The Pretty Things est un groupe de
rock and roll Anglais des
Années 1960 toujours en activité. Ils font partie des groupes cultes quasi-oubliés des années 1960.
Contexte
À la fin des années cinquante, l'Europe et plus particulièrement l'
Angleterre vit une sorte de folie autour du blues venant des
États-Unis. Une grande partie de la jeunesse anglaise se jette à corps perdu dans ce mouvement. Une multitude de petits groupes va naître, s'entremêler dans ce que l'on appelle communément le
British Blues Boom. À
Londres, les
Rolling Stones font figure de puristes. Or le succès venant, les egos s'entrechoquent. Brian Jones va jusqu'au conflit pour évincer les membres qui ne conviennent pas selon lui à un groupe de
Blues. Le groupe va alors imploser.
Féroce début de carrière
En 1962,
Dick Taylor est remercié et doit quitter les Rolling Stones où il tenait la basse. Il met peu de temps pour refonder autour de lui un groupe de blues : les sessions de
jam étaient courantes et permettaient aux musiciens de se mélanger, de se connaître. Les Pretty Things prennent forme et continuent de jouer dans les clubs autrefois fréquentés par les Rolling Stones qui, peu à peu, délaissent les petites salles pour les grands concerts. Le groupe est alors considéré comme un simple clone des Stones, en version plus rebelle – ils se présentaient eux-mêmes de cette manière, avec leurs cheveux encore plus longs que ceux de la bande à Jagger et leur
R'n'B encore plus basique et énergique. Le fait de jouer dans les clubs londoniens réputés leur apporte vite renommée et considération et le succès commercial ne tarde à venir à mesure que le groupe enregistre des standards. Leur premier opus, sobrement intitulé
The Pretty Things est un succès, qui atteint la sixième place des charts anglais. Si les critiques se moquent volontiers de la longueur démesurée de leur cheveux, ils remarquent unanimement leur talent d'interprétation. La consécration arrive enfin lorsque les trois singles issues du LP restent dans les charts respectivement aux dixième, treizième et quarante-et-unième places. Leur titre
Don't Bring Me Down passe en boucle sur les ondes radio, ravivant la rivalité avec les Rolling Stones.
En 1965, le groupe continue les concerts dans les salles modestes, mais entame une tournée européenne. Les jeunes rockers français, notamment, apprécient leur son brut, à en juger par les coupures de presses après leur passage à la « Locomotive » à Paris. Cependant, les membres du groupe véhiculent une image « sale » et violente, et ce à cause de leur batteur qui semble achever chacune de leur prestations par des bagarres.
Le groupe, toujours en contrat auprès de la maison de disque Fontana commercialise plusieurs EP qui se vendent plutôt bien (Midnight to Six Man) et un album Get the Picture?. Le groupe commence à composer lui-même (£.S.D., Buzz the Jerk, You Don't Believe), des titres sauvages et fortement inspirés du Rhythm and blues. Cette fois, hormis les connaisseurs, les ventes ne décollent pas. Leur image de musiciens subversifs (le titre £.S.D joue sur les mots traitant de la Livre sterling, et la B.B.C le retire des ondes), vulgaires (on ne compte pas les « fuck » dans leurs interviews d'époque) et peu fréquentables (les journaux de l'époque se font l'écho de leurs frasques alcoolisées) leur colle à la peau. Si les Stones sont dédaigneux et violents, les Pretty Things sont immoraux et brutaux.
Mutation et confirmation
Les frasques et élucubrations usent les membres du groupe. Courant
1966, le sort s'acharne sur les Pretty Things : leur batteur, Viv Prince, a de graves problèmes de santé à cause de ses abus et doit quitter le groupe. Il en va de même pour Brian Pendleton, le guitariste, puis pour John Stax, le bassiste. De surcroît, leur musique se vend moins et le rhythm and blues ne fait plus recette.
Les membres du groupe se retrouvent alors en studio avec deux anciens membres. En suivant le modèle des Kinks, dont ils reprennent la chanson House in a Country, de l'album Face to Face, ils composent la totalité des titres de leur prochain opus. Les chansons sont critiques : Death of a Socialist, The Sun, Progress. Les bandes sont alors confiées à un arrangeur du son de chez Fontana, dont la post-production (cordes, violons) change le ton de l'album du tout au tout. Emotions ne se vend pas et le public ne comprend pas. Les membres du groupe sont furieux et promettent qu'on ne les y reprendra plus.
En 1967, c'est le Flower Power. Les Pretty Things pourtant ne vont pas renier le rock de leur début, au contraire, ils vont l'épurer pour mieux le sophistiquer. Enfermés dans les Studios Abbey Road chaque soir, jouant sur les instruments de ces derniers, ils enregistrent le premier véritable Opéra rock, S. F. Sorrow, qui raconte la vie d'un homme normal, de sa naissance à sa mort. À cette époque, dans les mêmes studios, les Beatles enregistrent Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band et Pink Floyd The Piper at the Gates of Dawn. Encore une fois, S. F. Sorrow subit les aléas de la post-production et sort finalement après le Tommy des Who. Pete Townshend aura beau avouer plus tard s'être inspiré de S. F. Sorrow, le public continue de croire que les Pretty Things ont copié les Who. L'année suivante, le groupe continue sur sa lancée et enregistre Parachute, un album que le magazine Rolling Stone considère comme le meilleur album de l'année 1970. Encore une fois, le disque passe inaperçu.
Après les Sixties
Suivant toujours les modes en vigueur, ils se tournent au début des
Années 1970 vers le
Hard rock et enregistrent quelques démos et albums sous l'étiquette
Swan Song, fondée par
Led Zeppelin, avant de disparaître, victime du manque de succès, d'une situation financière précaire et du départ de
Dick Taylor, déçu par l'échec commercial de
S. F. Sorrow. Le groupe se réunit sporadiquement dans les années 1990, notamment en
1998, où les Pretty Things d'origine (line-up de 1966/67) ré-enregistre une version live de
S. F. Sorrow en s'offrant, en plus, les services du guitariste Frankie Holland, du conteur
Arthur Brown (qui raconte l'histoire de l'album, faisant le lien entre les titres) et de
David Gilmour, vieil ami du groupe. Suit un album (
Rage... Before Beauty, 1999) et des tournées en
Europe.
Discographie
Membres originaux
Les Pretty Things sont passés par de nombreux line-ups différents : Prince quitta le groupe en 1965, et fut remplacé par Skip Allan. Pendleton et Stax suivirent en 1967, remplacés par Twink (batterie), Wally Allen (basse) et John Povey (percussions). Enfin, Dick Taylor rompit à son tour, en 1968, avec le groupe qu'il avait créé. Le guitariste écossais Jack Green a également fait partie du groupe de 1974 à 1976.
Liens externes