Ne doit pas être confondu avec .
Tombouctou (Timbuktu ou Tin-Buktu en Tamasheq) est une ville située sur le fleuve Niger au Mali. Elle est surnommée la ville aux 333 saints et la perle du désert.
Tombouctou est aussi le nom d'une des sept régions qui composent le Mali et le gouverneur de cette région siège dans la ville du même nom.
Étymologie
Le nom Tombouctou viendrait du
tamasheq, langue des
Touareg qui auraient fondé la ville au
XIIe siècle, de
Tin (ou
Tim), qui signifie « endroit » ou « lieu », et de
Boutcou, nom donné à la femme présente à l'arrivée des Touareg, gardienne d'un puits, et qui désignerait une personne originaire d’
Essouk – ce qui donne « le lieu de Bouctou ». À cette étymologie proposée par Abderrahamne es-Saâdi au
XVIIe siècle dans son
Tarikh es-Sudan (
Histoire du Soudan), l’explorateur allemand
Heinrich Barth au
XIXe siècle, lui, donne une origine
songhaï du mot Tombouctou qui désignerait une « dépression entre les dunes ».
Histoire
La ville a construit sa prospérité sur les échanges commerciaux entre la zone soudanaise du
Sahel africain et le
Maghreb. Elle eut son apogée au
XVIe siècle. Sa richesse déclina lorsque les Européens ouvrirent la voie maritime pour le commerce entre l'Afrique du Nord et l'Afrique noire.
La légende (dans le Tarikh es-Soudan) rapporte que Tombouctou fut formée autour du puits d'une femme appelée bouctou, (originaire d'Essouk) d'où le nom de la ville (Tin Bouctou, le puits de Bouctou). Les premiers campements pourraient remonter aux premiers siècles de l'histoire écrite.
Campement des nomades berbères du XIIe siècle, la ville n'apparaît cependant dans l'histoire qu'au XIVe siècle : l'empereur du Mandé Mansa Moussa y fit construire une prestigieuse mosquée, par l'architecte Abou Ishaq es-Sahéli.
Au XVe siècle, la construction par une vieille femme de la mosquée de Sankoré, qui comprenait une Medersa, est à l'origine d'une université islamique de renommée internationale. Jusqu'à 25 000 étudiants fréquentèrent la ville sous le régime de Sonni Ali Ber, ou (Sonni Ali le grand) .
Le déclin de la ville commença au XVIIe siècle avec l'instabilité politique et l'apparition de la Traite des noirs qui rapprochait le commerce des côtes.
Quelques Dates
- 1826 Le major Alexander Gordon Laing visite la ville. Pris pour un marchand d'esclaves concurrent, il est assassiné.
- 20 avril 1828 Dissimulé sous le costume d'un lettré musulman, le Français René Caillié entre dans la ville. Son récit de voyage fait grand bruit en Europe.
- 1844 Mort de Sékou Amadou, la ville s'émancipe.
- 1853-1854 L'explorateur allemand Heinrich Barth passe six mois à Tombouctou.
- 1892 Chute de la colonne Bonnier par les Touareg Ioullemiden et Igdalen après avoir occupé Tombouctou
- 1894 La ville est prise par les colonisateurs français.
- 1914 Fin de la pacification des zones du nord du Mali.
- Novembre 1955, Gao devient une commune de moyen exercice. Le 2 mars 1966, Gao devient une commune de plein exercice.
- 1988 La ville est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.
- 27 mars 1996 Cérémonie de la Flamme de la Paix, durant laquelle les rebelles touaregs brûlent 3000 armes utilisées durant la rébellion.
Démographie et géographie
Tombouctou a actuellement une population estimée à environ 32 000 personnes en 2006. Cependant, au faîte de sa grandeur au
XVe siècle la ville était peuplée d'environ 100 000 habitants dont 25 000 étudiants pour la seule Université de Sankoré.
La ville est située au sommet de la boucle du fleuve Niger, au point où celui-ci se rapproche le plus du Sahara. Elle était reliée au fleuve par des canaux qui ne sont plus fonctionnels aujourd'hui, et est desservie par le port de Kabara, à 12 km plus à l'est.
Depuis plusieurs années, la ville est menacée par l'avancée des dunes (ensablement). Sous l'impulsion de l'UNESCO, des travaux de stabilisation des dunes ont été entrepris.
Administration
La
région de Tombouctou est composée de cinq cercles : Tombouctou, Diré,
Niafunké, Goundam,
Gourma-Rharous. Le cercle de Tombouctou comprend les communes de Ber, Bourem-Inaly, Lafia, Salam et Tombouctou.
Transport et économie
La ville est le centre administratif de la région du même nom. Elle abrite les principaux services publics et est aussi le siège des ONG qui travaillent dans la zone.
C'est encore un centre de négoce de produits de base, particulièrement du sel, qui est extrait des mines de Taoudeni à 700 km plus au nord et amené lors de l'Azalaï à Tombouctou. Ce transport, des plaques de sel de 40 kg chacune, se fait de moins en moins à dos de dromadaires, et de plus en plus à bord de camions. La ville travaille également le textile, le cuir, et divers objets d'artisanat touareg.
Centre touristique, Tombouctou abrite deux hôtels et plusieurs agences de voyages.
On y accède par avion (vol hebdomadaire), en voiture par une piste difficile en provenance de Douentza et en empruntant le bac pour franchir le Niger ou bien en caravane par le désert. Un ancien canal, actuellement ensablé reliait la ville directement au fleuve Niger. Le gouvernement libyen se serait proposé pour financer des travaux de remise en état du canal.
Culture et monuments
Article détaillé : . Tombouctou est aujourd'hui plus connue par sa légende que par les différents sites présents, cependant, différents lieux sont dignes d'intérêts. La ville est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1988.
Première caractéristique de la ville, le désert est très proche des premières maisons. On trouve à différents endroits plusieurs zones de culture en terrasse, disposées en entonnoir autour d'un puits ou d'un point d'eau. Ces puits de Bouctou sont un bel exemple de culture dans un environnement difficile. L'ensemble des maisons est construit en banco mais à Tombouctou le crépi est remplacé par un parement en pierres. Les trois mosquées de la ville, Djingareyber, Sidi Yahiya et Sankoré sont la mémoire de l'apogée de la ville. Seule la première se visite. On peut aussi visiter les restes des maisons qui abritèrent René Caillé, le major Alexander Gordon Laing et le docteur Heinrich Barth, dont certaines ont été transformées en musée.
Une place abrite la Flamme de la Paix, monument qui commémore la fin de la rébellion Touarègue le 26 mars 1996. Tous les ans a lieu une cérémonie commémorative.
En 2007, Tombouctou a également été en compétition pour obtenir le titre de Merveille du Monde moderne, cependant elle ne fut pas retenue dans le choix final.
Les manucrits de Tombouctou
Le vrai trésor de Tombouctou est constitué par un ensemble de près de 100 000
manuscrits détenus par les grandes familles de la ville. Ces manuscrits, dont certains datent de l'époque pré-islamique remontant au
XIIe siècle, sont conservés depuis des siècles comme des secrets de famille. Ils sont pour la plupart écrits en arabe ou en
fulani, la langue
Peul, par des savants originaires de l'ancien
Empire du Mali et contiennent un savoir didactique notamment dans les domaines de l'astronomie, de la musique, de la botanique... Des manuscrits plus récents couvrent les domaines du droit, des sciences, de l'histoire (avec d'inestimables documents comme le
Tarikh el-Sudan de Mahmoud Kati sur l'histoire du Soudan au XV
e siècle et le
Tarikh el-Fetash d'Abderahmane Es-Saad au XVII
e siècle), de la religion, du commerce. Le centre de documentation et de recherches Ahmed-Baba (Cedrab), fondé en
1970 par le gouvernement avec l'aide de l'UNESCO, recueille certains de ces manuscrits pour les restaurer et les numériser. Si déjà plus de 18 000 manuscrits ont été collectés par le seul centre
Ahmed Baba, on estime qu'il existerait jusqu'à 300 000 manuscrits dans l'ensemble de la zone touarègue. De 60 à 80 bibliothèques privées existent aussi dans la ville, parmi lesquelles la bibliothèque Commémorative Mamma Haidara et la bibliothèque Mahmoud-Kati. Couvrant l'ensemble des domaines du savoir, ils sont aujourd'hui menacés par des conditions matérielles difficiles et surtout par le trafic qu'il en est fait pour de riches collectionneurs occidentaux.
Manifestations culturelles
Le
Festival au désert se déroule chaque année à Essakane à deux heures de piste de la ville de Tombouctou au mois de janvier.
Citations
- « Le sel vient du Nord, l'Or vient du Sud, l'argent vient du pays des blancs mais la parole de Dieu, les choses saintes, les contes jolis on ne les trouve qu'à Tombouctou. » - Affiché au centre Ahmed-Baba.
- « Ô toi qui vas à Gao fais un détour par Tombouctou. Murmure mon nom à mes amis et porte leur le salut parfumé de l'exilé qui soupire après le sol où résident sa famille, ses amis, ses voisins. » - Ahmed Baba (1556-1627)
Jumelage
La ville de Tombouctou est jumelée avec :
Références
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Liens externes