Sciences dures est une expression populaire désignant dans un même ensemble les sciences de la nature et les sciences formelles. Synonyme de Sciences exactes, que l'on pourra lui préférer, elle est cependant sensiblement plus problématique que cette dernière expression, en particulier du fait de son caractère normatif et implicitement dévalorisant à l'endroit des Sciences humaines et des Sciences sociales (parfois appelées « sciences molles » ou, moins connoté négativement, « sciences douces »). Il s'agit d'un Anglicisme calqué, par contamination, sur le jargon informatique (Hardware/software), dans un esprit à la fois pragmatique et sectaire, et par conséquent peu scientifique.
Histoire de l'expression
Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !Une expression problématique
L'expression "science dure", si elle est un d'usage courant, y compris parmi les scientifiques, elle ne renvoie à aucun concept en usage en épistémologie, sociologie des sciences, et n'est pas non plus mobilisé dans les cadres institutionnels. De surcroît, son caractère normatif est problématique.
Une simple expression populaire
Bien que très courante, cette expression n'est d'aucun usage en épistémologie ou en sociologie, et ne renvoie en particulier à aucune classification reconnue des sciences. Elle n'apparait ainsi ni dans le dictionnaire en ligne
TLF, ni dans le Petit Robert, où sont pourtant présentée toutes les classifications reconnues : "sciences naturelles", "humaines et sociales", "expérimentales", ...
En épistémologie et en philosophie des sciences, la plupart des manuels d'épistémologie l'ignorent ou la mentionne à titre informatif et pour mieux en souligner le caractère douteux.
Léna Soler explique que « L'opposition sciences dures/sciences molles n'est pas à placer sur le même plan que , dans la mesure ou elle repose essentiellement sur un jugement de valeur : parler de sciences "molles" est évidemment péjoratif . L'opposition sciences dures/sciences molles coïncide globalement avec l'opposition entre d'un côté sciences de la nature et sciences formelles, de l'autre sciences humaines et sociales ». Après avoir ainsi expliqué que cette "classification" est redondante avec la classification classique, Léna Soler n'use plus une seule fois dans son manuel de l'expression "science dure".
Dans le n°661-662 de Juin-Juillet 2002 de la revue "Critique", intitulé "Sciences dures ?" Françoise Balibar et Elie During, écrivent : "C'est un lieu commun tenace : les sciences seraient d'autant plus « dures » qu'elles seraient plus authentiquement des sciences. L'opposition des sciences dures (physico-mathématiques) aux sciences humaines hérite de ces confusions et de ces préjugés".
La notion de "science dure" est donc inexistante dans le champ de l'épistémologie de la philosophie des sciences et de la sociologie des sciences.
Une expression inexistante d'un point de vue institutionnel
Cette notion de "sciences dures" n'a pas non plus la moindre existence institutionnelle. En particulier, elle n'apparaît pas dans les catégorisations reprises pour organiser la recherche au CNRS, dans les universités, à la NSF aux Etats-Unis, aux Max Planck en Allemagne. Elle est également absente des jaunes budgétaires, ces rapports sur l"État de la recherche et du développement technologique" annexés aux projets de loi de finances.
Une expression à la portée normative problématique
- L'expression "sciences dures" a une portée normative, par opposition aux "sciences molles", comme l'explique Léna Soler.
- D'autre part, comme le rappellent Balibar et During, cette expression fait apparaître les "sciences dures" comme autant de dogmes "rigides", ce qu'elles ne sont pas : "Tout se passe comme si les sciences de la natures ne pouvaient être qu'« inhumaines »", écrivent-ils.
Note