André Chardonnet, était un des premiers importateurs d'
Autobianchi en France. Il a aussi importé les marques :
Maserati, AC, Bristol,
Fiat,
Neckar,
FSO,
Fiat Polski,
Zastava, Maruti, Aro et, bien sûr,
Lancia.
André Chardonnet est né le 8 octobre 1923 . Il est le fils d'un agent d'assurance auvergnat émigré à Pantin, près de Paris.
Ensuite, il retourne sur Paris vendre des assurances et propose un contrat original aux riches propriétaires de chevaux : assurer leur monture, comme on assure une voiture. Son bagout incroyable fait déjà merveille et c'est tout naturellement qu'à la fin de la guerre il rachète un petit garage à Pantin, rue Étienne Marcel, pour revendre les véhicules qu'il achète aux Domaines. C'est là que sera le siège de sa future entreprise "Chardonnet SA", pendant plus de 20 ans.
Agent Simca, il vend également des voitures d'occasion de toutes marques et, passionné par les motos de marque BMW, il obtient l'importation des fameux pistons Mahle et de nombreuses autres pièces détachées germaniques. Puis, à partir de 1949 il va se faire connaître en important la marque allemande Véritas puis la marque britannique Bristol. Il ouvre un hall d'exposition au 48 avenue Kleber à Paris. Ce "show-room", comme l'on dit aujourd'hui restera le lieu parisien de la marque Chardonnet jusqu'en 1991. Parmi ses clients, un futur président de la République : Georges Pompidou... Puis c'est AC Bristol qui s'ajoute à ce début de longue liste.
LIENS ITALIENS
En 1959, c'est l'importation de
Neckar, la marque allemande qui fabrique des
Fiat sous licence, qui va lui apporter une diffusion importante et lui permettre de commencer un véritable réseau d'agent, c'est le début du célèbre "Réseau Chardonnet" qui va comporter jusqu'à un peu plus de 200 agents et concessionnaires dans tout le pays.
Il tisse des liens étroits avec Piero Bonelli, le dirigeant de Neckar qui est également responsable des exportations du groupe Fiat, au point qu'il va influencer la création de certains modèles comme le cabriolet 1100, baptisé "St Trop" et carrossé chez Michelotti. C'est le premier modèle spécifique obtenu par Chardonnet et il y en aura d'autres... À commencer par le coupé Mistral réalisé par Siata sur la base de la Fiat 1300/1500. Il vendra plus de 30 000 exemplaires en moins de dix ans. D'autres marques s'ajoutent rapidement au réseau Chardonnet comme Fiat Polski et Fiat.
En 1962, Bonelli fait appel à lui pour vendre en France les petites Autobianchi Bianchina que Simca n'a pas su vendre de façon satisfaisante depuis leur apparition en 1957. Ces dérivés de Fiat 500 vont prendre des appellations spécifiques pour le marché français et voilà André Chardonnet qui nous propose des Texane, Lutèce et autres Eden-Roc. Sur base de Fiat 600, il sera à l'origine du cabriolet Stellina à carrosserie en fibre de verre puis de la Siata Spring aux faux airs de MG d'avant-guerre. Des petits dérivés de voitures populaires qui sont aujourd'hui aussi attirants que rares.
Autre voiture importante : l'Autobianchi Primula qui est la première traction-avant italienne due à la persévérance de l'ingénieur Dante Giacosa. Elle est présentée au salon de Turin à la fin de 1964 et Chardonnet l'importe dès le début 1965 quand Renault lance sa R 16 et Peugeot sa 204, elles aussi dans la mouvance "traction-avant". Le succès est au rendez-vous et Chardonnet devient vite le premier importateur de la marque hors d'Italie.
Suivent l'A 111, une très bonne berline mais difficile à vendre en France car taxée de huit chevaux fiscaux; et bien sûr, l'A 112. Cette formidable voiture, présentée en 1969, restera attachée pour l'éternité à la mémoire de "Doudou". Lui et son réseau vont pulvériser les ventes à tel point qu'en sortie de chaîne d'assemblage, quand les étiquettes qui indiquent le pays de destination sont apposées sur les pare-brises, la France est le seul pays où le nom de pays n'est pas indiqué. À la place il y a marqué "Chardonnet", cela ne s'invente pas !
Par sécurité, Chardonnet rajoutera encore d'autres marques à son catalogue comme FSO et Zastava. Les locaux de Pantin sont devenus trop petits et l'entreprise déménage en 1970 pour Bobigny où elle restera 18 ans.
AUTOBIANCHI ET LANCIA !
En 1973, il obtient l'importation de
Lancia et développe la notion de séries spéciales parmi lesquelles il réussit souvent à valoriser des fins de série et qui deviennent de véritables cas d'écoles!
En 1975, sort une version d'A 112 qui va durer 10 ans : l'Abarth 70 HP. Là aussi, Chardonnet a usé de son influence et l'ingénieur Lampredi a accepté d'offrir une grande soeur à l'Abarth 58 HP, née en 1971. Contrairement à la 58 HP dérivée du moteur d'origine, la 70 HP va bénéficier d'un véritable travail de fond et permettre de transformer son Abarth en véritable voiture de course.
Chardonnet a toujours aimé la compétition. N'oublions pas qu'il a raté de peu le podium du Rallye de Monte-Carlo 1960 où il s'était engagé avec une Citroën DS 19 ! L'écurie Chardonnet naît entre les mains de Jacques Levacher et de son équipe. Ils créent la coupe Autobianchi et onze A 112 Abarth 70 HP s'alignent au Monte-Carlo 1976. On trouve alors dans l'écurie Chardonnet des noms bientôt célèbres (ou déjà célèbres) : Michèle Mouton, Pierre Pagani, Jean-Pierre Malcher, Bruno Saby, François Chatriot... Ensuite c'est Bernard Darniche qui va faire parler de la Lancia Stratos "bleu de France", plus de 40 victoires sur 50 courses !
La plus célèbre restera l'édition 1979 du Monte-Carlo où la victoire de Darniche et Mahé est remportée devant Waldegaard a quelques secondes près ! L'émotion de la petite équipe est à son comble. "Chardonnet Compétition" va remporter trois victoires en championnat du Monde, deux titres de champion de France et deux titres de champions d'Europe. Après la Stratos, c'est le coupé 037 qui sera engagé pendant les saisons 1983 et 1984 avec Jean-Claude Andruet comme pilote et Pionner comme sponsor, le bleu reste à l'honneur.
En 1985, alors que l'Abarth 70 HP vit ses dernières heures, Chardonnet s'offrira même le luxe d'engager un exemplaire strictement d'origine au Rallye de Monte-Carlo et Elisabeth de Fresquet remporte la coupe des Dames au scratch !
1% DU MARCHÉ FRANÇAIS
Ce sont les grandes années du réseau Chardonnet qui écoule jusqu'à 26 000 voitures par an et atteint 1% du marché automobile français, un véritable score pour un importateur privé. Mais la nouvelle direction du groupe
Fiat pense que ce chiffre peut encore grimper de 50 %, rien que ça! Pour la seconde fois, Chardonnet se retrouve avec une épée de Damoclès au dessus de la tête de la part du groupe Italien dont il a pourtant été un excellent représentant. Le 31 mai 1988, l'épopée Autobianchi-Lancia s'achève, les deux marques sont rattachées directement à la filiale française de Fiat. Quand on sait qu'Autobianchi va être intégré à Lancia et ce qu'est devenu Lancia aujourd'hui, on reste perplexe...
Pour rebondir, comme il a toujours su le faire, il se tourne vers Hyundaï, mais l'administration française, met son veto à cette importation, avec le recul, le choix était pourtant très judicieux... Il quitte Bobigny et installe ses locaux le long de l'autoroute A1 à Roissy. Chardonnet va donc finir sa carrière en distribuant l'Italien Maserati, l'indien Maruti, le roumain Aro et les Bertone à moteur... BMW, retour aux sources, la boucle est bouclée!
Lien interne
Lien externe
- Autobianchi Club de France : Le club de la marque, tous modèles confondus, en France et d'hommage à André Chardonnet, importateur Autobianchi, Lancia en France