La
Pornographie gay ou
pornographie homosexuelle consiste en la représentation d'actes sexuels entre
hommes uniquement ou entre
femmes uniquement, dans le but d'exciter sexuellement. Néanmoins, la représentation de relations
lesbiennes étant très courante dans les oeuvres pornographiques à destination du public hétérosexuel -auquel les films ou livres représentant uniquement des actes de lesbianisme peuvent être éventuellement destinés-, le terme de "pornographie gay" désigne majoritairement les représentations de l'homosexualité masculine, destinées principalement à un public d'hommes homosexuels ou
bisexuels. En général, la
Pornographie a reflété l'
Hétérosexualité de la culture dominante ; par contre, les représentations
homosexuelles ont une longue histoire qui remonte jusqu'à l'
Antiquité grecque, voire la
Préhistoire. Divers médias ont été utilisés pour représenter la sexualité entre hommes, quoique de nos jours l'industrie du porno
gay se concentre majoritairement sur la création de
vidéos. Le porno gay constitue une très grande portion de l'industrie pornographique. Elle a attiré moins d'attention que le porno hétéro dans les débats anti-pornographie et est souvent considéré comme une force significative dans la culture gay.
Histoire
Des années 1940 aux années 1960
L'homosexualité était interdite dans plusieurs états américains, et la pornographie aussi. Les images pornographiques étaient surtout des dessins diffusés sous le manteau, comme ceux de
Tom of Finland ou
Jean Cocteau, et des photographies de culturistes dans les magazines spécialisés (surnommés Beefcake magazines).
L'un de ces magazines, Athletic Model Guild (AMG) fondé par le photographe Bob Mizer in 1944 à Los Angeles, est connu pour son homoérotisme. Un docu-fiction a été réalisé sur ce magazine : Beefcake (Thom Fitzgerald, 1999).
Dans les années 1960, ce sont des films expérimentaux qui contiennent des scènes entre hommes ou expriment des fantasmes homosexuels : par exemple Scorpio Rising]] (1963) de Kenneth Anger , My Hustler d'Andy Warhol (1965), ou Flesh (1968) de Paul Morrissey.
La libération sexuelle
Les lois américaines permettent de commercialiser les films pornographiques. Le premier film connu est
Boys in the Sand de Wakefield Poole, avec
Casey Donovan, première star de porno gay, en 1971.
Les films sont diffusés dans les cinémas pornographiques. Ils reflètent leur époque, les lieux de rencontres comme les plages, les saunas (Glory hole). Les pratiques sexuelles sont très libres, non protégées puisque le Sida n'a pas fait son apparition (sodomies, sperme avalé).
Avec la libération sexuelle des années 1970, des magazines érotiques montrant des hommes nus pour les femmes, qui intéressent aussi les hommes homosexuels. Il faut attendre 1979 pour la parution de Gai pied.
Les années 1980 : le Sida et la vidéo
La technologie de la
Vidéo a transformé l'industrie pornographique. Les vidéos sont devenus facilement accessibles. Le réalisateur
Jean-Daniel Cadinot commence à tourner de nombreux films considérés comme de qualité par rapport à la production dominante. De grandes sociétés de production s'imposent, comme
Falcon Videos.
L'apparition du SIDA a énormément affecté la vie des homosexuels. Il est devenu plus sûr de regarder des vidéos dans les sex-shops ou chez soi. Le Préservatif et le safe sex s'est imposé, et les godemichés prennent une autre dimension. les acteurs, touchés par le sida, décèdent, comme Casey Donovan ou Al Parker.
Les pratiques sexuelles changent dans le cinéma porno, mais il rencontre de plus en plus de succès. Les hommes ont une apparence jeune et musclée, et les acteurs se divisent en top ("actifs") et bottom ("passifs"). Dans les grands studios (Falcon, Colt) et chez certains réalisateurs (comme Chi Chi LaRue), les images et la réalisation sont de qualité, les acteurs sont des professionnels bodybuildés et bien membrés. Pour les assister, ils peuvent avoir un "fluffer" qui les met en érection pour une scène. Certains acteurs ont beaucoup de succès comme Jeff Stryker ou Joey Stefano. Les acteurs actifs se prétendent souvent hétérosexuels, on les nomme les "gay for pay" (homosexuels pour de l'argent).
Les années 1990 et la diversification du marché
L'industrie se diversifie beaucoup avec plusieurs
Niche de marché. Les vidéos sont réalisées pour tous les goûts. Les films peuvent se classer suivant les pratiques, les types d'acteurs et le public. Il y a les films SM, fétichistes,
transsexuels,
bear, ... En France, Jean-Noël René Clair se spécialise dans le fétichisme et les films de "solos" (masturbation).
Les films pornographiques Gays ethniques se développent beaucoup. Aux États-Unis, la branche majeure est représentée par les vidéos Latinos, avec un acteur comme Tiger Tyson. En Europe, la compagnie Bel Ami ne produit que des films avec de jeunes hommes imberbes. En France, les productions Citébeur popularisent les films autour d'acteurs d'origine maghrébine.
Les années 2000 et la démocratisation d'internet
L'industrie porno a toujours beaucoup utilisé les nouvelles technologies. Après avoir lancé la VSH et le DVD, les chaînes câblés, c'est internet qui a permis l'envolée du porno avec des sites comme
Citébeur qui sont spécialisé sur le sujet. Cela à aussi permis la diffusion d'auteur de porno par eux-même : pornographie dessinée
Logan par exemple et aussi la pornographie amateur. On ne compte plus les sites ou chacun s'exhibe pour le bonheur de tous. En France, un site propose de l'amateur mais non solo GayPartouze qui démocratise le mouvement.
Critiques de la pornographie gay
Le cinéma porno gay, par ses différences avec le cinéma porno hétérosexuel, n'a pas fait l'objet des mêmes critiques.
Ne mettant en scène que des hommes, cette industrie ne se rend pas coupable d'exploitation des femmes. Elle n'est donc pas visée par les critiques des féministes. Les hommes sont considérés comme égaux entre eux. Cependant, dans la mesure où des rôles sexuels très figés règlent le jeu dans plusieurs films, on a pu critiquer la valorisation de l'homme actif qui domine l'autre. Depuis les années 1990 cependant, les acteurs des grandes sociétés ont plus tendance à alterner les rôles et à tenir indifféremment le rôle passif ou actif. On nomme cette attitude "versatility" en anglais.
Les scénarios peuvent jouer sur des fantasmes d'agression. Les films SM présentant des pratiques fétichistes (urophilie) ou extrêmes comme le Fist-fucking sont critiqués. Certains les acceptent pour la raison que les acteurs sont consentants, mais se méfient des actes violents qui peuvent apparaître. Si les actes sont acceptés, parfois c'est le message idéologique qui est critiqué. Par exemple, le réalisateur canadien Bruce LaBruce se plaît à provoquer en mettant en scène des skinheads gays.
Enfin, après l'apparition du SIDA, certains studios ont tardé à intégrer les moyens de protection, ou poussé les acteurs à ne pas les utiliser. Les plus critiqués sont ceux qui produisent des films avec des relations bareback, sciemment non protégées. L'association Act Up entre autres accuse ces films de participer à l'épidémie.
Acteurs célèbres
Article détaillé : .Films célèbres
Années 1970
- Boys in the Sand (Wakefield Poole, 1971)
- Premier film pornographique gay à avoir un succès public, il a été diffusé dans plusieurs festivals de cinéma.
- The Back Row (Jerry Douglas, 1972)
- Premier film d'un réalisateur primé, il figure dans "les 100 plus grands films gay pour adultes jamais réalisés" dUnzipped Magazine (2005).
- L.A. Plays Itself (Fred Halsted, 1972)
- Ce film est gardé dans les archives du MoMA de New York.
- Nights in Black Leather (Richard Abel et Peter Berlin, 1973)
- Falconhead (Michael Zen, 1977)
- Il figure dans "les 100 plus grands films gay pour adultes jamais réalisés" dUnzipped Magazine (2005).
- Dune Buddies (Jack Deveau, 1978) Hand in Hand Films
- Film d'un important réalisateur de l'époque, tourné à Fire Island,dont des extraits apparaissent dans le film documentaire Gay Sex in the 70s.
Trilogie de Joe Gage:
- Kansas City Trucking Co.] (1976)
- El Paso Wrecking Corps. (1977)
- L.A. Tool & Die (1979)
- The Other Side of Aspen 1-5 (Bill Clayton (1-2), John Rutherford (3-5), 1979-2001) Falcon Studios
- L'un des 10 grands films gays dAdult Video News
Années 1980
- The Bigger The Better (Matt Sterling, 1984)
- L'un des 10 grands films gays dAdult Video News
- L'un des meilleurs films de l'influent réalisateur français.
- My Masters (Christopher Rage, 1986)
- Des artistes se sont dits influencés par ce film.
- Powertool (John Travis, 1986)
- L'un des 10 grands films gays dAdult Video News, avec Jeff Stryker
- Big Guns (William Higgins, 1988) Catalina Video
- L'un des 10 grands films gays dAdult Video News
- Carnival in Rio (Kristen Bjorn, 1989)
Années 1990
- Idol Eyes (Matt Sterling, 1990) Huge Video
- Film avec Ryan Idol.
- More of a Man (Jerry Douglas, 1994) All Worlds Video
- Film avec Joey Stefano et Chi Chi LaRue dans un rôle non-sexuel.
- Il figure dans "les 100 plus grands films gay pour adultes jamais réalisés" dUnzipped Magazine (2005).
- Frisky Summer 1-4 (George Duroy, 1995-2002) Bel Ami
- L'un des 10 grands films gays dAdult Video News
- Flesh and Blood (Jerry Douglas, 1996) All Worlds Video
- L'un des 10 grands films gays dAdult Video News
- Naked Highway (Wash West, 1997)
- Le récit et les qualités esthétiques de ce film en font un exemple représentatif d'une nouvelle génération de réalisateurs. L'un des 10 grands films gays dAdult Video News
- Three Brothers (Gino Colbert, 1998) Gino Pictures
- Il figure dans "les 100 plus grands films gay pour adultes jamais réalisés" dUnzipped Magazine (2005).
- Descent (Steven Scarborough, 1999) Hot House Entertainment
- Vidéo présentant de rares qaulités artistique, elle créa une polémique lorsque le Canada voulut interdire sa distribution.
- Film célèbre d'un réalisateur underground, diffusé dans les festivals de cinéma.
- Fallen Angel (Bruce Cam, 1997) Titan Media
- Il figure dans "les 100 plus grands films gay pour adultes jamais réalisés" dUnzipped Magazine (2005).
Années 2000
- DreamBoy (Max Lincoln, 2003) Eurocreme
- Inaugure une série de films du même genre.
- Michael Lucas' Dangerous Liaisons (Michael Lucas, 2005) Lucas Entertainment
- Meilleure production de ce réalisateur, vu comme une adaptation de Les Liaisons dangereuses (1782), et un Remake de Dangerous Liaisons (1988).
- Dawson's 20 Load Weekend (Paul Morris, 2004) Treasure Island Media
- Film controversé pour son utilisatin de sexe bareback.
- Le plus long film d'un réalisateur célèbre à la carrière prolifique.
- Wet Palms Season One (Matthew Moore, 2004-06) Jet Set Productions
- Réalisé pour la distribution en ligne, sur le modèle des soap operas.
- Tranny and Me The Series (Patrik Mizer, 2004-06) Riverside Productions
- Film sur les relations sexuelles d'un travesti.
Notes
Bibliographie
- Michael Bronski, Pulp Friction, L’âge d’or de la littérature gay américaine, Paris, Le Pré aux Clercs, 2004.
- (en) John R. Burger, One-Handed Histories : The Eroto-Politics of Gay Male Video Pornography, New York, Haworth Press, 1995.
- Charles Isherwood, La Manne, l'extase : Vie et mort de Joey Stefano, Paris, Balland, 2000.
- René-Paul Leraton, Gay Porn, le film porno gay : histoire, représentations et construction d'une sexualité, Montblanc, H&O, 2002.
- (en) Todd G. Morrison (dir.), Eclectic Views on Gay Male Pornography : Pornucopia, Binghamton, Haworth Press, 2004.
- Têtu n° 63, janvier 2002 : "le meilleur du X gay".
- (en) Thomas Waugh, Hard to Imagine : Gay Male Eroticism in photography and Film from Their Beginning to Stonewall, New York, Columbia University Press, 1996.
Liens internes
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