Roger Lenglet est philosophe et journaliste d'investigation. Il est né le 31 mars 1956 à Paris (France).
Biographie
Roger Lenglet naît à Paris en 1956 dans un milieu très modeste. Son père travaille en usine et sa mère reste au foyer. Tous deux sont athées et ne votent jamais. L’enfant grandit près de son frère, plus jeune d’un an, dans un petit appartement insalubre qui ne compte qu’une seule pièce, rue d'Alsace à Levallois Perret. "Mon terrain de jeu favori est alors le caniveau où coulent les eaux de vaisselle des voisins. Leurs flots aux couleurs changeantes drainent jusqu'à la bouche d'égout des détritus sans cesse renouvelés qui m'émerveillent. Je ne m'en lasse pas. Ce sont les premières réjouissances esthétiques dont je me souviens" explique-t-il dans le
Journal de mes absences (éditions Anousia, 1992).
Un séjour dans un établissement sanitaire à la campagne lui permet d'élargir son horizon et de découvrir que la nature recèle d'autres trésors. Ses parents le reprennent bientôt, à l’âge de six ans, pour s'installer dans une cité ouvrière à Nanterre. Sa scolarité primaire, semée d'embûches, lui apparaît comme "une longue période de rêveries où, las d'écouter un maître dont les paroles m'étaient à peu près inaudibles, je contemplais sans fin les traces noires laissées sur le sol par le talon de mes souliers ou les griffonnages que d'autres élèves avaient portés avant moi sur le pupitre, prisonniers de l'ennui" (propos de l'auteur sur France Culture, émission Le gai savoir en 2001). Il ignore à cette époque qu'il prépare déjà à sa manière un ouvrage qui sera un jour encensé par la critique : Le griffonnage - Esthétique des gestes machinaux (éditions F. Bourin, 1992).
En situation d'échec scolaire caractérisé, l'élève que les enseignants considèrent comme "gentil mais psychiquement absent" est orienté vers une classe pour handicapés mentaux. Enfin, on le dirige vers la vie active à l’âge de 14 ans. Exerçant toutes sortes de petits métiers (manutentionnaire, agent d'entretien, apprenti coiffeur, garçon d'ascenseur, pompiste, etc.), il "découvre un jour, par hasard, l'existence du philosophe Gaston Bachelard grâce à un reportage télévisé" . Les paroles du penseur sur la rêverie et les sciences le fascinent. C'est le début d'une passion d'autodidacte pour un philosophe qui fût d'abord lui-même autodidacte. Il passe l’essentiel de son temps libre à lire les ouvrages de Bachelard qu'il décrypte avec opiniâtreté et qui le conduiront à découvrir de nombreux autres auteurs. Sept ans plus tard, à l’âge de vingt deux ans, il entre à l’université de Paris X-Nanterre en philosophie. Ses études universitaires le portent à s'investir tout particulièrement dans les domaines de l’Esthétique, de l’épistémologie, de l’éthique, de la philosophie politique et de l’histoire du théâtre.
En 1985, il devient chargé de cours à l’Université Paris XII. Il approfondit l’histoire de la culture populaire, puis l’applicabilité des connaissances philosophiques à l’administration territoriale et à la décision politique. La même année, il publie ses premiers textes philosophiques. En 1996, il décide de quitter l’enseignement pour se consacrer entièrement à ses ouvrages de philosophie et d’investigation, les enquêtes journalistiques de terrain lui apparaissant comme "un complément nécessaire pour approcher de près les réalités du pouvoir et de la décision politique quels que soient les régimes" . Ses enquêtes journalistiques prennent toutes pour objet l’opinion publique, le lobbying et la corruption. En 2007, son oeuvre compte une trentaine de livres et des dizaines d’articles.
Auteur prolixe, il a développé une réflexion philosophique originale traversant des domaines en apparence éloignés les uns des autres comme la logique de la démarche scientifique, la création artistique, l'histoire de l’Opinion publique, la Corruption et la Prévention sanitaire. Son oeuvre met en exergue les ressources de l'esprit humain et ses capacités de résistance face aux différentes formes d'oppression ou d'acculturation s'exerçant de façon plus ou moins conscientes dans notre société. Ses nombreuses enquêtes et analyses sur le Lobbying et la Corruption ont par ailleurs contribué à faire connaître l'ampleur et les conséquences de ces pratiques.
En épistémologie et en histoire des sciences, il a approfondi la manière dont les grands chercheurs qui ont marqué la physique et la biologie ont géré leurs interrogations et leurs ignorances (Les ignorances des savants, éditions Maisonneuve et Larose, avec Théodore Ivainer, 1996). Il s'est également attaché à étudier "les relations discrètes ou conflictuelles entre rationalité scientifique et représentations ordinaires" à travers les publications suivantes : Sciences - Le problème de la vulgarisation, éditions Encyclopaedia Universalis, avec Anne Cauquelin, Universalia 1985 ; L’Opinion publique - Pratiques et enjeux de la Doxa, éditions Anousia, 1986 ; Opinion populaire et pratiques vulgaires, éditions Anousia, 1987 ; La Doxa, ancêtre de l’opinion publique, éditions Anousia, 1987 ; Démocratie et opinion publique de Platon à nos jours, éditions Anousia, 1988 ; L’opinion entre préjugés et surprises – Essai sur les limites de la reconnaissance en art, Anousia, 1988 ; La vieille folle dans la ville – Doxa et urbanisme, éditions CUF, 1991.
Il a également écrit pour le théatre des oeuvres développant sa théorie d'"un art populaire caché au sein même de la vie quotidienne, au coeur de nos activités les plus ordinaires". D'une forme inédite, mariant les genres a priori peu conciliables de l'art dramatique et de la conférence, ses spectacles sont à la fois drôlatiques et savants. Dans Nous sommes tous des musiciens, l'auteur lui-même jouait le rôle d'un chercheur comique présentant ses découvertes dans le domaine des "chantonnements intimes et autoréférents" (montée pour la première fois en 1996 au théâtre de La Piscine à Chatenay-Malabry avec le concours du metteur en scène Pierre Pradinas) et des comédiens François Monnié, Adélaïde Ronchi... Parmi ses diverses contributions théatrales, le spectacle Conférences sur l'art s'efforçait de démontrer qu'un simple poulet au four ou une vulgaire botte de poireaux pouvaient "atteindre au statut de chefs d'oeuvre en vertu de considérations aussi inaltérables que celles du Traité de la peinture de Léonard de Vinci" Cette pièce qu'il a co-écrite avec Pierre Pradinas et Simon Pradinas, a été mise en scène par Pierre Pradinas et jouée au Centre Dramatique Régional de Picardie, à Amiens, par la compagnie du Chapeau Rouge, notamment avec Jean-Pierre Darroussin, Catherine Frot, Thierry Gimenez, Daniel Jegou et Anne Lévy. On le retrouve en 2007, au Centre dramatique national de Limoges, jouant des extraits de son propre journal aux côtés des acteurs Marie Laure Fourdrinier et Jean-François Bourinet, toujours sous la férule du metteur en scène Pierre pradinas.
On lui doit aussi de nombreux ouvrages d'investigation sur les pratiques de lobbying et d'influence s'exerçant dans le domaine de la Santé publique et des marchés publics. Après L'affaire de l'amiante (1996), il a multiplié les enquêtes sur le monde médical et pharmaceutique, l'ampleur et les enjeux de la pollution des sols en France, du tabac et des drogues... Dans chacune d'elle, il approfondit les conditions d'indépendance des expertises scientifiques.
Dans l'un de ses derniers livres, L'eau des multinationales, paru aux éditions Fayard en 2006 , co-écrit avec Jean-Luc Touly, président de l'ACME-France, il met au jour les pratiques d'influence qui ont permis de faire de la France le pays où les ressources en eau et la distribution sont les plus privatisées au monde.
Il révèle aussi dans cet ouvrage qu'il a écrit divers autres livres d'investigation sous le pseudonyme de Pierre Simon.
Il se consacre entièrement à ses ouvrages après avoir enseigné la philosophie et l'administration territoriale à l'Université de Paris XII de 1986 à 1996. Son enseignement portait alors "sur les apports possibles de la philosophie appliquée aux décisions locales et nationales".
Depuis 2001, il dirige la collection Librio-santé aux éditions J'ai lu-Flammarion, et les collections Jeunesse santé et Polar Santé éditées par la Mutualité française.
Membre du Comité de parrainage de l'association Anticor (association de lutte contre la corruption fondée par Séverine Tessier et parrainée notamment par le juge Eric Halphen), il rédige actuellement, selon ses éditeurs, de nouveaux ouvrages sur "les pratiques corruptrices qui se répandent aujourd'hui dans les différents secteurs de notre société et qui neutralisent le développement de la Démocratie".
En 2007, il fonde la collection "Les Doxologues" aux éditions Pascal qu'il inaugure en signant deux ouvrages portant sur la Doxa et les représentations populaires concernant Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy au moment de la campagne pour l'élection présidentielle.
La même année, il publie Profession corrupteur, où il dévoile les procédés concrets employés par les corrupteurs professionnels pour cerner et corrompre leurs "proies", essentiellement les décideurs politiques, au niveau local et national. Il y examine aussi avec précision leurs origines et leur vie quotidienne. Il analyse les dérives du métier de lobbyiste vers l'illégalité et les tentations actuelles d'institutionaliser les démarches des lobbyistes auprès des élus sous couvert d'encadrer leur circulation au sein du Palais Bourbon.
Bibliographie choisie
- Profession corrupteur, éditions Jean-Claude Gawsewitch, 2007.
- Ségolène vue par les Français, éditions Pascal, 2007.
- Sarkozy vu par les Français, éditions Pascal, 2007.
- L'eau des multinationales - Les vérités inavouables, éditions Fayard, avec Jean-Luc Touly, 2006.
- Silence, on intoxique !, La Découverte, avec André Aschieri, 2006
- L’industrie du mensonge - Lobbying, communication, publicité et médias, avec John Stauber et Sheldon Rampton, Editions Agone, coll. Contre-feux, 2004
- L'eau de Vivendi, éditions Patrick Lefrançois, avec Jean-Luc Touly, 2004
- La France toxique - Santé et environnement, La Découverte, avec André Aschieri, 2000
- Des lobbies contre la santé, Syros-Mutualité française, avec Bernard Topuz, 1998
- Les ignorances des savants,(avec Théodore Ivainer), Maisonneuve et Larose, 1996
- L'affaire de l'amiante, La Découverte, 1996
- Le griffonnage - Esthétique des gestes machinaux, François Bourin, 1992
- Opinion populaire et pratiques vulgaires, éditions Anousia, 1987