son utilité, Boudon a ainsi insisté sur l'importance des croyances dans l'action individuelle, développant les concepts de rationalité axiologique et de rationalité cognitive. Ces trois formes de rationalités enrichissent la théorie initiale, en montrant bien que les acteurs peuvent, selon les cas, faire des choix "optimaux" quand ils disposent d'informations suffisantes (rationalité limitée, maximisation), des choix "satisfaisants" (rationalité limitée, satisfaction), des choix éthiques (rationalité axiologique, qui peuvent être contraires à leurs intérêts économiques, dans le cas du vote, par exemple). S'il est une idée fondamentale à retenir du travail de Raymond Boudon, c'est bien son opposition absolue aux explications qui ne tiendraient pas compte des critères de choix des individus et imposeraient à ceux-ci des causes externes (incompréhensibles) à leurs comportements. Les idées de boîte noire ou de "forces sociales" comme objets d'analyse de la sociologie sont, pour lui, à réfuter dans tous les cas, sans pour autant faire de l'individu un être totalement rationnel. Le rôle du contexte social, de sa perpétuelle évolution en fonction, justement, des choix nouveaux des individus, est à souligner. La sociologie de Raymond Boudon est bel et bien orientée vers la dynamique des relations et des choix, c'est une sociologie de la décision. Ouvrages principaux- L'Inégalité des chances, Paris, Armand Colin, 1973 (publication poche : Hachette, Pluriel, 1985).
- Effets pervers et ordre social, Paris, PUF, 1977 (en poche : Quadrige, 1993).
- La Logique du social, Paris, Hachette, 1979 (en poche : Hachette, Pluriel, 1983).
- Dictionnaire critique de la sociologie, (avec F. Bourricaud), Paris, PUF, 1982.
- La Place du désordre. Critique des théories du changement social, Paris, PUF, 1984 (en poche : Quadrige, 1991).
- L'Idéologie, ou l'origine des idées reçues. Paris, Fayard, 1986 (en poche : Seuil/Points, 1992).
- L'Art de se persuader, des idées douteuses, fragiles ou fausses, Paris, Fayard, 1990 (en poche : Seuil/Points).
- Le Juste et le Vrai : études sur l'objectivité des valeurs et de la connaissance, Paris, Fayard, 1995.
- Le Sens des valeurs, PUF, 1999.
- Raison, bonnes raisons, PUF, 2003.
- L'Explication des normes sociales, coéd. avec P. Demeulenaere et R. Viale, Paris, PUF, 2001.
- (avec Robert Leroux), "Y a-t-il encore une sociologie", Paris, Odile Jacob, 2003.
- Tocqueville aujourd'hui, Odile Jacob, 2005
- Pourquoi les intellectuels n'aiment pas le libéralisme, Odile Jacob, 2004. 252 pages. ISBN 273811398 (Ouvrage tiré d'une conférence donnée en 2003 à l'invitation du parti libéral suisse.)
- Renouveler la démocratie. Éloge du sens commun, Odile Jacob, 2006
- Essais sur la théorie générale de la rationalité, PUF, 2007.
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