L'Eaulne est une rivière normande du Pays de Bray et du Petit Caux, longue de 46 kilomètres, affluent de l'Arques. Au sein du réseau dendritique qui donne naissance à ce Fleuve côtier, l'Eaulne se présente comme le cours d'eau le plus oriental. Sa vallée peu urbanisée, sauf dans sa partie aval, bénéficie d'un environnement préservé et, depuis peu, protégé.
Géographie
Elle prend sa source à Mortemer, coule parallèlement à la
Béthune, au nord de celle-ci (à environ 7 kilomètres), avant de la rejoindre à
Arques-la-Bataille pour former, avec la Varenne, l'
Arques. Sa vallée verdoyante suit, durant la majeure partie de son cours, une dépression anticlinale parallèle au
Pays de Bray. Le substratum est constitué par les terrains crayeux du
Crétacé supérieur:
Cénomanien et
Turonien. Sous les plateaux encadrant le cours de la rivière, la nappe de
Craie forme un réservoir important dont l'épaisseur atteint 150 à 170 mètres.
A l'écart des fortes concentrations humaines, la rivière offre des conditions favorables de pêche, recelant d'importantes colonies d'espèces migratrices: Saumon atlantique, Truite de mer, truite fario, Anguille, Lamproie marine ou encore lamproie fluviatile. La richesse écologique de l'Eaulne ne se limite pas à sa faune piscicole, car, près de sa source, le Marais de Fesques a été classé en site Natura 2000 en raison de son intérêt de tout premier ordre. Cette zone, baignée par la rivière, constituée de prairies humides et d'aulnaies, abrite 91 espèces d’oiseaux dont la fauvette des marais et la Chouette hulotte, 21 de mammifères, 2 de reptiles et 4 d'amphibiens, mais également 72 plantes différentes parmi lesquelles 3 sont remarquables: l'Ophioglosse commun, la benoîte des ruisseaux et la dactylorhize négligée.
L'Eaulne arrose Sainte-Beuve-en-Rivière, Saint-Germain-sur-Eaulne, Londinières, Douvrend, Envermeu, Bellengreville, Ancourt, Martin-Église, Arques-la-Bataille.
Hydrologie
Le
Bassin versant de l’Eaulne. est peu étendu (318 km²) en raison de la configuration du milieu physique et donc de la faiblesse du réseau tributaire, le Bailly-bec qui rejoint l'Eaulne en rive droite à
Envermeu est son seul affluent notable.
A l’exutoire de la rivière, le débit, enregistré à la Station hydrologique de Martin-Église, atteint en moyenne 3,3 m³/s dans le cadre d’un régime pluvial océanique. Observée depuis 44 ans (entre 1964 et 2007), la rivière présente de variations peu importantes de son Module, la période des hautes eaux est enregistrée durant la période hivernale avec une moyenne mensuelle comprise entre 4,33 m³/s et 4,70 m³/s atteint en février, les basses eaux interviennent à la fin l'été et au début de l’automne avec des débits compris entre 2,06 m³/s et 2,28 m³/s d’août à octobre (le mois de septembre voyant le plus bas module de l'année) Les périodes d'étiage, tout comme les crues, ne sont guère prononcées.
En établissant une comparaison entre le débit et le bassin versant, l’ Eaulne présente un module assez élevé ainsi que l'atteste une Lame d'eau de 325 mm/an (supérieure à la moyenne nationale qui est de 300 mm, mais surtout à celle du bassin voisin de la Seine, de l'ordre de 225 mm) et un débit spécifique (ou Qsp) de 10,3 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin (9,5 l/s/km² pour l'ensemble des cours d'eau français, 7,1 l/s/km² dans le cas du bassin de la Seine).
La vallée de l'Eaulne
Cours d'eau rapide, l'Eaulne fut largement utilisée autrefois comme source d'énergie; de nombreux moulins la jalonnaient (5 dans le seul village d'
Ancourt). Située à proximité de territoires forestiers (d'amont en aval: basse
Forêt d'Eu, forêt du Hellet, forêt d'Arques), la vallée a vu se développer une industrie du bois (scieries), mais située en dehors des grands axes de communication, ses activités manufacturières sont restées modestes (contrairement au plateau d'Aliermont voisin).
La vallée de l'Eaulne, comme celle de la Béthune voisine, porte la marque d'une présence franque particulièrement importante. Arrivés dans la région après la bataille de Soissons (486), les Francs se sont rapidement intégrés aux populations gallo-romaines. De nombreux vestiges Mérovingiens ont été découverts à l'occasion de fouilles menées depuis le XIXe siècle, essentiellement des nécropoles à Lucy, Londinières, Douvrend et surtout Envermeu, la principale localité traversée par la rivière, où plus de 800 sépultures ont été mises au jour. Mais d'autres témoignages architecturaux renvoient à des périodes plus anciennes. Des menhirs avaient été érigés, par des populations pré-celtiques, à Wanchy-Capval ; transformés en bornes milliaires par les Romains qui s'établirent dans la vallée y construisant la voie reliant Beauvais à Dieppe, ils furent taillés en forme de croix par les premiers chrétiens. Plus près de notre époque, la période normande a laissé la trace de nombreuses mottes castrales (à Wanchy-Capval, par exemple) et d'ouvrages de défense en maçonnerie comme le château de Pont-Trancart à Ancourt.
Bibliographie
- Albert Hennetier, Aux sources normandes : Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, Éd. Bertout, Luneray, 2006, pp. 62-67 (ISBN 2867436230).
Notes et références
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