Reynaldo Benito Antonio Bignone (né en 1928), est un ex-militaire argentin qui occupa de facto la présidence de la Nation entre le 1er juillet 1982 et le 10 décembre 1983, c’est-à-dire la dernière présidence de la junte militaire, autodénommée Proceso de Reorganización Nacional. Il céda le mandat au premier président élu démocratiquement après une terrible période de huit ans, Raúl Ricardo Alfonsín. Bignone reçut de ses pairs militaires la charge de mener la transition vers la démocratie après le retentissant échec de son prédécesseur, Leopoldo Galtieri, dans la Guerre des Malouines.
Biographie et carrière
Bignone naquit à Morón, province de Buenos Aires. Il entra dans l'infanterie de l'Armée à l'âge de 19 ans. Il étudia à l'École supérieure de Guerre ainsi qu'en
Espagne de
Franco avant d'être nommé chef du VIe Régiment d'Infanterie en
1964. Lors de la promotion de
1975 qui éleva
Jorge Rafael Videla au poste de Commandant en chef des Forces armées, il fut nommé secrétaire de l'État-major de l'Armée de Terre.
Son rôle dans les crimes de la junte
Il participa activement à la destitution de Isabel Martínez de Perón, et aux opérations de la
Guerre sale. Peu après l'installation du régime militaire en
1976, il occupa l' hôpital
Alejandro Posadas, qui devint un camp de concentration durant le régime. Par après, il fut nommé chef de l'Área 480 du camp de détention de Campo de Mayo. En
1980 il reçut la prise en charge des Instituts militaires.
Après la chute de Videla en 1981, il demanda sa mise à la retraite. Sa distanciation face aux dirigeants militaires ultérieurs, durant les gouvernements de Viola et de Galtieri, en fit un candidat de choix pour assumer la présidence après la décision prise par l'armée de prendre ses responsabilités pour débloquer le processus politique.
Président de facto en 1982
Malgré l'intention du commandant des forces terrestres, Cristino Nicolaides, de retarder le plus possible la passation du pouvoir aux civils, Bignone annonça déjà dans son premier discours public son intention d'organiser des élections au début de
1984.
La situation économique était catastrophique, de même d'ailleurs que la situation politique. José Dagnino Pastore, ministre de l'Économie, déclara l' "état d'urgence" face aux fermetures d'usines, à l'inflation —qui dépassait les 200% en chiffre annuel— et à la constante dévaluation de la monnaie.
Les pressions politiques s'accrurent simultanément; la junte multisectorielle fondée par Ricardo Balbín, décédé, et dirigée par son successeur, Raúl Alfonsín, essayait d'obtenir une passation anticipée et inconditionnelle du pouvoir. Les organisations des droits de l'homme, dirigées par Adolfo Pérez Esquivel, intensifiaient la campagne pour l'éclaircissement du lieu de détention des disparus, tandis que des plaintes d'autres pays, concernant les disparus étrangers, arrivaient par voie diplomatique. Le 16 décembre 1982, une manifestation massive convoquée par la junte multisectoriellel, fut réprimée par la police, causant la mort d'un manifestant.
Le 28 avril 1983, après avoir fixé la date des élections pour octobre, Bignone dicta le décret 2726/83, ordonnant la destruction de la documentation existante sur la détention, la torture et l'assassinat des disparus, ainsi que du Document Final sur la Lutte contre la Subversion et le Terrorisme qui rapportait la mort des disparus. Le 23 septembre il progressait dans l'élimination des antécédents du gouvernement, en dictant la loi 22.924 d' Amnistie ou de Pacification Nationale pour les membres des forces armées, pour tous les actes commis dans le cadre de la guerre contre la subversion. Le Congrès de la Nation déclarera plus tard la nullité de cette loi, mais la perte des registres fut irréparable. Les découvertes en 2006 dans la base navale Almirante Zar, de dossiers concernant l'espionnage de civils, montre que bien des archives considérées comme détruites existent toujours.
la chute de la dictature
Le
30 octobre eurent lieu les élections, dont le gagnant fut Alfonsín, candidat de l'Unión Cívica Radical, avec 52% des voix. Après la constitution du nouveau Congrès le
29 novembre et l'investiture d'Alfonsín le
10 décembre, Bignone sera jugé par un tribunal convoqué pour estimer la responsabilité des juntes militaires. Il fut inculpé de séquestrations, tortures et assassinats commis durant sa direction du camp de concentration de Campo de Mayo. Reconnu coupable, il fut cependant libéré en
1986, suivant les lois du
Point final et celle de l'
Obéissance Due.
En 1999, suite à la réouverture de dossiers concernant la séquestration de mineurs, Bignone fut mis de nouveau à la disposition de la justice. Étant donné son âge avancé, il est en arrêt domiciliaire.
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