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Robert Jospin est un militant et un homme politique français, né le
9 juin 1899, à
Saint-Quentin dans l'
Aisne et décédé le
9 mai 1990.
Il est le père de Lionel Jospin, ancien Premier ministre français, et de Noëlle Châtelet, écrivain.
Origine
Tenté un temps par le pastorat protestant, il a préféré l'enseignement. Il n'a pas achevé ses études à la faculté théologique protestante de Paris, mais il est devenu, avant la guerre, le secrétaire général adjoint des Unions chrétiennes de jeunes gens, une organisation de jeunesse protestante. De sa rencontre avec Victor Méric et
Roger Monclin dans les années 1920, naîtra sa collaboration à la presse libertaire : «
La Patrie humaine », «
Le Réfractaire », «
Le Libertaire », etc.
Pacifisme
Quatre ans après le
Congrès de Tours, en 1924, cet anticommuniste viscéral a aussi adhéré à la SFIO. Une SFIO où, après avoir débuté dans le courant le plus à gauche, il se rapproche du courant pacifiste des «
Paul-Fauristes ». Dans les années 1930, il devient un des dirigeants de la « Ligue des combattants de la paix », la plus intégriste des organisations pacifistes. Elle n'a qu'un mot d'ordre : « Non à toutes les guerres ». Il est candidat aux législatives dans l’Indre en 1936. En
1939, il devient, à quarante ans, secrétaire général de la Ligue des combattants de la paix, il multiplie les articles dans
La patrie humaine, qui déclare « la guerre à la guerre ».
Parcours pendant la Seconde Guerre mondiale
Lors de la Seconde Guerre mondiale, Robert Jospin réside en
Zone occupée. Il est dans l'étroite mouvance de la « Ligue de la pensée française », une organisation néopacifiste présidée par
René Chateau, qui fonctionne avec l'autorisation des services allemands. Cette «
ligue » ne défend pas une idéologie fasciste, mais avec la participation de dirigeants du « Rassemblement national populaire » de
Marcel Déat, elle soutient sans trop d'ambiguïté la politique de
Pierre Laval, qui a toujours pris soin de se ménager quelques appuis parmi les anciens socialistes pacifistes dans ses combats contre
l'amiral Darlan et contre l'entourage
maurrassien du
Maréchal Pétain. En
1942, il subit une courte arrestation pour avoir aidé des résistants. En avril
1944, les stratèges de l'ambassade d'Allemagne à Paris décident de lancer une nouvelle publication,
Germinal, destinée à fédérer certains « collaborateurs de gauche ». Financé par le trust allemand Hibberlen, qui édite déjà
La France au travail,
L'OEuvre, et les
Nouveaux Temps. Le premier numéro de
Germinal apparaît dans les kiosques le
28 avril 1944. Sous son titre, ce bandeau : « Hebdomadaire de la pensée socialiste française ». Tous les rédacteurs sollicités ou presque sont des enseignants et d'anciens membres de la SFIO passés par le pacifisme. Parmi eux : Robert Jospin,
Claude Jamet, ancien secrétaire fédéral de la SFIO et ancien professeur,
Paul Rives, député socialiste de l'Allier (1932-1942), et le plus connu,
Ludovic Zoretti, universitaire, ancien responsable de la CGT et de la SFIO, où il fut l'adversaire acharné de
Léon Blum, « le belliciste ».
Germinal ne comptera que quinze numéros. Très vite, Robert Jospin s'en éloigne en expliquant dans une lettre à son rédacteur en chef
Claude Jamet : « J'ai essayé tout ce dimanche de travailler au papier dont nous avions parlé. Je n'ai pas pu. Je ne crois pas la chose convenable, compte tenu de ce qu'ont été nos erreurs et peut-être nos crimes ». À
Meudon, où réside sa famille, le
27 mai 1944, Robert Jospin accepte d'être nommé conseiller municipal par le préfet lavaliste de
Seine-et-Oise. Il ne participera qu'à deux réunions de l'équipe municipale, à l'ordre du jour parfaitement anodin, les
29 juin et
12 août. Le
24 août,
Meudon est libérée par les FFI, et le maire et ses conseillers sont « épurés » et remplacés par des résistants du comité local de libération.
Après la guerre
Quelques semaines après la Libération, les nouveaux dirigeants de la SFIO décident de l'exclusion de Robert Jospin. Il devra attendre dix ans pour avoir le droit d'y militer à nouveau. Il rejoint alors logiquement le Parti socialiste démocratique de
Paul Faure, structure d'accueil des socialistes épurés. La guerre du moment est alors celle d'Algérie et, cette fois, Robert Jospin, en opposition avec son fils
Lionel, soutient la politique de
Guy Mollet. Entre-temps, Robert Jospin a renoué avec les milieux pacifistes et il participe, en
1951, à la fondation d'une revue,
La Voix de la paix, laquelle accueille et soutient, plusieurs années durant, l'ancien déporté
Paul Rassinier, futur père du négationnisme français. Sa carrière d'enseignant a évolué : il dirige désormais, à la Ferté-sous-Jouarre, une école spécialisée qui s'occupe de la jeunesse délinquante, jusqu'à sa retraite en
1966. En
1965, Robert Jospin, qui n'a jamais renoncé à son idéal
pacifiste ni à son
Anticommunisme, démissionne de la SFIO, après en avoir été un des secrétaires fédéraux, en Seine-et-Marne, quand
Guy Mollet est contraint d'appeler à voter
François Mitterrand, soutenu par le Parti communiste français. Il rejoindra «
l'Union Pacifiste ». Il devient membre du Parti social-démocrate, qui fusionnera en janvier
1985 avec le Parti socialiste démocrate, qui s'intégrera dans l'Union pour la démocratie française (UDF) de Valéry Giscard d'Estaing. Robert Jospin a épousé en premières noces Marie-louise Massat dont il a eu trois enfants, dont Maurice dit Mowgli Jospin (journaliste scientifique sous le nom de Pierre Barrault et tromboniste qui a enregisté avec Claude Luter et Sydney Bechet en 1949-50). Robert Jospin a épousé en secondes noces
Mireille Dandieu, dont il a eu quatre enfants : Olivier Jospin, Agnès Jospin,
Lionel Jospin,
Noëlle Châtelet (née Noëlle Jospin, épouse de François Châtelet). En 1989, Bernard Baissat a réalisé un film-portrait de 80 minutes sur Robert Jospin.