La
Table de Peutinger, (
Tabula Peutingeriana ou
Peutingeriana Tabula Itineraria), appelée aussi
Carte des étapes de Castorius, est une copie du
XIIIe siècle d'une ancienne carte romaine où figurent les routes et les villes principales de l'
Empire romain.
Historique
Elle fut découverte en
1494 dans une bibliothèque de
Worms par
Conrad Celtes. Elle porte le nom de l'
humaniste et amateur d'antiquité
Konrad Peutinger (
1465-
1547), qui la reçut en héritage de son ami Conrad Celtes en
1508. Bien qu'il fût dans les intentions de Peutinger de publier la carte, il mourut avant de mener à bien cette tâche.
Description
Une longue bande de parchemin
La Table est composée de 11 parchemins assemblés pour former une bande de 6,82 m sur 0,34 m. Elle montre 200 000 km de routes, mais aussi l'emplacement de villes, mers, fleuves, forêts, chaînes de montagnes. La Table montre la totalité de l'
Empire romain, le
Proche-Orient et l'
Inde, indiquant le
Gange et
Sri Lanka (
Insula Trapobane), et même la Chine est mentionnée.
La première feuille représente l'est des îles Britanniques, la Hollande, la Belgique, une partie de la France et l'ouest du Maroc. L'absence de la péninsule ibérique laisse supposer qu'une douzième feuille, aujourd'hui manquante, présentait l'Espagne et le Portugal, ainsi que la partie occidentale des îles Britanniques. Le fac-similé ci-dessous présente une tentative de restitution de cette page manquante (partie blanche, à gauche).
Table de Peutinger, fac-similé de Conradi Millieri, 1887 (à dérouler)
Symboles
Quelque 555 villes et 3500 autres particularités géographiques sont indiquées, comme les
phares et les sanctuaires importants, souvent illustrées d'une imagette.
Les villes sont représentées par deux maisons, les cités importantes - comme Rome, Constantinople, Antioche - sont signalées par un médaillon orné.
La représentation d'un réseau
Le format ne permet pas une représentation réaliste des paysages, ni des distances, mais ce n'était pas dans les intentions du concepteur. La carte doit plutôt être vue comme une représentation symbolique, à l'image des plans de métros comme celui de Londres, permettant de se rendre facilement d'un point à un autre, de connaître les distances des étapes, sans offrir une représentation fidèle de la réalité. De fait, elle est considérée comme la première représentation cartographique d'un
Réseau.
Réalisme des itinéraires
Les parcours sont assez réalistes. Chaque station porte la longueur de l'étape, tandis que des vignettes signalent les villes principales, les villes thermales, etc. Nombre de ces « stations » ne correspondent pas à des villes, mais à des carrefours. Inévitablement, la Table comporte des erreurs de copistes. Certains noms de villes ou des distances d'étapes comportent des coquilles :
Grenoble est nommée Culabone alors que le nom classique antique de cette ville est Cularone (Cularo) ; certains V deviennent II, ou inversement. Afin de faciliter l'utilisation de la Table, il est conseillé d'avoir en regard un exemplaire d'une « carte de redressement », où les stations et itinéraires de la Table sont reportés sur une carte géographique moderne. Pour la Gaule : «
Carte de redressement de la Gaule pour l'intelligence de la Table de Peutinger », par exemple.
Bases cartographiques
Elle est probablement basée sur la carte du monde préparée par Marcus Vipsanius Agrippa (né en
64 av. J.-C., mort en
12 av. J.-C.), un ami personnel de l'empereur
Auguste. Après sa mort, la carte a été gravée dans le marbre et placée sur le
Porticus Vipsaniæ, non loin de l'autel de la Paix, le long de la
Via Flaminia. Toutefois, c'est une version actualisée au
IVe siècle qui paraît présentée.
Datation de la copie de Peutinger
Le manuscrit est généralement daté du
XIIIe siècle : il serait l'oeuvre d'un moine copiste anonyme de
Colmar, qui aurait reproduit vers
1265 un document plus ancien.
L'original pourrait être postérieur à 328, car il montre la ville de Constantinople, qui fut fondée cette année-là, alors que d'autres éléments (par exemple dans la Pars IV – Levant de la Ligurie) sont peut-être antérieurs à -109, année de construction de la , qui n'est pas indiquée sur la Table. Aucune route n'est indiquée non plus entre Pise et Luni, alors que figurent bien les Fossae Papirianae, marais situés près de l’actuelle Versilia, indiquées comme Fossis Papirianis ().
Il est possible que la Table, originellement, ait été composée en bloc à une certaine date, et ensuite plus jamais mise à jour. Par exemple nous pouvons observer l'emplacement de la ville de Pompéi, qui n'a pas été reconstruite après sa destruction par l’éruption du Vésuve, en 79. Et d'autre part, certaines villes de Germanie inférieure sont indiquées alors qu'elles ont été détruites et abandonnées depuis le Ve siècle.
Avertissement:Les différentes copies qui ont été faites de la table de Peutinger originale sont dénuées de détails que les cartographes ont négligés pensant qu'il s'agissait d'auréoles d'humidité et par méconnaissance géographique locale. Il est donc utile de se rapprocher toujours de la version originale:
Éditions de la Table
L'original est actuellement conservé à la Hofbibliothek de
Vienne, (
Autriche).
Après une première édition partielle, en 1591, sous le nom de Fragmenta tabulæ antiquæ, par la maison d'édition de Johannes Moretus (Jean Moret), la Table est finalement imprimée en décembre 1598, toujours à Anvers, par Moretus en 250 exemplaires.
Un fac-similé de la Table est visible sur le site Bibliotheca Augustana.
Il existe également une copie, en noir-et-blanc, de la Table dans les archives de la cartothèque de l'IGN, à Saint-Mandé (Val-de-Marne). C'est un fac-similé de la « copie von Scheyb » datant de 1753. La Bibliothèque nationale de France possède également des exemplaires d'éditions plus anciennes : la Table dite d'Anvers (1598) et celle d'Amsterdam (1619).
Références
..
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- en français
- Table de Peutinger : Tabula imperii romanii, Lutetia, Atuatuca, Ulpia, Noviomagus, sur la base de la carte internationale du monde. ouvrage collectif, Picard, Paris, 1975, 202 p., ASIN:B0000DWIO8
- Gabriel Thiollier-Alexandrowicz, Itinéraires romains en France, d'après la Table de Peutinger et l'Itinéraire d'Antonin, Guide Monde et musées, éd. Faton, 2000, 431 p. (ISBN 2878440366)
- Francis de Coninck, Hannibal à travers les Alpes, une énigme de 2000 ans ; augmenté des routes romaines prétoriennes à travers les Alpes selon la table de Peutinger, Les Grands itinéraires de l'histoire, Edp Sciences, 1992, 128 p. (ISBN 2908233150)
- en allemand
- Tabula Peutingeriana. Codex Vindobonensis 324, Österreichische Nationalbibliothek, Wien. Kommentiert von E. Weber. Akademische Druck- u. Verlagsanstalt Dr. Paul Struzl, Graz 2004, (ISBN 3-201-01793-0) (Faksimile)
- Konrad Miller: Iteneraria Romana. Römische Reisewege an der Hand der Tabula Peutingeriana. Strecker & Schröder, Stuttgart 1916 (Nachdruck: Husslein, Bregenz 1988)
- Hans Georg Wehrens: Warum Freiburg auf der „Tabula Peutingeriana“ nicht vorkommt. In: Freiburg im Breisgau 1504–1803, Holzschnitte und Kupferstiche. Verlag Herder, Freiburg 2004, S. 131 ff, (ISBN 3-451-20633-1).
- Johannes Freutsmiedl, Römische Straßen der Tabula Peutingeriana in Noricum und Raetien. Verlag Dr. Faustus, Büchenbach 2005, (ISBN 3-933474-36-1).
- Hans Bauer: Die römischen Fernstraßen zwischen Iller und Salzach nach dem Itinerarium Antonini und der Tabula Peutingeriana. Neue Forschungsergebnisse zu den Routenführungen. Herbert Utz Verlag, München 2007, (ISBN 978-3-8316-0740-2).
- Tabula Peutingeriana, Scheyb, F. C. de C. Peutingeriana tabula itineraria quae in augusta bibliotheca Vindobonensi nuc servantur adcurate exscripta. Numini maiestatique Mariae Theresiae....dicata a F. C. de Scheyb Trattner,Wien, 1753.
Liens externes