Sláine
Sláine est une série de comics publiée dans le magazine britannique 2000 AD depuis 1983 ; certaines de ses aventures sont regroupées en recueils depuis 1989 et seuls ces albums sont traduits en français. AuteursLes aventures de Sláine ont été dessinées par différents auteurs tels qu'Angela Kincaid (la première femme de Pat Mills), Mike McMahon, Massimo Belardinelli, Glenn Fabry, Simon Bisley, Clint Langley, Greg Staples, Dermot Power, ou encore Nick Percival. Pat Mills en est le scénariste attitré depuis l'origine. Sláine a aussi donné naissance à un Jeu de rôle éponyme, basé sur son histoire et son monde, mais dont Pat Mills n’est pas l’auteur. Arrière-plan de la sérieL'action se déroule initialement en Europe de l'ouest, plus particulièrement dans une Irlande d'il y a 12 000 ans totalement revue et corrigée par l’auteur. Le scénariste Pat Mills utilise des éléments de la Mythologie celtique comme influences principales et d'autres (telles que la Mythologie nordique) comme influences secondaires ; ainsi que des événements historiques, préhistoriques et climatiques avérés pour construire le monde dans lequel se déroule l’action. Au delà, il semble que ses deux principales sources d’inspiration soient Conan le Barbare et la Psychanalyse de Freud. On peut toutefois noter qu'il adapte les mythes Celtes, notamment en les interprétant au travers du prisme d'un Christianisme du Moyen Âge, mais seulement dans le but de les modeler pour les intégrer à son récit : son univers est païen et non moralisateur. Les personnagesIl faut tout d'abord signaler que Sláine est un nom revenant souvent dans la mythologie irlandaise. Le premier haut-roi mythique de l’ Irlande s’appelait Sláine mac Dela ; ce nom peut ce traduire par « la pleine bonne santé ». - Sláine : l'auteur s'est très largement inspiré du héros irlandais Cúchulainn pour créer Sláine. Par exemple, tout deux sont de grands guerriers et tout deux sont capables d'une furie meurtrière, ou « spasme de furie ». Slaine, Mac Roth de son nom, est le héros, il appartient à la plus haute caste de guerriers de sa tribu, il possède une hache fétiche (mord-cervelle) qu’il utilise tout au long de ses aventures. À 16 ans, il entre dans la cabane où est retenue captive la promise du roi (Niamh) et lui fait l’amour. Apprenant cela, le roi en prend ombrage et condamne Sláine à l’exil. Niamh considère alors que Sláine l’a abandonnée et lui en veut terriblement. De leur amour est né un fils, Kai. Au cours de cet exil il parcourt L’Europe de l’ouest et découvre les dangers qui menacent les tribus encore libres. Son exil est ponctué de moult péripéties : il tue à tour de bras, la Déesse l’envoie en l’an 1014 aider les Irlandais à vaincre les Vikings à la Bataille de Clontarf, il délivre une jeune fille nommée Medb qui allait être sacrifiée à Crom Cruach, il rencontre un nain du nom d'Ukko qui deviendra son faire valoir dans toutes ses aventures, il dérobe à un seigneur drune le chaudron d’abondance qui nourrit quiconque s’en approche. Après six ans d’exil, il retourne dans sa tribu où il devient roi, en grande partie grâce au fait qu’il ramène le chaudron d’abondance.
- La Déesse : Dana, ou Danu, la déesse mère, la déesse Terre, la déesse de la guerre, elle se décline en trois avatars : la vieille sorcière, la femme mûre et la jeune fille en fleur. Elle est l’incarnation de la féminité et de la fertilité, mais aussi de la nature destructrice. Elle a le pouvoir de faire rentrer les guerriers dans une fureur telle que leurs corps se déforment et deviennent grotesques mais très meurtriers. Slaine a le pouvoir d’en appeler à la Déesse pour rentrer dans un « spasme de furie », mais elle ne l'écoute pas toujours. Elle est la clef de voûte de la Cosmogonie du monde de Sláine.
- Le Dieu cornu : Cernunnos, le seigneur des bêtes, est l’incarnation de la virilité. Est appelé à régner celui qui possède ses caractéristiques : c’est un homme, un vrai, il est fort et en bonne santé, il est raisonnable mais sait être meurtrier quand il le faut. Le dieu cornu porte des bois de cerfs et il est l’amant de la Déesse, car il faut plaire à la Déesse pour pouvoir régner sur elle, vu qu’elle est la Terre. L’homme devenu le dieu cornu s’oppose aux héros du Soleil qui eux sont violents et bornés, qui règnent aussi mais déplaisent à la Déesse. D’ailleurs, on retrouve dans beaucoup de cultures la croyance que lorsqu'un roi est mauvais, les récoltes sont mauvaises et la population est malheureuse.
- Cathbad : il est le Druide dans la tribu de Sláine. Il intronise et conseille les rois, c'est aussi lui qui met rituellement à mort les rois à la fin de leur sept ans de règne.
- Les seigneurs drunes et leur chef : ce sont eux les méchants, leur chef est Slough Feg, le seigneur étrange. Slough Feg fut le dernier dieu cornu en date, mais au lieu de se suicider au bout de sept ans et de laisser la place aux jeunes, il préféra rester, et depuis maintenant 20 000 ans il se décompose et agit contre la Déesse. Lui et ses seigneurs sont maintenant les anti-Cernunnos, ils vénèrent la mort, la destruction et la putréfaction. Ils règnent sur la majeure partie de L’Europe de l’ouest, et veulent conquérir les quatre tribus libres du nord, dont celle de Slaine, en Eriu (l’Irlande).
- Fomors (dits aussi Fomoriens ou Fomoires) : ce sont aussi des méchants, c’est le peuple des démons des mers, ils rançonnent la tribu de Sláine, ils sont laids et difformes, ils vivent au nord d’Eriu, en Lochlan, ils ont le sang froid, symbole de frigidité, en opposition au Celtes qui ont eux le sang chaud.
- Les dieux obscurs : encore d’autres méchants, ils vivent dans le monde de Cythraul, et se nourrissent de la souffrance des humains.
- Crom Cruach : le ver du temps, allié des dieux obscurs, dans les combats et les sacrifices mauvais (car même les « gentils » font des sacrifices, comme celui de leur roi au bout de sept ans, ou celui du dernier arrivé sur le champ de bataille). Il absorbe les âmes des défunts et les emmène à Cythraul.
- Les Vikings : ils sont semblables aux Celtes mais leurs Dieux sont différents, ils vivent plus aux nord et sont ennemis.
Les lieux - Tir na nOg : littéralement « la terre des jeunes », c’est le monde dans lequel vit Sláine, c’est l’Europe de l’ouest avant la fonte des glaces de la dernière glaciation, l’Irlande et la Grande-Bretagne étaient donc rattachées au continent par de la Toundra. Ce monde s’appelle terre des jeunes car on n’y vit pas vieux. En effet, on y attrape bien souvent un coup d’épée avant une ride. Dans la Mythologie celtique, c'est l’un des noms du « Sidh ».
- Les El mondes : c’est juste l’Au-delà, on y trouve Cythraul, la Déesse, les limbes par lesquelles transitent les morts. On peut y accéder en entrant dans le chaudron d’abondance.
AlbumsTomes 1 à 4- Tome 1 : Le Dieu cornu (1989)
- Tome 2 : Les Armes sacrées (1990)
- Tome 3 : Le Roi des Celtes (1990)
- Tome 4 : La Déesse blanche (1990)
Sláine est devenu le roi de sa tribu, mais les seigneurs drunes et les Fomors veulent envahir ses terres et celles des trois autres tribus encore libres, c'est pourquoi il décide de réunir les quatre trésors de ces tribus: le chaudron d’abondance qui nourrit quiconque s'en approche (qu'il possède déjà), l’épée lunaire qui traverse tous les métaux, la lance de Lug assoiffée de sang, et la pierre du destin qui crie quand le véritable dieu cornu se tient sur son sommmet. Une fois réunis ces trésors sont censés symboliser l'union des quatre tribus sous un même chef, le haut roi ou Ard ri, avec la bénédiction de la Déesse. Ce chef devient alors le Dieu cornu. Sláine espère que les tribus ainsi réunies sous ce chef vaincront les envahisseurs, il espère aussi être ce chef. Il a encore un autre but en faisant cela : rétablir l’âge d’or qui existait il y a 200 000 ans jusqu’à ce que Slough Feg devienne le dieu cornu et corrompe les valeurs de ce dieu. Cet âge d'or était celui de la Déesse, le monde était régi par le dieu cornu et les sorcières adoratrices de la Déesse et chacun vivait bien. Mais seulement, les tribus libres voient d’un mauvais oeil le dieu cornu car il est vénéré par leurs ennemis, elles le voient comme un démon (c’est ce que je disais en parlant d’interprétations chrétiennes moyenâgeuses, car Cernunos fut considéré comme un diable par l’église), alors qu’il est bénéfique et que les drunes ont perverti son image. Dans ces quatre tomes, Freud est partout, je n'en dis pas trop à ce sujet pour ne pas gâcher la découverte aux futurs lecteurs, mais par exemple l’épée lunaire : sa forme rappelle excessivement celle d’un phallus, exposant ainsi les armes comme un palliatif à la virilité. Ces quatre tomes servent de référence pour la plupart des lecteurs de Sláine. Tomes 5 et 6 - Tome 5 : Tueur de démon (1994)
- Tome 6 : La Reine des sorcières (1995)
- Dessins : Glenn Fabry (tome 5), Dermot Power (tomes 5 et 6)
Sláine est envoyé dans l'île de Bretagne du premier siècle après J.C par la Déesse, pour aider la reine Boudicca à vaincre l’envahisseur romain, secondé par le démon Elfric. Ces deux albums ne sont pas à la hauteur de leurs prédécesseurs, Sláine y est l’anti-thèse de ce qu’il était avant. Il massacre aveuglément et sans limite, il est violent et borné, il devient même un religieux fanatique, chose impensable dans les précédents épisodes, même s'il agit en permanence pour la Déesse. En dehors de lui, c’est la même chose : alors que dans les albums précédents, les âmes des morts se réincarnaient en n’importe qui (sauf si elles se faisaient aspirer par Crom Cruach), ici elles se réincarnent sous une forme vile si elles ont été mauvaises et sous une bonne forme si elles ont été bonnes. Même les dessins sont d’une facture moindre, en fait le dessinateur change régulièrement mais on s’y retrouve, ce n’est pas trop un problème. Ces deux albums sont surtout intéressants pour faire la comparaison avec les quatre précédents. Tomes 7 et 8 - Tome 7 : Le Nom de l’épée(1996)
- Tome 8 : Le Seigneur du chaos (1997)
- Dessins : Greg Staples (tome 7), Clint Langley (tome 8)
Sláine est envoyé dans l’Angleterre d’après le règne de Guillaume Le Conquérant par la Déesse, pour aider les derniers païens d’Angleterre à se défendre contre des seigneurs et des ecclésiastes vouant secrètement un culte à un dieu obscur et ayant juré de faire souffrir atrocement tout le peuple de l’Angleterre, païens et chrétiens compris. Ces albums sont d’un niveau très correct même si on ne retrouve plus d'analyse freudienne, ce sont simplement de bons albums d’Heroic fantasy. Tomes 9 et 10 - Tome 9 : Le Trésor des Anglais partie 1 (1997)
- Tome 10 : Le Trésor des Anglais partie 2 (1998)
Sláine est envoyé par la Déesse dans l'île de Bretagne au moment des invasions saxonnes. Il doit rassembler avant les Saxons les trésors de la Bretagne afin de redonner vie au Roi Arthur (qui repose à Avallon), pour que ce roi une fois revenu puisse rétablir la paix dans le royaume de Bretagne, et non pas pour chasser l’envahisseur, ça change. Les dieux de Cythraul cherchent quant à eux à empêcher le retour d’Arthur. Cette saga fait intervenir dfférents éléments du cycle arthurien, notamment les plus connus: Merlin l'enchanteur et la Fée Morgane. L’ambiance de ces tomes est assez différentes des précédents, elle fait très médiéval-fantastique, un peu comme le « Seigneur des anneaux » mais en plus violent et en plus baroque. Freud revient aussi, par exemple ici, Arthur est traumatisé car il est né du viol de sa mère par son père, il est affaibli et entravé à cause de sa femme qui est frigide, etc. Tome 11 - Tome 11 : Le Roi de coeur (1998)
Sláine est envoyé par la Déesse en Écosse au treizième siècle pour aider William Wallace à repousser les Anglais. Comme dans tous les précédents tomes, excepté les quatre premiers, les dieux obscurs ont quelque chose à voir dedans. The Books of Invasions - The Books of Invasions
- Dessins : Clint Langley
D’autres albums sont sortis plus récemment, mais ils sortent un peu de la trame de ceux exposés ci-dessus. Ils ne sont publiés qu’en anglais par Rebellion, à partir d’histoires parues dans 2000 AD, tout comme les albums précédents. L’histoire se déroule dans l’antique Irlande d’où est issu Sláine, pas longtemps après la fin du tome 4, Sláine est revenu à cette époque après ses pérégrinations temporelles, par la volonté de la Déesse sûrement. Là les Fomors ont asservis les Atlantes et avec leur aide, ils tentent de conquérir l’Irlande. Ils ont aussi tué Niam. Sláine doit donc venger Niam et vaincre les Fomors. Il semblerait que des Egyptiens jouent un rôle dans cette saga, en la personne de leur reine Scota et de sa suite. La reine Scota est effectivement une reine égyptienne de la mythologie irlandaise, cependant, ce sont sûrement les moines copistes qui ont du faire du personnage original une égyptienne, cela s’est beaucoup fait en Irlande par les moines de transposer des héros et des faits de la mythologie dans des contextes plus exotiques. Dans cette saga, le dessinateur mêle dessins, photos et images de synthèse, Sláine y est à proprement parler méconnaissable. TraductionLa version originale de Sláine est en anglais. Que ce soit en bande dessinée ou au cinéma, la traduction pose parfois problème. En voici quelques exemples : - Le troisième tome, ', a été traduit en français par Le Roi des Celtes. Le titre anglais renvoie au concept répandu de Roi des rois, que l'on retrouve notamment chez les Hébreux, les Perses, les Indiens, etc. Le roi des rois se distingue des autres du fait qu'il est plus puissant, qu'il a un territoire plus vaste et qu'il est sûr d'être légitime. Or Le Roi des Celtes ne renvoie à rien, d'autant que dans l'album Sláine n'est pas le roi des Celtes, mais de quatre tribus celtes.
- L'avant-dernière saga se nomme Le Trésor des Anglais, ce qui est une très grave erreur de traduction ; le titre original étant Treasures of Britain, il aurait donc fallu traduire Le Trésor des Bretons ou des Britons. Les Anglais étaient en l'occurrence les envahisseurs. Historiquement vers le VIe siècle, les tribus germaniques saxonnes, angles et Jutes ont envahi l'île de Bretagne, et c'est sur ce fait que s'est construite la légende du Roi Arthur.
- La hache fétiche de Sláine le suit dans toutes ses aventures. Il dit quand il l'utilise : « kiss my axe », ce qui signifie « embrasse ma hache », jeu de mot avec « kiss my ass » (« embrasse mon cul »). Traduit en français par « suce ma hache », cela fait disparaître le jeu de mot, mais qui renforce l'aspect phallique des armes.
Éditeurs - Zenda : tomes 1 à 4 (première édition des tomes 1 à 4)
- Glénat (collection « Zenda ») : tomes 1 à 7 (première édition des tomes 5 à 7)
- Soleil : tomes 8 à 11 (première édition des tomes 8 à 11)
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