Le
14 mai 1509, la République de Venise est vaincue à
Agnadel, non loin de
Milan, par la coalition de pays regroupés dans la
Ligue de Cambrai, à savoir le pape
Jules II, le roi de France
Louis XII, l'empereur d'Allemagne Maximilien Ier et le roi d'Aragon Ferdinand.
Cette ligue de circonstance est une péripétie parmi d'autres dans les
Guerres d'Italie.
L'initiateur de la ligue est le Pape Jules II lui-même. Il a pris les armes pour défendre les États pontificaux menacés de dislocation. Dès 1504, il a soumis la Romagne et conquis Bologne et Pérouse.
Mais il ne tarde pas à se heurter à Venise. La Sérénissime République prétend en effet étendre ses possessions de Terre Ferme et conquérir la Romagne.
C'est ainsi que le 10 décembre 1508, le pape Jules II constitue la ligue de Cambrai.
La bataille
Le 15 avril 1509, l'armée française menée par Louis XII quitte Milan et s'enfonce en territoire vénitien. Pour entraver sa progression, Venise lève une armée de mercenaires commandée par les cousins Orsini,
Bartolomeo d'Alviano et Niccolò di Pitigliano, qu'elle stationne devant
Bergame. Les Orsini ont reçu l'ordre d'éviter toute confrontation directe et de s'en tenir à des démonstrations et des escarmouches pour harceler l'ennemi.
Pourtant, le 9 mai, Louis fait traverser à son armée l'Adda à hauteur de Cassano d'Adda. Alviano et Pitigliano, dont l'armée campe sous les remparts de Treviglio, hésitent sur l'attitude à tenir : Alviano est partisan d'enfreindre les consignes des doges et d'attaquer de front l'envahisseur ; mais finalement ils se décident à décrocher sur le Pô afin de tenir des positions plus solides.
Le 14 mai, alors qu'il faisait marche vers le sud, Alviano se heurte à un détachement français commandé par Charles d'Amboise, qui stationnait ses troupes autour du village d'Agnadel. Alviano range son armée, environ 8 000 hommes, en ordre de bataille, sur un côteau surplombant un vignoble. De Chaumont l'engage par une charge de cavalerie, puis fait monter les piquiers suisses à l'assaut, mais ses troupes sont ralenties dans l'ascension de la colline par le franchissement d'un fossé de drainage et par la pluie. Dans ces conditions, les positions vénitiennes soutiennent le premier choc.
Lorsque Pitigliano, qui est déjà plusieurs kilomètres au sud, reçoit un message d'Alviano l'appelant à la rescousse, il fait répondre qu'il vaut mieux interrompre la bataille, et quant à lui, poursuit sa marche vers le sud.
Dans l'intervalle, le gros de l'armée française, dirigé par Louis XII, arrive à Agnadel et encercle Alviano et son armée. Les Français, notamment le chevalier Bayard, s'illustrent aux côtés de leurs alliés. La cavalerie vénitienne s'enfuit, puis en l'espace de trois heures, l'armée vénitienne est détruite et compte 4000 morts, cependant qu'Alviano, blessé, est fait prisonnier.
Une victoire décisive, pour peu de temps
Bien que Pitigliano eût évité d'engager les troupes ennemies, l'issue de la bataille lui fut connue dans la soirée, et au matin la moitié de ses troupes avait déserté. Confronté à l'avance inexorable de l'armée française, il précipita se retraite sur
Trévise et Venise, laissant le roi de France prendre possession de toute la Lombardie. La victoire française met la République de
Venise à la merci d'une invasion, voire d'une disparition.
Mais le pape Jules II renverse les alliances et se retourne contre les Français. Avec le Doge de Venise et le roi d'Espagne, il crée cette fois une Sainte Ligue contre le roi Louis XII.
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