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Pink Floyd : The Wall est un film musical réalisé en 1982 par Alan Parker, basé sur le double album conceptuel du groupe anglais Pink Floyd.
Élaboré comme une gigantesque fresque, les séquences filmées alternent avec des séquences animées sur un rythme rapide faisant paraître le film comme un clip musical de longue durée.
Synopsis
Sentant sa personnalité défaillir, Pink, une star du rock, se fabrique un mur protecteur derrière lequel il croit d'abord trouver refuge. Mais ce mur finit par l'étouffer et le pousse, seul et malheureux, jusqu'aux portes de la folie. Il passe alors en revue les éléments importants de sa vie ; la mort de son père à la guerre, sa mère trop protectrice, les brimades de professeurs, puis l'échec de son mariage et la plongée dans la
Drogue, autant de briques dans le mur (
Another Brick in the Wall), ou d'éléments qui en ont comblé les interstices (
Empty Spaces). Cet examen de conscience le mène jusqu'à son auto-procès (
The Trial).
Commentaire et citations
The Wall n'est pas un film classique dans sa réalisation. Le montage n'est pas linéaire mais suit le trajet mental de Pink. Les scènes du passé de Pink, tournées avec des acteurs, alternent avec de magnifiques dessins animés réalisés par
Gerald Scarfe. Le film oscille ainsi entre les souvenirs d'enfance idéalisés malgré l'absence du père, le sentiment de la profonde médiocrité du monde des adultes, et la fuite en avant dans le rock, le sexe, la violence et la drogue. Trois étapes d'une vie qui s'emballe et finit par coincer Pink derrière un
mur, habile métaphore des troubles mentaux du héros dont il ne parvient pas à sortir seul.
Par sa qualité visuelle et musicale, Pink Floyd The Wall laisse une émotion puissante à ceux qui en ont décodé les clefs. Certains voient dans cette oeuvre un hommage de Roger Waters à Syd Barrett, ancien membre du groupe, même si cette hypothèse est peu probable. Le film paraît en effet plus être parti des problèmes relationnels de Roger Waters avec le public, et être devenu très autobiographique.
Quelques citations allant dans ce sens :
« Peut-être que l'entraînement à voir les choses d'un point de vue architectural m'a aidé à visualiser mes sentiments d'aliénation par rapport au public rock. Ceci fut le point de départ pour The Wall. Le fait qu'il incarna par la suite un récit auto-biographique était d'un certain point de vue secondaire par rapport au gros de la chose qui fut un constat, très théâtral, disant : « Tout ça n'est pas merdique ? Je suis là sur scène pendant que vous êtes tous là en bas et c'est pas horrible ? Qu'est-ce qu'on est en train de foutre la ? » » - Roger Waters, Wikipédia English, juin 1987.
« Je n'adhère pas totalement au concept de The Wall. Selon moi c'est un véritable catalogue de plaintes et je ne veux faire des reproches a propos de ma vie qu'à moi-même... Il y a des choses super sur cet album. C'est je pense ce qu'il y a de génial avec la musique : vous pouvez avoir des paroles sombres et négatives sur une instrumentale valorisante. Cela se juxtapose et vous donne un bon sentiment final de la chose. Je pense que le film est devenu trop noir et négatif. Comme j'ai dit, je ne me retrouve pas vraiment dans tout ce que Roger dit dedans. Je pense que certaines parties sont très bonnes et d'autres beaucoup trop négatives pour moi. » - David Gilmour, Radio Américaine, mai 1992.
« Et mon point de vue sur The Wall en particulier est plus nuancé aujourd'hui qu'à l'époque. Je le vois aujourd'hui comme une liste de gens que Roger blame pour ses propres ratés dans sa vie, une liste de « vous m'avez baisé comme-ci, vous m'avez baisé comme ça. » » - David Gilmour, Guitar World, février 1993.
Le symbole attribué à la folie politique de Pink, les deux marteaux croisés, sont exploités de façon étrangement ressemblante à 1984 (Nineteen Eighty-Four, George Orwell). En effet, lorsque les spectateurs du show acclament Pink et montrent leur ralliement, ils croisent les bras devant eux, retournés, les poings fermés, ce qui fait bien sur beaucoup penser au même geste de ralliement à Big Brother dans l'oeuvre d'Orwell (que l'on voit également dans l'adaptation datant de 1984 lors de la longue scène d'introduction). Ce clin d'oeil n'est pas anodin, 1984, tout comme ce film, a pour thème central la Schizophrénie.
« Pink Floyd The Wall » et la schizophrénie
Le film est une peinture méticuleuse de la
Schizophrénie et s'attache à montrer comment Pink y tombe peu à peu. Chaque brique du mur peut ainsi être vue comme un élément refoulé, contribuant à l'enfermer sur lui-même, dans l'utopie qu'il se crée. L'élément dominant est évidemment une mère surprotectrice, comme cela est explicitement montré dans
« The Trial » où ses bras se transforment en un mur enfermant Pink, ou encore dans
« Mother ». La réification de l'esprit, principale caractéristique de la psychose schizophrénique, y est par moment symbolisée par une sorte de masque uniforme recouvrant les faces des personnages, comme dans « Another Brick in the Wall (part. 2) » sur les élèves ou encore dans
« Run Like Hell » sur le public. On peut donc y voir deux critiques, celle de l'école, machine à fabriquer des schizophrènes (les élèves d'ailleurs, passent tous sur un tapis roulant industriel). L'autre critique, classique, porte sur le rapport entre le public, l'artiste et son oeuvre. La tentation schizophrène du public y est dépeinte par une parallèle très forte avec le mouvement
Skinhead.
La force de ce film tient au fait que la schizophrénie y est vue par le malade, en focalisation interne. L'effroi naît de cette entrée dans le monde que se crée Pink et dans lequel il s'enferme.
Fiche technique
Distribution
- Bob Geldof : Pink
- Christine Hargreaves : la mère de Pink
- James Laurenson : le père de Pink
- Eleanor David : le femme de Pink
- Kevin McKeon : Pink enfant
- Bob Hoskins : impresario
- David Bingham : Pink petit
- Jenny Wright : groupie américaine
- Alex McAvoy : professeur
- Ellis Dale : médecin anglais
- James Hazeldine : amant
- Marjorie Mason : la femme du professeur
- Robert Bridges : médecin américain
- Michael Ensign : gérant de l'hôtel
Références et notes