Le triton ponctué ou lobé ou vulgaire (dont l'ancien nom scientifique était Triturus vulgaris Linnaeus, 1758, avant qu'il ne soit renommé Lissotriton vulgaris) est un amphibien Urodèle. Il se rencontre fréquemment en Europe centrale et occidentale, jusqu'en Ukraine et Asie de l’Ouest.
Description
Comme la plupart des tritons, l'espèce présente un fort Dimorphisme sexuel, surtout durant la période de reproduction, durant laquelle le mâle adulte est facilement reconnaissable. Il ressemble beaucoup aux mâles de l'espèce Triturus helveticus, avec lesquels on peut parfois le confondre. Il arbore une crête légèrement ondulée, lobée, qui s’étire le long du dos jusqu’à la queue et s’y termine en pointe. La queue du mâle est ornée d'un ourlet orangé sur sa face inférieure. Ses orteils sont palmés. Des bandes foncées longitudinales courent le long de la tête, de la narine jusqu'au cou, en passant au-dessus de l’oeil. Ses flancs sont décorés de grands points foncés, souvent bien plus marqués que chez T. helveticus. Un critère permettant de bien différencier les deux espèces est l'observation du ventre, coloré en jaune-orange à rouge-orange vif et le plus souvent tacheté chez vulgaris. En règle générale, la gorge porte aussi quelques taches. Le mâle mesure entre 7 et 9 cm.
Alors qu'en général la femelle est souvent plus grande que le mâle dans le genre Triturus, le triton ponctué fait figure d'exception, puisque la femelle est un peu plus petite que le mâle. Uniformément brune, avec des flancs dépourvus de taches, elle se confond très souvent avec la femelle de l'espèce voisine Triturus helveticus. Les caractéristiques suivantes, normalement présentes chez la femelle, peuvent permettre de faire la différence :
- femelle de triton ponctué : la gorge est le plus souvent tachetée (parfois très pâles), tout comme le milieu du ventre, coloré en jaune-orange à orange vif. En général il n'y a pas de tache blanche sur l’articulation de la patte postérieure, et la face inférieure de cette patte est rarement pourvue de coussinets clairs peu visibles. Le cloaque a une coloration le plus souvent foncée.
- femelle de triton palmé : la gorge laiteuse, rose à orange pâle ne possède pas de taches, comme le milieu du ventre, qui est de couleur jaune clair à orange pâle. Le cloaque est blanchâtre. On observe fréquemment une tache claire sur l’articulation de la patte postérieure, et la face inférieure de la cette même patte est souvent pourvue de deux coussinets.
Au Tessin vit le triton lobé méridional, une sous-espèce d’aspect légèrement différent. La crête du mâle est plus étroite et non ondulée, et son corps moins tacheté.
Nomenclature et systématique
L'
Espèce Triturus vulgaris a été décrite en 1758 par
Linné. Depuis 2004, une proposition de réorganisation du
genre Triturus place cette espèce sous le nom
Lissotriton vulgaris, regroupant ainsi le triton poncuté avec
Triturus boscai,
T. italicus,
T. montandoni et
T. helveticus) dans le genre
Lissotriton (
Thomas Bell, 1839). Aucun consensus n'étant apparu, le taxon
Triturus vulgaris reste le plus courant et le plus employé.
Sous-espèces
- T. v. ampelensis (Fuhn, 1951) (triton poncuté roumain), dans le nord de la Roumanie,
- T. v. dalmaticus (triton poncuté dalmatien)
- T. v. graecus (Bolkay, 1927) (triton ponctué grec), en Grèce, Albanie, Macédoine, les îles Ioniques, la Bulgarie, et dont les mâles ont une crête moins ondulée,
- T. v. kosswigi (Freytag, 1955), répandu le long des bords sud-ouest de la Mer Noire en Turquie ; les mâles ont également une crête moins lobée que la plupart des autres sous-espèces,
- T. v. lantzi (Wolterstorff, 1914) (triton ponctué du Caucase), le long des côtes orientales de la mer Noire, et dans le Caucase occidental et central,
- T. v. meridionalis (Boulenger, 1882) (triton ponctué méridional), que l'on peut rencontrer dans le Canton du Tessin en Suisse, Italie du nord et Slovénie, dont la crête du mâle est plus étroite et non ondulée comme spp. graecus, et son corps moins tacheté.
- T. v. schreiberi (triton ponctué de Schreiber),
- T. v. schmidtlerorum (Thorn & Raffaelli, 2000), répandu aux alentours de la pointe occidentale de la Turquie ; cette sous-espèce est considérée comme naine, et les adultes atteignent des tailles maximales d'environ 5 cm.
- T. v. vulgaris (Linnaeus, 1758) ; la forme nominale peut être rencontrée à peu près dans tout le territoire nord-ouest de répartition de l'espèce, en Europe centrale et orientale jusqu'en Asie Mineure.
Comportement
Alimentation
Le triton ponctué se nourrit d'
invertébrés , de petits
crustacés, de
Zooplancton, de
daphnies et également de
têtards de
Grenouille. Ils sont également connus pour présenter des tendances
cannibales.
Reproduction
Plus d'informations dans l'article : . Comme les autres membres du genre
Triturus, le triton ponctué passe une partie de l'année sur la terre ferme, n'allant dans l'eau que lors de la reproduction. Durant cette période les mâles développent les caractéristiques nuptiales de l'espèce : crête crénelée le long du dos et de la queue, qui devient plus colorée.
Il passe la saison de reproduction de février à juin/juillet dans l'eau, période durant laquelle le triton ponctué mâle entame la parade nuptiale caractéristique des tritons : il se place devant la femelle et agite la queue le long de son corps, en direction de la femelle. Par ces mouvements, il diffuse vers la femelle des phéromones sécrétées par des glandes dorsales et cloacales, dans le but de séduire la femelle.
À la fin de la parade nuptiale, le mâle dépose sur le fond un Spermatophore, capsule comprenant les spermatozoïdes, que la femelle va recueillir par son Cloaque. La Fécondation sera alors interne. La femelle pondra 100 à 300 oeufs qui éclosent en larves (on ne parle pas de "têtards", ce terme étant réservés aux anoures) au bout d'environ 2 à 3 semaines. Strictement aquatiques au départ, les larves sont munies dans un premier temps de branchies externes souvent bien visibles. Elles acquerront au cours de leur développement des poumons, permettant aux adultes de vivre sur la terre ferme. 6 à 9 semaines sont nécessaires aux larves afin d'accomplir la métamorphose.
Dans les zones les plus froides, les larves passent souvent l'hiver dans l'eau, et se métamorphosent alors l'année suivante. Elles deviennent sexuellement matures la deuxième année, mais certains individus gardent parfois des caractéristiques larvaires (phénomène de « Néoténie », relativement courant chez cette espèce).
Répartition géographique
Le triton ponctué est une espèce de basse altitude, répandue dans toute l’
Europe centrale et occidentale jusqu’en
Asie de l’Ouest, mais est absent de l’Espagne et du
Portugal, et peu fréquent ou absent dans la moitié sud de la
France et de l'
Italie. La répartition des sous-espèces est donnée dans le paragraphe correspondant.
Prédateurs
Comme ses congénères, le triton ponctué est la proie de nombreux animaux, que ce soit durant sa vie larvaire (
grand dytique,
Dytique bordé, larves de
libellules, mais aussi des
poissons comme la
Truite, la
perche et l'épinoche) ou à l'état adulte (
rapaces diurnes ou
nocturnes,
mammifères comme le
blaireau, ou le
renard, etc.)
Habitat naturel
On le rencontre surtout dans des habitats forestiers humides, des étangs ensoleillés, riches en végétation et se réchauffant facilement, tels que les zones alluviales et les bas-marais. L'espèce est capable de s'adapter à de nouveaux habitats, et peut aussi se retrouver dans des bassins, étangs ou mares nouvellement aménagées. Les eaux ombragées et fraîches ne sont quant à elles presque jamais occupées. Les plans d’eau les plus favorables ont une riche couverture en plantes aquatiques, offrant ainsi des cachettes et des possibilités de ponte. En comparaison avec les
tritons palmé et
crêté, le triton lobé est plus fréquemment présent dans les eaux libres, faiblement courantes, où il cherche sa nourriture.
Statut de conservation et menaces
Comme de très nombreuses espèces d'amphibiens, le triton ponctué est protégé dans plusieurs pays. En France il est protégé au niveau national, et en Europe l'espèce est protégée par son inscription à l'annexe III de la convention de Berne pour la protection de la vie sauvage en Europe.
Les principales menaces qui pèsent sur cette espèce sont les mêmes que pour ses congénères : destruction ou fragmentation de ses habitats naturels, pollution, introduction d'espèces invasives.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Notes et références