Le
royaume de Sicile est créé en
1130 par l'
Antipape Anaclet II au bénéfice du roi
Roger II sur l'île de
Sicile, la
Calabre, la
Pouilles, et
Naples. Ce royaume traverse plusieurs phases marquées par les dominations successives des
Normands, des
Souabes (autre nom pour la dynastie des
Hohenstaufen, descendants de Frédéric de Souabe), des
Angevins et des
Aragonais.
Conquête et domination Normande
En
1059, le Normand
Robert Guiscard fait un pacte avec le pape
Nicolas II dans lequel il se déclare formellement son vassal, obtenant en échange le titre de duc d’Apoulie, de Calabre et de Sicile, il faut ajouter aussi le Basilicate, une partie de la Campanie. Les Normands réussissent très vite à éliminer du Sud la présence byzantine et peuvent très vite se consacrer à la Sicile, toujours entre les mains des Musulmans. La Sicile est conquise de
1060 à
1091 par
Robert Guiscard et son frère le « Grand Comte »,
Roger Ier. Sous
Roger II, le pape investit le roi de Sicile et devient son suzerain, ce qui posera un problème politique quand les
Hohenstaufen prendront le pouvoir dans le royaume de Sicile. Les descendants de
Roger II règnent sur la Sicile de sa mort en
1154 à
1189 : Guillaume I, puis Guillaume II. Ce dernier n'ayant pas de fils, une question de succession se pose et permet l'arrivée au pouvoir de Henri VI. L'héritière de Guillaume II est sa tante, Constance de Hauteville (Hauteville est le nom de la dynastie Normande). Elle épouse Henri, fils de Frédéric Barberousse, empereur romain germanique. Henri, qui deviendra empereur sous le nom d'Henri VI, prétend à la couronne de Sicile. Le pape
Clément III s'oppose à cette situation.
la phase Souabe
Le pape
Clément III redoutait de voir les terres d'églises encerclées par les
Hohenstaufen, qui dominaient le nord de l'Italie. Il invoque sa suzeraineté sur le royaume de Sicile pour réclamer un serment de vassalité d'Henri VI. Ce dernier refusant, le pape décide de soutenir
Tancrède, bâtard des
Hauteville, qui meurt en 1194. Henri VI devient alors roi de Sicile, le 25 décembre, à
Palerme. Son règne sera brutal et bref, puisqu'il meurt en 1197. Entre 1197 et 1220, la papauté cherche à rompre l'encerclement des
Hohenstaufen. Le royaume de Sicile est laissé sans pouvoir central fort, des villes comme Naples ou Gaète développent des institutions communales. Barons et évêques usurpent les prérogatives royales. Dés 1220, Frédéric II; fils de Henri VI est empereur. Aux assises de Capoue en décembre, il rappelle la loi normande et annule les concessions ultérieures à 1189, pour punir ceux qui ont abusé de la vacance du pouvoir. En 1230, les constitutions de Melfi, inspirées du droit romain, donnent des lois au royaume. C'est dans ce contexte de reprise en main que le royaume de Sicile passe sous la domination
Angevine. (*)
phase angevine
Urbain IV, pape, demande l'aide de Charles d'Anjou pour combattre la domination
Hohenstaufen. Charles d'Anjou bat le fils de Frédéric II, Manfred à la bataille de Bénévent et devient roi de Sicile à Rome en 1266. La politique des Angevins ne satisfait pas totalement le pape, qui trouve son allié trop pesant. Sous Charles d'Anjou, qui est aidé de son fils
Charles II, le nord est privilégié au sud. La capitale passe de
Palerme à
Naples. Le pouvoir central n'est pas assez présent. Cette situation conduit aux
Vêpres siciliennes, qui aboutissent au partage du royaume de Sicile en un «
Royaume de Naples », terme impropre mais devenu courant, qui reste aux angevins, et un royaume de Sicile, sous domination
aragonaise.
la domination aragonaise en Sicile
La fille de Manfred était mariée à
Pierre III, roi d'Aragon. Les
Vêpres siciliennes représentent une double rupture : contre les angevins, dont la pression fiscale était trop forte, contre l'héritage de Frédéric II, un pouvoir central dont ils contestent la poigne. C'est une revendication d'autonomie. Pour faire face aux angevins, les Siciliens font appel à
Pierre III, ce qui aboutit à la séparation en deux royaumes.
Les deux royaumes restent séparés jusqu'en 1442, où le roi Alphonse V d'Aragon conquiert le « royaume de Naples » et donne naissance au royaume des Deux-Siciles.
En 1713, le duc de Savoie Victor-Amédée II reçoit au traité d'Utrecht la Sicile, qu'il échange en 1720 contre la Sardaigne.
Voir aussi
Bibliogaphie
- Pierre Aubé, Les empires normands d'Orient, éd. Perrin, col. tempus.