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Jean Haudry
Jean Haudry (né en 1934) est un linguiste français, spécialiste des langues et de la civilisation indo-européennes. Cet agrégé de grammaire, spécialiste de Sanskrit reconnu et réputé, a réalisé des travaux historiques très controversés. Carrière et biographieEntré à la faculté de Lyon en 1966, Jean Haudry est professeur émérite depuis 1998 à l'Université de Lyon III, longtemps directeur du Centre de linguistique appliquée de ce même établissement. Ancien directeur d'études de grammaire comparée des langues indo-européennes à la IV e section de l'École pratique des hautes études, il prend également part aux universités d'été et aux colloques du GRECE, et il fait partie du « comité scientifique » du Front national. Proche de Pierre Vial, il donne plusieurs conférences dans le cadre du mouvement Terre et Peuple. Haudry est l'auteur de plusieurs ouvrages spécialisés, et contribue régulièrement à des revues scientifiques comme le Bulletin de la Société de Linguistique de Paris, mais aussi aux périodiques néo-droitiers Krisis, et Nouvelle École, de même qu'à Réfléchir & Agir. Jean Haudry est fondateur et directeur de l'Institut d'études indo-européennes de l'université Lyon III créé en 1980, souvent mentionné dans les controverses politique portant sur l'université Lyon III, apparaissant comme un « lieu de regroupement idéologique ». L'institut décide sa dissolution en 1998, peu de temps avant la publication d'un rapport ministériel soulignant ses faiblesses scientifiques. Travaux linguistiquesLes travaux linguistiques de Jean Haudry bénéficient alors d’une réception académique ordinaire, parfois très positive, même si des comptes-rendus notent parfois leur caractère controversé. Les travaux de Jean Haudry en linguistique portent essentiellement sur le Sanskrit et ses formes anciennes, et cherchent à reconstituer des éléments de la langue qui serait à l'origine des langues indo-européennes. Sur recommandation de Georges Dumézil, les éditions PUF demandent à Jean Haudry un ouvrage sur l'Indo-européen pour la collection Que-sais-je ?. Travaux historiquesRéception scientifique de ses travaux historiquesLa présentation de l’histoire des Indo-européens par Jean Haudry a soulevé plusieurs polémique et plusieurs de ses hypothèses sont très controversée et représentent des positions très minoritaires. La controverse autour du Que sais-je ?Si la publication par Haudry en 1978 d’un ouvrage sur L’indo-européen dans la collection « Que sais-je ? » des PUF ne rencontre pas d’opposition particulière, et reçoit de bons compte-rendus sa publication en 1981 d’un ouvrage dans la même collection sur les Indo-Européens soulève une controverse et a été vivement critiquée. - La critique la plus virulente est portée par Bernard Sergent dans un long article de la revue Les Annales paru en 1982. Selon lui « ce livre est absurde. Et son absurdité vient de ce qu'il n'obéit pas à une problématique d'ordre rationnel et scientifique, mais repose sur une idéologie politique contemporaine : c'est un ouvrage d'extrême droite. Il ressortit de ce que l'on appelle au xxe siècle le fascisme (sous sa forme intellectuelle, cela va de soit). ». Dans cet article, Bernard Sergent entend montrer que non seulement le livre d’Haudry contient de nombreuses erreurs mais qu’il part aussi de considération biaisées issues des opinions politique d’Haudry et de sa proximité avec la Nouvelle droite.
- En revanche, Jean Batany, dans un article des Annales, critique très sévèrement la critique que Bernard Sergent a adressée à Haudry.
- Jean-Paul Demoule note aussi que dans son « Que-sais-je ? » sur les Indo-Européens (PUF, 1981), Haudry s'appuie, entre autres, sur les thèses du raciologue national-socialiste Hans Günther
- Selon K. Tuite de l’université de Montréal le livre d’Haudry est un « pamphlet » marqué par les positions politiques d’Haudry.
- Selon Maurice Olender le livre d’Haudry pratique, à la différence des travaux de Georges Dumézil, la « confusion perpétuelle des faits de langue et des faits de civilisation, qui sont liés, mais distincts ». Selon Olender le livre d’Haudry reposerait donc sur des conceptions dépassées, celles qui ont alimenté, au XIXe siècle, le « mythe aryen », en particulier lorsqu’Haudry parle de « race nordique » et de l’« unité raciale de l’aristocratie indo-européenne ».
- D’après Bernard Sergent et Maurice Olender, Georges Dumézil a demandé à Haudry de supprimer des passages de son livre
- Selon Hervé Le Bras, le Que sais-je contient des erreurs « avérées depuis longtemps ».
- L’ouvrage suscite aussi des comptes-rendus globalement positifs, comme celui de P. Flobert qui mentionne « une remarquable réussite » et « une oeuvre forte et originale » même s’il formule quelques réserves et prend finalement ses distances avec les considérations sur la blondeur des indo-européens et la théorie présenté par Haudry sur leur origine.
- En réaction à la polémique Jean Haudry se défend de l'accusation de racisme
La thèse de l’origine nordique circum-polaire et la blondeurPour Jean Haudry les Indo-européens auraient une origine géographique circum-polaire. L'essentiel de cette thèse trouve sa source dans une étude approfondie de leur cosmogonie originelle . Haudry, lui-même, rapproche ces lointaines origines des cultures du sud de la Baltique à l'âge mésolithique (Culture de Maglemose). Cette cosmologie n'est pas reconstituée, comme on l'a soutenue faussement, d'après les seuls Védas, mais principalement en comparant données indiennes et grecques.La thèse défendue par Haudry à propos de l’origine des indo-européens ne rencontre pas l’assentiment de la plus grande partie de la communauté scientifique, même si elle est parfois évoquée par certains de ses élèves comme Philippe Jouet. - Pour Bernard Sergent les indices invoqués par Haudry pour soutenir son hypothèse ne sont pas recevables, car « Il s'agit uniquement de traditions, de mythes — et de leur interprétation toute suggestive sous la plume d'Haudry. Ainsi, dans la mythologie celtique irlandaise, les dieux, les Tuatha Dé Danann, ont appris leur science, leurs pouvoirs, leur sagesse, dans les « îles au nord du monde » (Falias, Findias, Gorias et Murias) : l'auteur renvoie ici à l'ouvrage, remarquable, de Françoise Le Roux et Christian-J. Guyonvarc'h, Les Druides 13. Il les a mal lus : pour ces auteurs, et pour quiconque connaît un peu le fonctionnement de la pensée mythique, les « îles au nord du monde » ne sont nullement des lieux réels — passés ou présents — mais un mythème qui s'analyse en fonction du symbolisme cosmique des anciens Celtes. ».
- Selon, M.L. West, dans son compte-rendu de La Religion cosmique des Indo-Européens pour The Classical Review la localisation arctique des indo-européens proposée originellement par Lokamanya Bâl Gangâdhar Tilak en 1903 et reprise par Haudry est une « stupidité » (daftness) qui ne tient pas compte de ce que l’on peut déduire par ailleurs du mode de vie des indo-européens, ni des autres arguments proposés lors de la recherche de leur origine. Le manque de méthode critique et de jugement de l’ouvrage sont aussi notés ainsi que son usage désinvolte des sources.
- Iaroslav Lebedynsky parle d’hypothèse « fantaisiste », et juge curieux que Haudry ait tenté de la remettre à l’honneur
- Selon Bernard Sergent, les analyses d’Haudry sur la religion des indo-européens tendant à placer leur origine vers les régions polaires reposent sur des arguments qui sont le « comble de l’absurde ». Selon B. Sergent, si l’assimilation faite par Haudry d’Hèra à l’année est convaincante, la thèse des trois cieux qu’il développe « ne résiste pas à la critique » et sa « factuelle est extrêmement mince » et son ouvrage sur la religion des indo-européens est entaché de graves erreurs méthodologiques et n’hésite pas à pratiquer la manipulation de documents
- Selon Jean Batany, pourtant défenseur d’Haudry face aux critiques sur ses positions politiques, « La « thèse arctique » repose sur des arguments bien discutables », en particulier l’homologie de l’aurore et du printemps peut s’expliquer par un climat tempéré et non pas seulement un climat polaire
- P. Flobert, malgré un compte rendu positif du « Que sais-je ? » sur les Indo-européens, juge les considérations sur une origine dans le Grand Nord prématurées et fragiles.
Selon une autre de ses thèses, les Proto-indo-européens sont blonds. Mais, que les Dieux et les héros de ces peuples fussent blonds, peut, peut-être, seulement se rapporter à leur nature céleste (les Dieux sont « ceux du jour brillant »), le blond, ou le roux, manifestant dans leur chevelure leur éclat et origine solaires. Néanmoins, les momies trouvées dans le Tarim ont assez souvent une chevelure blonde ou rousse que les archéologues associeraient volontiers à leurs origines indo-européennes (langue et culture tokhariennes). Publications- L'Emploi des cas en védique. Introduction à l'étude des cas en indo-européen, Lyon, Éditions l'Hermès, « Les Hommes et les lettres », 1977. (ISBN 2-85934-018-1)
- L'Indo-européen, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1979 ; rééd. 1984 ; 1994. (ISBN 2-13-036163-3)
- Les Indo-Européens, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1981 ; rééd. 1985 ; 1992. (ISBN 2-13-037090-X)
- Préhistoire de la flexion nominale indo-européenne, Lyon, Institut d'études indo-européennes, 1982.
- La Religion cosmique des Indo-européens, Milan et Paris, Archè / Les Belles lettres, « Études indo-européennes », 1987. (ISBN 2-251-35352-6)
- avec Bernard Demotz (dir.), Révolution, contre-révolution, Actes du colloque, Lyon, 1989, organisé par le Centre d'histoire et d'analyse politique et Tradition et modernité, Paris, Les Éditions du Porte-Glaive, « Alétheia », 1990. (ISBN 2-906468-17-7)
- (éd.), Questions créoles, questions linguistiques, Actes de la table ronde de novembre 1989 organisée par le Centre d'études linguistiques Jacques Goudet, Lyon, Université Lyon III, Jean Moulin, Série sociolinguistique, 1991. (ISBN 2-908794-01-2)
- avec Brigitte Horiot (éd.), Mélanges de linguistique offerts à Jacques Goudet, Lyon, Université Lyon III, Jean Moulin, Centre d'études linguistiques Jacques Goudet, 1997. (ISBN 2-908794-08-X)
- Juno Moneta. Aux sources de la monnaie, Milan et Paris, Archè / Edidit, « Études indo-européennes », 2002. (ISBN 88-7252-224-2)
Liens externesNotes et références..
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