On désigne généralement par
sadducéens les membres d'un des quatre grands courants du judaïsme antique de l'ancienne
Judée (avec les
pharisiens, les
Esséniens et les
Zélotes), entre le IIe siècle av. J.-C. et le
Ie siècle, mais cette définition n'est nullement exclusive. Elle fait également référence aux membres du
Clergé à l'époque du Premier
Temple de Jérusalem (dont le Grand Prêtre était
Sadoq) et à un courant théologique sans contextualisation historique dénommé
sadocite. A ce titre, les
Esséniens se nommaient eux-mêmes comme
Fils de Sadoq.
Étymologie
Le terme
sadducéen vient la translittération française du
Latin Sadducaei, lui-même issu de l'
Hébreu talmudique
Tsadoukim. La thèse largement répandue serait que ce substantif dérive de
ינב קודצ (bnei Tsadok) ou Fils de
Sadoq, sans qu'il y ait toutefois consensus scientifique.
Histoire
L'histoire des
sadducéens est difficile à tracer car les sources sont rares et partiales ou peu fiables historiquement. Mêlés au propos légendaire comme à l'histoire, ils disparaissent pour réapparaître au cours des siècles.
Origines légendaires
Il n'y a que deux passages du
Tanakh (la bible hébraïque) qui désignent par saducéens les membres de la classe sacerdotale liés au Grand Prêtre
Sadoq, composant de fait une forme de parti (quoique ce terme soit anachronique). C'est dans le livre
Ézéchiel (XLIII-19) que la référence émet un lien direct entre les partisans du Grand Prêtre et le
Clergé. Référence répétée (XLVIII-11) où le prophète encense les sadducéens comme les garants de l'orthodoxie lors de l'Exil à
Babylone.
Au <span class'romain' title='Nombre écrit en chiffres romains'>IIe siècle av. J.-C. ===
En dehors des textes bibliques et des spéculations que l'on peut faire à partir d'eux, la première source explicite qui atteste d'un mouvement sadducéen est la mention de leur existence sous le règne de Jean Hyrcan I (134-104 av. J.-C.) faite par Flavius Josèphe (37-~100 ap. J.-C.). On peut néanmoins dater l'apparition de ce courant au début du IIe siècle av. J.-C. avec l'ascension de Simon II lors de la conquête séleucide de la Judée.
Soutenant la domination séleucide, une hostilité des sadducéens va naître à l'encontre de la dynastie hasmonéenne pour adhérer plus largement au règne d'Hérode Ier le Grand, quoi que cette perspective qui fait des sadducéens les membres de l'aristocratie hellénisée soit désormais contestée par les historiens.
De rares sources parlent des sadducéens. Essentiellement issues du Christianisme, elles n'émettent que des jugements de valeurs théologiques sans grandes précisions. Les Actes des Apôtres, ainsi que l'Évangile selon Matthieu, en font mention.
Après la destruction du Temple de Jérusalem en70, les Sadducéens n'apparaissent plus que dans quelques mentions du Talmud (voir paragraphe suivant). Au VIIe siècle, on voit apparaître en Perse un mouvement, dirigé par Abu Isa d'Ispahan, se réclamant comme sadducéen . Le Karaïsme, dans ses balbutiements au VIIIe siècle, compte parmi les partisans d'Anan ben David des dits «sadducéens». Sadoq fera encore parler de lui au Xe siècle avec le livre Sefer Tsadok écrit par le sage karaïte Ya'akov al-Qirqisani.
Ultime découverte en 1910, alors qu'on croyait pendant longtemps la pensée des sadducéens disparue depuis des siècles, Solomon Schechter mit au jour l'Écrit de Damas datant du XIIe siècle. Celui-ci fait référence à une présence - ou au mieux une influence - des thèses sadocites au sein de la communauté karaïte.
Croyances
Les
sadducéens rejettent l'interprétation de la
Torah faite par les
Pharisiens et plus exactement le
Talmud qui s'en suivra. L'historien
Flavius Josèphe, dont on peut penser qu'il penche pour les sadducéens, résume ainsi cette opposition : «
Les Pharisiens ont transmis au peuple certaines règles qu'ils tenaient de leurs pères, qui ne sont pas écrites dans les lois de Moïse, et qui pour cette raison ont été rejetées par les saducéens qui considèrent que seules devraient êtres tenues pour valables les règles qui y sont écrites et que celles qui sont reçues par la tradition des pères n'ont pas à être observées.» (Antiquités juives, XIII-297)
Mais il ne faut pas croire que les sadducéens étaient littéralistes. A ce titre, le Talmud parle d'un «livre sadducéen des décrets». Leur spiritualité se résume ainsi : «tout en ayant leur propre Exégèse orale, les sadducéens rejetaient certaines traditions extra-bibliques et en particuliers celles des autres mouvements.»
Cette spiritualité amenèrent les sadducéens à se séparer des pharisiens sur certaines questions, telles :
- la résurrection des morts
- la vie après la mort
- l'existence des anges
En outre, les pratiques religieuses différaient quelque peu de celles des pharisiens, en vertu d'interprétations différentes de la Torah :
- la fête de Shavouot était célébrée le lendemain du Shabbat, c'est-à-dire un dimanche
- la réjouissance du puisage de l'eau pendant la fête de Souccot était prohibée
Notes et références de l'article
Voir aussi
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