Ivan Alexandrovitch Gontcharov est un écrivain
russe né à
Simbirsk en
1812 et mort à
Saint-Pétersbourg en
1891.
En 1847, il publie son premier roman Une Histoire ordinaire. Il donne l’année suivante des fragments de son chef-d’oeuvre Oblomov dont il achève la rédaction dix ans plus tard. En 1869, il publie son dernier roman Le Ravin, un procès du nihilisme.
Au dire de Tolstoï, Oblomov est une oeuvre capitale ; selon Dostoïevski, elle est « servie par un talent éblouissant ». Ce roman de moeurs lui fut payé 10 000 roubles par l’éditeur des Mémoires nationaux russes dans lequel il fut publié en 1859, ce détail suffit pour donner une idée de la popularité dont jouissait de son vivant l’écrivain. Son héros est un mythe littéraire russe, aussi présent que Faust ou Don Juan. Oblomov, aristocrate oisif, est dans la culture russe le prototype de l’homme paresseux et médiocre, qui sacrifice ses rêves à une léthargie, qu’il vit pourtant comme un drame.
Gontcharov oeuvra toute sa vie en haut fonctionnaire dont le destin fut lié à celui de la Russie. Il fut employé au Ministère de l’instruction publique, puis attaché au ministère des finances en 1852. On lui confie alors la tâche d’établir les premières relations commerciales avec le Japon, contrée lointaine et fermée. En 1855, il fut nommé à la censure, (sous Alexandre II), puis conseiller d’état aux affaires de presse (1863).
Son oeuvre littéraire comporte de nombreux récits, essais, portraits, critiques de théâtre ou de tableaux, articles, nouvelles, contes, poésies, correspondances notamment avec le frère du Tsar, des traductions (Schiller, Goethe, Winckelmann, Eugène Sue et autres) et des analyses critiques d’auteurs français (Balzac, Zola, Flaubert, les frères Goncourt) ou russes (Lermontov).
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À la Bibliothèque nationale de Paris figurent quantité d’études qui lui ont été consacrées par des auteurs étrangers : Sergio Molinari, Milton Ehre, Peter Tiergen, Ulrich Lohff, Hélèna Krasnotchekova, Gyorgy Backsi, A.G Tseitline, Nicolaï Piksanov.
Dans le monde entier, des chercheurs travaillent de façon permanente sur son oeuvre qui présente de si nombreux aspects (les Conférences internationales Gontcharov).
La ville d’Oulianovsk abrite un musée consacré à l’écrivain Ivan Alexandrovitch Gontcharov. Il s’est ouvert en 1982 dans la maison même de l’écrivain, où il naquit le 18 (6) juin 1812 et où il vécut. L’Institut Pouchkine de littérature de Saint-Pétersbourg, dont le département Gontcharov prépare une édition de ses oeuvres complètes en 22 volumes, abrite également une exposition qui lui est consacrée.
Voyage sur la frégate Pallas
Gontcharov, écrivain célèbre à l’époque, maître incontesté du réalisme positif, haut fonctionnaire, conseiller d’État, et alors attaché au ministère des Finances, accepte le poste de secrétaire de l’amiral Yevfimy Putyatin, entre 1852 et 1855. Il tient le journal de bord, gère la correspondance, entre en pourparlers avec la diplomatie japonaise et envoie des rapports.
Son livre-témoignage La Frégate Pallas est un indéniable document sociologique et ethnographique unique en son genre pour l’époque. Durant les dix mois de ce périple, via l’Angleterre, Madère, les îles du Cap-Vert, le cap de Bonne-Espérance, Java, Singapour et Hong Kong, la frégate essuya tempêtes et typhons dans le Pacifique.
Le 9 août 1853, la frégate Pallas jette l’ancre à Nagasaki, seul port japonais alors ouvert aux étrangers après deux cents ans d’une politique de fermeture au monde. Gontcharov décrira ce pays comme « un coffret dont on a perdu la clef ».
Ce n’est qu’en 1855 qu’un traité avec le Japon, le Traité de Shimoda, pourra enfin être conclu.