Mountain Wilderness est une association internationale dont le but principal est la « sauvegarde de la montagne, sous tous ses aspects. » Mountain Wilderness est une ONG, dotée de sections nationales.
En France, Mountain Wilderness est reconnue d'utilité publique depuis le 17 septembre 2007.
Historique
Mountain Wilderness est avant tout la formalisation d'un état d'esprit dans une structure collaborative. L'objectif de départ était de permettre aux
alpinistes du monde entier de se regrouper pour pouvoir engager des actions concrètes de défense de la montagne. Fondée sur des valeurs partagées par une communauté de pratiquants de la montagne, l'association voit le jour sous la forme d'un regroupement international en 1987. Lors du congrès fondateur, un texte définissant valeurs et objectifs de l'association est adopté et publié sous le nom de « Thèses de Biella. » Mountain Wilderness met en avant les points suivants :
- la notion de wilderness est une part importante de l'équilibre naturel, équilibre que l'homme menace consciemment ou non par sa présence et ses activités ;
- à l'échelle individuelle, de l'alpiniste chevronné au pratiquant occasionnel de la montagne, tous doivent être informés et encouragés à adopter des pratiques respectueuses de la montagne et des autres ;
- les élus doivent être conseillés et sensibilisés aux problèmes et enjeux relatifs à la montagne ;
- de façon plus générale, une culture et un respect de la montagne sont à promouvoir, pour assurer la sauvegarde ou le retour à un équilibre entre activités humaines et survie des montagnes.
Mountain Wilderness est donc premièrement le regroupement d'alpinistes de tous niveaux et de tous horizons dans une association de défense de l'environnement ; l'esprit au sein des sections nationales en est cependant parfois plus proche du club d'alpiniste que de l'association. Plusieurs actions de terrains amènent les membres actifs à réaliser des ascensions ou à parcourir la montagne, en plus des actions administratives et cityoennes. L'ascension du Mont Blanc en 1998 avec des parlementaires italiens, suisses et français, pour soutenir la protection internationale du Mont Blanc, est un exemple d'engagement bien particulier de l'association.
Au-delà des actions spectaculaires de ce type, Mountain Wilderness s'est donnée pour objectif d'inciter tout un chacun à réfléchir sur sa pratique de la montagne et son rapport à la Nature en général. L'association, par la voix de ses garants et d'alpinistes reconnus, cherche à remettre en question le consumérisme et l'état d'esprit propriétaire qui semble avoir gagné, non seulement les montagnes, mais la société occidentale dans son ensemble. Ce débat, menant parfois à des actions de protestation critiquées, se formalise également dans des dossiers concrets, tels que l'urbanisation des vallées ou les pratiques de sports mécanisés en montagne. Dans tous les cas, la notion de wilderness est au coeur des actions engagées par ses membres.
Wilderness
La dénomination anglaise de l'association,
Mountain Wilderness (
wild se prononce « ouilde » et non « waïlde »), renvoie au concept d'un territoire de montagne vierge de toute présence et activités humaines. Cette réalité s'étiolant, le sens courant du mot se rapporte plus justement aux espaces préservés
au plus près de leur état naturel. Il s'agit sans doute d'une image, porteuse d'un idéal et source d'une ligne de conduite. L'association oeuvre principalement sur des dossiers où la montagne dans son ensemble est, selon ses membres, mise en danger par l'homme pour diverses raisons : urbanisation, développement déraisonné des activités touristiques, atteinte à la tranquillité de la faune et de la flore...
La définition et les enjeux de la wilderness telle qu'envisagée par Mountain Wilderness sont développés dans un dossier consacré à ce thème.
Actions
Mountain Wilderness a engagé plusieurs types d'actions. Au niveau international, des actions ponctuelles sont organisées pour mettre en application les engagements formulés dans les Thèses de Biella : nettoyage du
K2 en 1990, formations ciblées en
Himalaya et en
Afghanistan, etc.
Les sections nationales mènent des actions de concertations et lobbying dans les projets d'aménagement, organisent des opérations ponctuelles et assurent le bon fonctionnement de l'association.
Sections nationales
Moutain Wilderness est dotée d'associations nationales affiliées à l'association internationale. Ces sections « locales » s'investissent principalement dans les dossiers nationaux. Sections nationales existantes à ce jour :
Créations de sections à l'étude :
France
La section française est présidée par Jean-Pierre Courtin, qui a succédé à Olivier Paulin en mars 2005. L'association est reconnue d'utilité publique. Elle organise plusieurs actions et participe en tant qu'ONG aux débats sur les aménagements en montagne, sur les
parcs nationaux... Dans le cadre de la sauvegarde du massif du Mont Blanc, Mountain Wilderness France travaille fréquemment avec les sections suisses et italiennes, notamment à la promotion du projet de zone protégée transnationale dans le massif.
Actions et projets de la section française :
- « Silence ! », campagne d'actions contre le bruit en montagne et les dégâts liés à l'utilisation des 4x4, quads, hélicoptères... ;
- groupe de travail sur le transit international et le transport en montagne ;
- soutien du projet de Parc national dans les Calanques ;
- protection du Mont Blanc et du massif italo-franco-suisse ;
- actions ponctuelles de nettoyage de sites ;
- actions de lobbying dans les projets d'aménagements et d'urbanisation en montagne ;
- ...
Critiques
L'association Mountain Wilderness, dans son action comme dans son discours, est critiquée par plusieurs acteurs de la montagne. Dans les actions de
lobbying liées aux projets d'aménagements de la montagne, des groupes financiers ou des entreprises ont pointés du doigt le refus de compromis de l'association. Les actions pour la préservation du silence en montagne provoquent des réactions hostiles chez les pratiquants des activités motorisées (4x4, héliski...)
L'accusation d'élitisme est souvent portée contre l'association, dont les opposants critiquent le souhait d'accaparation de la montagne par une communauté de pratiquants, bridant la liberté des autres. L'association répond à cette critique en insistant sur le fait que son action d'éducation a au contraire pour objectif d'amener le plus de gens possible vers une pratique respectueuse de la montagne. Cette « pratique respectueuse » telle que formulée dans les Thèses de Biella reste le point de désaccord fondamental entre partisans et opposants à l'association, et a un plus large niveau, une fracture souvent inconsciente séparant les consommateurs de loisirs de montagnes et les autres. Par ailleurs, une part non négligeable d'habitants du domaine montagnard tirent leurs revenus des activités dénoncées par l'association : ainsi, les actions menées ne rencontrent pas toujours un support unanime au sein même des locaux.
Au-delà de ces clivages d'intérêts, Mountain Wilderness, et bien d'autres associations de défense de l'environnement, cristallise un débat de société relatif à la place de l'homme dans son milieu naturel. Ces questions ont à voir non seulement avec les pratiques les plus courantes (loisirs, habitat...) mais aussi, et peut-être surtout, s'inscrivent dans une perspective anthropologique de plus long terme, questionnant non sans anxiété sur l'avenir d'un homme colonisateur de son Espace vital et de celui des autres espèces.
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