Antoine Raymond Juan Gualbert Gabriel
de Sartine, comte d’Alby (
Barcelone,
12 juillet 1729 –
Tarragone,
7 septembre 1801) fut un homme politique français, conseiller
1752, lieutenant criminel
1755 au Châtelet à Paris, il est Lieutenant général de police (1759–1774), puis Ministre de la Marine. On trouve aussi Sartines.
Origines
Son père,
Antoine Sartine ou Sardine, bourgeois de Lyon, fils d'épicier devenu financier, est établi en Espagne au début du
XVIIIe siècle où il jouit des faveurs de
Philippe V. Chargé du ravitaillement des troupes françaises pendant la guerre de Succession d'Espagne, il en vient à siéger au conseil des finances du roi, qui lui accorde le titre de chevalier. Il est nommé comme Intendant en
Catalogne. Il prend pour épouse Catherine Wilts, comtesse d'Alby, dame d'honneur de la reine d'Espagne, fille de Charles Wilts secrétaire d'État pour le Royaume d'Irlande.
Les premières années françaises
Antoine Raymond de Sartine fut envoyé en formation auprès de Charles Colabeau, homme d'affaires et ami de son père. Il obtient des lettres de nationalité en 1752, achète la charge de lieutenant criminel au Châtelet la même année, est anobli en 1755, et enfin épouse, en 1759, la petite-fille de Charles Colabeau, Marie-Anne Hardy du Plessis. Après cela, bien vu en cour, il est nommé successivement aux offices de Lieutenant général de police ( du 22 novembre au mois de mai 1774), de maître des requêtes (9-12-1759), et quelques années plus tard de directeur de la Librairie (1763 – 1774). En 1767, il est fait conseiller d'Etat.
La lieutenance générale de Police
S'attachant à améliorer les services de la capitale, notamment ceux de l'approvisionnement (il active la construction de la halle au blé), de l'éclairage, il fait établir des lanternes à réverbère ainsi que la sécurité publique, Sartine fait de Paris le modèle des capitales européennes. Il substitue également aux tripots clandestins des maisons de jeu surveillées par ses agents et taxées au profit du fisc. Excellent administrateur et politique habile, Sartine pris à bras le corps les problèmes d’hygiène, d’approvisionnement et de police en général lors de sa lieutenance. Les papiers à la main lui prêtent des manoeuvres occultes, l'accusant d'avoir entretenu un « cabinet noir » et nombres d'ouvrages révolutionnaires devaient lui supposer un réseau d'espionnage dans la capitale. Ainsi, pour
Pierre Manuel : « lorsque le libertin Sartine poursuivait les citoyens jusques sous leurs toits tutélaires qu’il épiait même les secrets honteux de leurs nuits, ce n'était que pour égayer un roi, plus libertin encore, de toutes les nudités du vice ; c'était pour fournir à son maître des exemples et des excuses, comme si son autorité et sa conscience en avaient eu besoin ! »
Le secrétaire d'État à la Marine
Proche du « parti Choiseul », il accède au Secrétariat d’État à la Marine en
1774, place qu'il occupe jusqu'en
1780. Sous son ministère, il tente de rationaliser l'administration de la Marine. Ainsi, il s'intéresse de près aux
Fonderies en créant en particulier celle de l'Indret. Il confie au chevalier de Fleurieu la direction des ports et des arsenaux royaux. Sartine entreprend là aussi de grandes réformes mise aux points par sept ordonnances
1776. La haute main sur la Marine est donnée aux officiers au détriment des administrateurs civils. Les constructions navales sont activement poussées. Enfin la qualité du corps des officiers recruté surtout dans la noblesse, est même considérablement amélioré. Cette politique devait porter ses fruits lors de la guerre d'indépendance américaine dans laquelle il mit à profit son expérience du renseignement acquise dans la Police. Les historiens évoquent une « phase Sartine » qui aurait précédée une « phase Castries » dans la chronologie des opérations militaires.
Mais Sartine ne sait endiguer le gaspillage de ses officiers et en 1780, accusé par Necker de détournement dans les caisses de l'État - on parle d'une somme de vingt millions - il est disgracié le 14 août de la même année par Maurepas. Le roi lui accorde néanmoins une gratification de 150 000 livres et une pension de 70 000 livres.
Détesté pour son usage « arbitraire » des Lettres de cachet, stigmatisé par les libellistes, inquiété par les événements de 1789, il émigre dès 1790 en Espagne où il meurt sans revoir la France. Il évite ainsi le sort de son fils, Charles-Louis-Antoine de Sartine, et de sa bru restés à Paris, guillotinés sur l'échafaud le 29 prairial an II (17 juin 1794).
Au cinéma
Annexes
Notes et références
Articles connexes
Bibliographie
- Marc Chassaigne, La lieutenance générale de police de Paris, Paris, 1906.
- Joseph Droz, Histoire du règne de Louis XVI, Renouard libraire, Paris, 1839, t. II, p. 360.
- Alain Decaux, André Castelot (dir.), Le Grand dictionnaire d'histoire de France, Librairie Perrin, 1979.
- Louis-Gabriel Michaud (ed.), Biographie universelle ancienne et moderne, Paris, 1843-1865, t. 38, p. 36 – 38.
- Jacques Michel, Du Paris de Louis XV à La Marine de Louis XVI. L'oeuvre de Monsieur de Sartine. Tome I: La vie de la capitale, Paris, 1983.
- Idem, « Antoine de Sartine, secrétaire d’État de la Marine et des Colonies (1774 – 1780) », Neptunia, n° 155, 1984.
Liens et documents externes