Le Théétète est un dialogue de Platon qui doit son nom à un Mathématicien contemporain de l'auteur, Théétète d'Athènes.
Cette oeuvre met en scène également le maître de Théétète : Théodore de Cyrène. Dans ce dialogue, Socrate discute avec Théétète sur le problème de la connaissance.
Généralités sur l'oeuvre
Le dialogue est en fait rapporté par Euclide à Terpsion (Euclide a mis le dialogue par écrit). Il met en scène Socrate et Théodore. Théodore fait mention d'un jeune homme, Théétète, qu'il admire pour son intelligence, sa capacité à apprendre, son courage... Le voyant passer, il l'appelle et l'invite à se joindre à la discussion.
L'entretien qui s'ensuivra portera sur la nature de la science. Théétète est disciple de Protagoras, pour lui donc, la science c'est la sensation. Pas pour Socrate, qui lui oppose plusieurs arguments : Pourquoi payer Protagoras pour qu'il vous apprenne que ce que vous sentez est la vérité ? Les rêves sont ressentis, sont-ils vrais pour autant ? Si ce que l'on pense est la vérité, ceux qui pensent que Protagoras a tort ont raison ?
Théétète finit par reconnaitre que c'est l'âme qui connait, et que les sensations n'ont qu'une valeur d'opinion, pas de vérité.
La science, alors, est-elle l'opinion ? Non, car il peut y avoir des opinions fausses.
La science serait-elle alors l'opinion accompagnée d'une définition ? Cela dépend de ce qu'on appelle « définition » : 1. Le fait de formuler sa pensée : non, c'est comme l'opinion. 2. Le fait de connaitre le chemin qui conduit, élément par élément, jusqu'au tout : insuffisant, car « Théétète » et « Théodore » commencent de façon pareille, et le fait de savoir dire « T », « h », « é » ne montre pas que l'on sait épeler Théétète en entier. 3. Enfin, mentionner ce qui rend l'objet différent des autres objets : incomplet, car qu'est-ce qui, au fond, rend Théétète et Théodore différents ?
Un dialogue inutile ?
Le Théétète est censé résoudre une question : qu'est-ce que la science ? Or, à la fin du dialogue, on sait ce que la science n'est pas (la sensation ou l'opinion), mais on ne sait pas ce qu'elle est. Un dialogue qui finit en aporie? Non, car il faut le voir dans le cadre de la dialectique platonicienne : Socrate sait ce qu'est la science, mais le but n'est pas de l'apprendre à Théétète. Le but est juste de faire progresser Théétète, en lui expliquant que ce qu'il coyait savoir était en réalité faux. Ainsi, le jeune homme ne dira plus que la science est la sensation. L'ouvrage doit alors être considéré comme une leçon de maïeutique (définie en 157c.): ne pas faire accéder l'interlocuteur à la sagesse en l'espace d'un dialogue, mais le rapprocher de la vérité en le rendant conscient de ses erreurs.
La trace d'un combat contre les sophistes
Dans toute l'oeuvre, on retrouve plusieurs attaques contre les sophistes. En particulier, de 172c. à 177c., Socrate compare le sage et le rhéteur : le premier sera ridicule dans un tribunal, il ne saura même pas s'y rendre. En revanche, le second y brillera. Mais si le sage ne sait rien des réalités terrestres, c'est qu'il a passé son temps à méditer. À la toute fin du dialogue, Socrate s'éloigne en disant qu'il doit se rendre là ou se règlent les plaintes juridiques pour « affronter l'accusation de Mélétos » (210d.).
Formalisation de la thèse selon Edmund L. Gettier
Edmund L. Gettier a proposé la formalisation suivante de la thèse de Socrate :
- Socrate sait que P, si et seulement si :
- 1. P est vrai ;
- 2. Socrate croit que P, et
- 3. Socrate est justifié de croire que P.
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