Tintin au Congo (
Les aventures de Tintin reporter au "Petit Vingtième" au Congo,
Hergé, 1931) est le second album de
Bande dessinée des
Aventures de Tintin, publié en noir et blanc de 1930 à 1931 dans les pages du "Petit Vingtième", supplément du journal Le Vingtième Siècle. La version couleur et actuelle de l'album est parue en 1946.
Synopsis
L'histoire se déroule pendant l'
époque coloniale. Dans le cadre de son travail de journaliste, Tintin, accompagné de son chien Milou, se rend en paquebot au
Congo, la grande
colonie belge de l'époque. Tom, un homme embarqué clandestinement sur le même bateau, va tenter plusieurs fois de le tuer une fois qu'ils seront arrivés à bon port.
- Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.
Une suite de péripéties amène Tintin au royaume des Babaoro'm, où il devient le sorcier attitré. Il découvre que les hommes blancs qui veulent sa mort (notamment Tom) sont des gangsters affiliés à Al Capone, qui veut contrôler la production de diamants au Congo.
Personnages
- Tintin
- Milou
- Tom: Apparaît à la page 5. Il est envoyé par Gibbons pour supprimer Tintin. Il est le « méchant » de l'album, mais ne parviendra jamais à effectuer sa mission. Il est dévoré par des crocodiles à la page 48.
- Coco: Apparaît à la page 11. Il guide Tintin durant son aventure et lui sauve la vie.
- Le roi des Babaoro'm: Apparaît à la page 21. Il demande à Tintin d'aller à la chasse au lion.
- Muganga: Apparaît à la page 24. C'est le sorcier des Babaoro'm. Il devient jaloux de Tintin. Avec Tom, il tentera de se débarrasser du reporter. Il est membre de la confrérie des Aniotas.
- Le missionnaire: Apparaît à la page 34. Il sauve Tintin des crocodiles.
- Jimmy Mac Duff: Apparaît à la page 38. Il est fournisseur d'animaux pour les zoos européens.
- Gibbons: Apparaît à la page 51. C'est le patron de Tom. Il a reçu par Al Capone le Balafré l'ordre de tuer Tintin. Ne pas confondre avec un autre personnage du nom de Gibbons qui apparaîtra dans Le Lotus bleu.
Analyse
Vers 1930, le Congo représentait un véritable
Eldorado pour la Belgique. Le Congo, quatre-vingt fois plus grand que le pays qui le colonisait, avait un sous-sol extrêmement riche. À cette époque, le territoire manquait de main-d'oeuvre. La tendance de l'époque était donc de faire de la publicité pour ce pays.
La parution de l'album débuta le 5 juin 1930 dans Le Petit Vingtième et se termina le 11 juin 1931. L'album fut d'abord publié par les éditions du Petit Vingtième puis il fut repris un peu plus tard par les éditions Casterman qui s'assurèrent la publication des Aventures de Tintin en exclusivité.
Pour la reprise de l'album en 1946, Hergé redessina l'aventure. Il le mit en couleur, le réduisit de 115 planches à 62 pages et modifia l'idéologie colonialiste de l'album. Ainsi, la leçon géographique et historique que donnait Tintin sur « Votre patrie, la Belgique » se trouva substituée par une leçon de Mathématiques. Hergé redessina également la quasi-totalité des images, affina les décors, redonna de la clarté au découpage et modifia les dialogues pour les rendre plus vifs.
Hergé affirma plus tard que lors de la création de Tintin au Congo, tout comme pour Tintin au pays de Soviets, il vivait dans un milieu plein de préjugés. C'est d'ailleurs la particularité de Tintin au Congo : l'album, bien loin des prises de positions anti-colonialistes qui apparaissent dans l’oeuvre d'Hergé dès Le Lotus bleu, est rempli de stéréotypes typiques de la vision qu'avaient de l'Afrique les Européens à cette époque.
Hergé déclarera ainsi à propos de l'album :
« Pour le Congo tout comme pour Tintin au pays des Soviets, il se fait que j’étais nourri des préjugés du milieu dans lequel je vivais… C’était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l’époque : "Les nègres sont de grands enfants, heureusement que nous sommes là !", etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là, dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque en Belgique. »
Conscient de ces stéréotypes qui sont effectivement à la base de certaines condamnations de cette oeuvre pour contenu raciste, Hergé défendait cependant son ouvrage en disant que ses personnages étaient des noirs de fantaisie, et citait dans ce sens un article élogieux publié par la revue Zaïre en 1969, selon lequel « si certaines images caricaturales du peuple congolais données par Tintin au Congo font sourire les Blancs, elles font rire franchement les Congolais, parce que les Congolais y trouvent matière à se moquer de l’homme blanc qui les voyait comme cela »
En 2007, la controverse liée à ces stéréotypes redevient d'actualité suite à un avis de la Commission britannique pour l'égalité des races (British Commission on Racial Equality) qui juge la bande dessinée « raciste », et demande de la retirer des librairies. Le libraire Borders décida alors de ne plus vendre cet album au « rayon enfant », le déplaçant vers les « BD adultes ». Peu après, un Congolais étudiant à l'Université Libre de Bruxelles dépose plainte pour racisme et demande que l'album soit retiré du commerce.
Anecdotes
- Dans la version originale telle que parue dans le "Petit vingtième", le retour de Tintin en avion l'amenait à fraterniser avec deux méharistes dans le Sahara, de même que le passage de l'avion au dessus de l'Espagne y perturbait une corrida.
- Tintin est interrompu par un léopard alors qu'il donne une leçon d'arithmétique. Dans la version initiale (reprise dans les Archives Hergé), le tableau noir est en fait une carte de géographie, et Tintin dit : « Aujourd'hui je vais vous parler de votre patrie : la Belgique ».
- Si, dans cet album, les Congolais parlent dans une syntaxe approximative, les éléphants et les singes, eux, s'expriment entre eux en excellent Français.
- Tintin montre dans cet album une certaine cruauté envers les animaux, contrairement aux albums suivants: il donne des coups de pieds à un léopard affaibli, il fait exploser un rhinocéros, il tue et dépèce un singe pour aller récupérer Milou qui a été enlevé.
- Dans la version actuelle de l'album, les Dupondt font une brève apparition dans la première case alors qu'ils sont absents de la version initiale ; dans la même case, de chaque côté de Tintin, on aperçoit Quick et Flupke mais également Hergé qui s'est représenté aux côtés de ses amis Edgar Pierre Jacobs et Jacques Van Melkebeke.
- Dans cette aventure, Tintin fait exploser un rhinocéros en y perçant un trou qu'il emplit de dynamite. L'éditeur suédois n'a pas apprécié ce passage et obtenu sa modification. Dans la nouvelle page redessinée pour l'exportation, le rhinocéros s'enfuit après le coup de feu que Tintin tire accidentellement. Néanmoins, dans la version française, la scène initiale a été conservée.
- Tintin est appelé deux fois « Boula-Matari » (p. 28 et dernière page). Boula-Matari qui signifie le « briseur de rocher » était le surnom donné par les indigènes en signe de déférence et de respect à l'explorateur anglais Sir Henry Morton Stanley. (http://sourcebook.fsc.edu/history/congo.html) (http://users.skynet.be/aloube/avantcolo.htm)
Retour de Tintin au Congo en 1970
Tintin retournera au Congo en 1970 dans le court-métrage d'animation publicitaire
Tintin et la SGM (Société Générale des Minerais belge). Un livre broché adapté du film est édité la même année par Publiart (Guy Decissy)/Casterman. (voir
[#])
Anecdotes
Citations
- Les Dupondt : « Il paraît que c'est un jeune reporter qui part en Afrique ! »
- Deux Noirs se battant pour un chapeau : « Li blanc li très juste ! Li donné à chacun la moitié du chapeau ! »
Notes et références