Tenochtitlan est le nom de l'ancienne capitale de l'
empire aztèque mais la toponymie plus juste serait
Mexico-Tenochtitlan (Meshico-Tenochtitlán en nahua). Elle fut bâtie sur une île, située sur le
Lac Texcoco. En
1521, les
conquistadors espagnols sous les ordres de
Hernán Cortés détruisirent une grande partie de la ville puis y fondèrent la ville de
Mexico qui devint la capitale de la vice-royauté de
Nouvelle-Espagne. Une grande partie du lac Texcoco a été asséché par la suite.
Étymologie de Mexico Tenochtitlan
Il existe traditionnellement deux étymologies du mot «Tenochtitlan» :
- Plusieurs chroniqueurs nous parlent d'un certain Tenoch, qui aurait été le premier souverain de Tenochtitlan lors de sa fondation en 1325, une date d'ailleurs tout aussi problématique (voir ci-dessous). Il est représenté sur la première page du Codex Mendoza. Tenochtitlan serait donc la «ville de Tenoch». Cette étymologie est d'autant plus suspecte qu'il n'existe pas d'autre cas de fondateur éponyme dans le Mexique préhispanique.
- D'autres sources font dériver le mot de «tetl» (la pierre) + «nochtli» (le cactus appelé nopal) + «-tlan» (l'endroit), c'est-à-dire «l'endroit du nopal qui se trouve sur la pierre». Cette étymologie semble a priori correspondre à la légende des origines de la ville (voir ci-dessous). Le mésoaméricaniste français Christian Duverger fait remarquer que «nochtli» ne désigne pas le cactus mais son fruit rouge. Or, chez les Aztèques, ce fruit symbolise le coeur de la victime du sacrifice humain. Sur un monument préhispanique, l'aigle perché sur le cactus, qui représente le dieu Huitzilopochtli, tient le fruit dans ses serres. Cette image résume la vocation de Tenochtitlan à être l'endroit où l'univers est perpétuellement régénéré par les sacrifices humains. Elle est complètement occultée par les représentations d'époque coloniale, où l'aigle tient un serpent, dont on s'explique mal la présence.
De même, il y a plusieurs interprétations possibles pour le nom de Mexico: un des sens les plus acceptés est celui de "au centre de la lune", d'après le
Nahuatl « co » signifiant au milieu et « mexi » viendrait de meztli qui veut dire lune. Par ailleurs il est certain qu'il indique une origine indigène à ce lieu, c'est-à-dire qu'il existait déjà à la venue des
Mexicas.
Origines
Avant l'arrivée des aztèques de nombreuses tribus
Chichimèques, qui avaient migré des steppes désertiques du nord, s'établirent dans la région. Selon les légendes aztèques, les Aztèques, qui étaient les derniers arrivés dans la vallée de Mexico, furent chassés par le souverain de la ville de Culhuacan, dont ils avaient sacrifié la fille et s'enfoncèrent dans les marécages du lac de Texcoco. Les prêtres de Huitzilopochtli auraient appris par une vision que l'endroit idéal pour construire une nouvelle ville serait là où ils apercevraient un
aigle perché sur un
cactus nopal. L'aigle serait apparu sur une île où les conditions de vie étaient très difficiles. Les historiens pensent que les Aztèques s'installèrent dans ce lieu peu propice parce que tous les autres endroits étaient occupés par des tribus plus puissantes. Mais, la situation ne les découragea pas. Ils pratiquèrent la culture sur
Chinampa. Il s'agit de radeaux, couverts de
limon, qu'ils posèrent sur le lac Texcoco. Cela leur permit d'accroître les surfaces de culture du
Maïs. Des historiens tentèrent de retrouver la date de fondation de la ville en se basant sur les légendes locales et le calendrier aztèque. On estime généralement que la ville fut fondée au XIV
e siècle.
1325 est la date la plus fréquemment avancée.
Description et organisation de la ville
Tenochtitlan comptait environ 250000 habitants lorsque les espagnols débarquèrent. Bernardino de Sahagún rapporte que la ville comptait en plus des habitants : des mendiants, des voleurs et des prostituées. La nuit, on trouvait dans les ruelles des prostituées, les dents peintes, avec des tenues voyantes qui mâchaient bruyamment le
tzicli (ancêtre du chewing-gum) pour attirer les clients. Tenochtitlan comptait aussi un autre type de femmes : les
ahuianis, femmes chargées d'avoir des relations sexuelles avec les guerriers.
La ville était divisée en 4 quartiers (campan): Cuepopan, Atzacualco, Teopan et Moyotlan, le Templo Mayor étant au centre. Chacun de ces quartiers était divisée en 20 districts (calpullis), chaque district étant traversé par des rues (tlaxilcalli). Quatre grandes chaussées traversaient la ville. Celle de l'ouest menait à Tacuba, celle du nord à Tepeyac, celle du sud à Itzapalapa, celle de l'est menait au lac Texcoco. Bernal Díaz del Castillo rapporte que 10 chevaux pouvaient y passer de front. Juste au nord de Tenochtitlan se trouvait la ville de Tlatelolco, qui fut longtemps sa rivale.
Chaque calpulli possédait son marché (tianquiztli), mais il y avait un grand marché concernant toute la ville à Tlatelolco. Cortés estima ce marché comme 2 fois plus grand que la ville de Séville avec plus de 60 000 commerçants. Bernardino de Sahagún donna lui des chiffres plus raisonnables avec 20 000 commerçants les jours habituels et jusqu'à 40 000 les jours de fête.
Des marchés spécialisés dans certains types de produits se tenaient dans les petites villes autour de Tenochtitlan. À Chollolan, les bijoux et les pierres précieuses ; à Texcoco, les vêtements ; à Acuma le marché aux chiens (offerts en sacrifice ou utilisés comme animaux de compagnie).
Au centre de la ville, se tenaient les bâtiments publics, les temples et les écoles. À l'intérieur d'une zone délimitée par un mur de 300 mètres de côté appelé «Coatepantli» («mur des serpents») se trouvait le centre religieux. Il comportait environ 45 bâtiments publics. Parmi ces bâtiments se trouvaient le Templo Mayor, consacré à Tlaloc et Huitzilopochtli, le temple de Quetzalcoatl, le terrain du jeu de balle, le temple du soleil, les plateformes utilisées pour les sacrifices ...
La ville avait une grande symétrie. toutes les constructions devaient être approuvés par le calmimilocatl, un fonctionnaire chargé de l'"urbanisme" de la ville.
La ville possédait aussi des latrines publiques. Les excréments étaient recueillis pour être utilisés comme engrais. Environ 1000 personnes travaillaient de plus au nettoyage de la ville.
Bibliographie
- Christian Duverger, L'origine des Aztèques, Seuil, Points histoire, Paris, 2003
- Richard F.Townsend, The Aztecs, Thames & Hudson, Londres, 1993
- Dominique Gresle-Pouligny, Un plan pour Mexico Tenochtitlan : les représentations de la cité et l'imaginaire européen XVIe-XVIIIe siècles, L'Harmattan, 2000 (préface de Jean-Pierre Berthe).
Liens externes