John Michael Hawthorn (né le
10 avril 1929 à Mexborough, dans le
Yorkshire, en
Angleterre - mort le
22 janvier 1959 dans un accident de la route) était un
pilote automobile anglais. Célèbre pour le noeud papillon qu'il arborait en compétition, il est devenu en 1958 au volant d'une
Ferrari le premier pilote britannique à remporter titre de
champion du monde de
Formule 1. Il est également connu pour son implication controversée dans le drame des 24 heures du Mans 1955, course qu'il remporta sur une
JaguarBiographie
Une ascension fulgurante
Mike Hawthorn quitte les études à l'âge de 17 ans pour se lancer dans la compétition. Il ne fait que suivre l'exemple de son père Leslie, passionné de sport mécanique et qui lui même couru à un niveau amateur des compétitions motocyclistes. Avec l'argent économisé grâce à son emploi de mécanicien dans un garage de Guildford, il s'achète une moto en 1947 qu'il engage avec succès dans des épreuves de trials. Avec l'aide de son père, il passe rapidement à l'automobile et accède en 1951 à des compétitions de Formule 2 au volant d'une Cooper Bristol. En 1952, il participe également à plusieurs épreuves du championnat du monde des pilotes, qui se dispute cette année-là sous la règlementation
Formule 2 et non
Formule 1. Plusieurs exploits du jeune Britannique (3
e du Grand Prix de Grande-Bretagne, 4
e en Belgique et aux Pays-Bas) attirent l'oeil des écuries les plus prestigieuses. C'est tout d'abord Jaguar qui lui propose un volant dans son équipe d'endurance puis la
Scuderia Ferrari qui lui offre une place en championnat du monde. Hawthorn décide de prendre le chemin de l'Italie, devenant le premier pilote de son pays depuis Richard Seaman dans les années 1930 à rejoindre une écurie officielle en Grand Prix.
Deux saisons chez Ferrari
La saison 1953 est dominée par Ferrari, mais le jeune Hawthorn subit le plus souvent la loi de son coéquipier, le champion en titre
Alberto Ascari. Il s'avère néanmoins un précieux coéquipier face à la montée en puissance de l'armada
Maserati emmenée par l'Argentin
Juan Manuel Fangio. L'affrontement Ferrari-Maserati culmine à Reims, à l'occasion du Grand Prix de France, présentée par les journalistes de l'époque comme « la course du siècle ». Pour une fois, Ascari faillit dans son rôle de leader de la Scuderia, ce qui semble ouvrir la porte au premier succès d'une Maserati, avec Fangio au volant. Mais Hawthorn se montre à la hauteur de l'événement et au prix d'une manoeuvre audacieuse, souffle la victoire au
Maestro argentin dans le tout dernier virage de la course. Avec deux autres podiums durant l'année, il se classe à la quatrième place du championnat du monde. Devenu le leader de la Scuderia suite au départ chez d'Ascari chez Lancia, il réalise une saison 1954 de qualité et décroche un deuxième succès en Grand Prix, cette fois en Espagne, mais est globalement impuissant sur l'ensemble de l'année face aux irrésistibles « Flêches d'Argent »
Mercedes.
Le drame des 24h du Mans
Réussie d'un point de vue sportif, son année 1954 aura par contre été douloureuse d'un point de vue personnel. Mike a tout d'abord le malheur de perdre son père, tué dans un accident de la route. Il est ensuite la cible d'une violente campagne médiatique orchestrée par les tabloïds de son pays qui lui reprochent de ne pas avoir rempli ses obligations militaires (Hawthorn avait été réformé en raison d'une insuffisance rénale chronique) et de préférer se couvrir de gloire en faisant gagner des voitures étrangères plutôt que défendre sa patrie. Pour des raisons essentiellement personnelles (notamment la gestion du garage familial) Hawthorn décide donc de ne pas renouveler son contrat avec Ferrari et de revenir en Angleterre pour la saison 1955. Si ce choix le condamne à faire de la figuration en Formule 1 puisqu'il ne trouve pas mieux que la modeste écurie
Vanwall pour l'accueillir, il lui permet d'intégrer enfin la puissante équipe Jaguar en endurance, où il remplace
Stirling Moss parti chez
Mercedes.
Pour Hawthorn comme pour Jaguar, le grand rendez-vous de l'année est prévu aux 24 Heures du Mans, où est attendu un affrontement au sommet entre les armadas Jaguar, Ferrari et Mercedes. Après un feu de paille de la Ferrari de l'équipage Castellotti-Marzotto, le début de course est marqué par le duel au sommet que se livrent Juan Manuel Fangio (Mercedes) et Mike Hawthorn. Chose rare dans une épreuve d'endurance, les deux hommes se battent sur un rythme de Grand Prix, refusant de concéder le moindre dixième de seconde. A l'issue du 35e tour, il est prévu chez Jaguar d'arrêter Hawthorn pour un ravitaillement. Cela n'empêche pas le pilote britannique, qui a quelques longueurs d'avance sur Fangio, de poursuivre sur un rythme élevé. Avant de rentrer aux stands, il prend un tour à la Mercedes du Français Pierre Levegh, puis dépasse l'Austin Healey (une voiture d'une catégorie inférieure) de son compatriote Lance Macklin avant d'obliquer sur sa droite vers l'allée des stands, déclenchant sans le savoir l'horreur derrière lui. Visiblement surpris par la manoeuvre d'Hawthorn, Macklin est obligé de faire un écart à gauche que n'a pas anticipé Levegh qui arrivait juste derrière lui. Levegh a tout juste le temps de lever le bras pour avertir Fangio (c'est du moins ce que dira le pilote argentin) mais décolle sur l'Austin. La Mercedes retombe sur le talus en terre séparant la piste des tribunes mais sous l'impact, plusieurs éléments dont le moteur et le train avant sont catapultés dans les tribunes, tuant plus de 80 personnes. Levegh est également tué sur le coup, tandis qu'un gendarme est fauché par la voiture en perdition de Macklin.
La course poursuite entre la Mercedes de l'équipage Moss-Fangio (lequel est miraculeusement parvenu à passer au travers du chaos) et la Jaguar de l'équipage Hawthorn-Bueb continue jusqu'à ce que durant la nuit, la direction de Mercedes à Stuttgart ordonne le retrait des deux Flèches d'Argent encore en course, dont celle de Moss-Fangio, alors en tête. Sans rivaux, Hawthorn et Bueb remportent donc la course. Face à un drame d'une telle ampleur, les médias et l'opinion publique s'empressent de rechercher des responsabilités. Pour sa manoeuvre de rentrée aux stands, Hawthorn est évidemment pointé du doigt. Mais l'enquête officielle le mettra hors de cause, concluant à un fait de course.
Passage à vide en Formule 1
Comme prévu, sa saison de F1 tourne au fiasco. La Vanwall s'avère peu compétitive et au bout de quelques laborieuses participations, Hawthorn parvient à casser son contrat d'un commun accord avec son employeur. Il reçoit une offre de Lancia pour remplacer Ascari qui s'est tué, mais les soucis financiers de l'équipe italienne ne permettent pas à l'accord de se concrétiser. Ayant conservé d'excellents rapports avec
Enzo Ferrari, c'est donc au sein de la Scuderia qu'il termine la saison, mais sans résultats notables, l'écurie au cheval cabré traversant elle aussi une grave crise financière.
Toujours attaché à l'idée de rester en Angleterre, il se laisse tenter en 1956 par le très patriotique projet British Racing Motors, un constructeur dont le projet est de fédérer les compétences de tout ce que le Royaume-Uni compte comme spécialistes de sport automobile. Ironiquement, ce n'est pas sur la BRM (un fiasco) qu'il obtient son meilleur résultat, mais sur la Maserati engagée par son équipe en début d'année en Argentine et avec laquelle il décroche son seul podium de l'année.
Retour victorieux chez Ferrari
En 1957, il rejoint pour la troisième fois la Scuderia Ferrari. Ce retour au sein de l'écurie championne du monde en titre (avec Fangio, qui est parti durant l'hiver) s'avère plus compliqué que prévu, justement parce que Fangio, parti chez Maserati, domine les débats de toute sa classe. L'impuissance de Hawthorn à son égard culmine à l'occasion du Grand Prix d'Allemagne, lorsque pourtant forts d'une avance de plus de 35 secondes à la mi-course, Hawthorn et son coéquipier Peter Collins se font mystifier par le vétéran argentin.
En 1958, suite à la semi-retraite de Fangio, Ferrari a enfin la voie libre. Régulier à défaut d'être particulièrement brillant (une seule victoire, au Grand Prix de France, où dans un geste chevaleresque, il refuse d'infliger un tour de retard à Fangio qui dispute la dernière course de sa carrière), Mike Hawthorn prend la tête du championnat à mi-saison et s'impose finalement d'un point devant son compatriote Stirling Moss. Les observateurs ne manquent pas de faire remarquer que Hawthorn, largement dominé par Moss lors de l'épreuve décisive à Casablanca ne doit son salut qu'aux consignes d'équipe et à la discipline de son nouvel équipier, l'Américain Phil Hill, lequel céda à l'Anglais sa deuxième place en fin de course. Dans les jours qui suivent, le néo-champion du monde crée la surprise en annonçant qu'il met un terme à sa carrière. Très éprouvé par les accidents mortels en cours d'année de ses équipiers Luigi Musso et Peter Collins (lequel était un ami proche) ainsi que par celui de Stuart Lewis-Evans, il explique ne plus éprouver de plaisir à être un pilote de course. Selon le témoignage de proches, s'y ajoute également la détérioration de son état de santé due à son insuffisance rénale.
Hawthorn ne profitera pas longtemps de sa retraite puisque le 22 janvier 1959, sur une route de campagne humide, il perd le contrôle de sa puissante Jaguar, heurte une camionnette, avant de s'encastrer dans un arbre. Grièvement blessé à la tête, il meurt avant l'arrivée des secours. Les circonstances de cet accident n'ont jamais été totalement élucidées, si ce n'est que l'on sait qu'il avait rencontré son ami Rob Walker (propriétaire d'une écurie de Formule 1) et avait semble-t-il improvisé une course avec la Mercedes de ce dernier. On parlera d'un accélérateur bloqué ou encore d'une monte pneumatique inadaptée à une route mouillée.
Articles connexes
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Lien externe
- Article Mike Hawthorn sur WikiF1