L'arganier (Argania spinosa) est un Arbre endémique du Maroc (dans la région du sud-ouest et en particulier la plaine du Souss) et de l'Algérie (dans la région de Tindouf sud-ouest du pays).
Nom scientifique : Argania spinosa (L.) Skeels, famille des Sapotacées.
Noms vernaculaires : arganier, argane, argan, bois de fer. Il était appelé précédemment Sideroxylon spinosum, puis Argania sideroxylon.
Description
L'arganier est un arbre aux rameaux épineux -d'où
spinosa- de 8 à 10 m de haut, aux feuilles atténuées en un court
Pétiole, très résistant et qui peut vivre de 150 à 200 ans. Il est parfaitement adapté à l’aridité du sud-ouest marocain et sa silhouette est caractéristique: cime large et ronde, tronc noueux, tortueux et assez court, souvent formé de plusieurs parties entrelacées.
L'arganier fournit un Bois très dur, appelé bois de fer, utilisé essentiellement comme bois de chauffage. L'arganier possède des mécanismes qui limitent ou ralentissent la chute du potentiel foliaire et relèvent de la stratégie d'évitement. L'arbre ne perd ainsi ses feuilles que transitoirement, en cas de grande sècheresse.
Les fleurs blanches à jaune verdâtre sont hermaphrodites, gamopétales à tube très court et sont réunies en glomérules. Elles apparaissent en mai-juin. Le fruit, l'affiache, est une fausse drupe ovale, fusiforme de 30 mm de long environ, jaune-brun à maturité contenant une noix très dure abritant deux ou trois "amandons". Un arbre en produit environ 8 kg par an. Les feuilles, vert sombre et coriaces, sont consommées par les chameaux. Dans le sud marocain, il est fréquent de voir des chèvres s'étant hissées sur les branches de l'arganier car elles se nourrissent de jeunes pousses et de son fruit, laissant le noyau qu'il contient.
Son système racinaire est particulièrement profond mais dépourvu de poils absorbants (racines « magniloïdes ». Il profite d'une Symbiose avec différents types de champignons pour pallier cette déficience, seuls ces derniers pouvant apporter les différents nutriments à l'arbre. La reproduction artificielle et la mise en culture de celui ci nécessite ainsi l'inoculation de plusieurs espèces de champignons au niveau de ses racines. L'aire géographique de l'arganier bénéficie d'une forte humidité, tant par les précipitations saisonnières que par une fraîcheur relative, que l'arganier piège et restitue au sol.
La population Imazighen (berbère) de l’Atlas a toujours utilisé l’Huile d'argan pour ses vertus alimentaires et cosmétiques. Tout comme le Thé, l’huile d’argan accompagnée de Miel est offerte aux invités en signe d’hospitalité en Algérie où elle accompagne généralement le Couscous dans certaine région de Tindouf.
Distribution géographique
L'arganier daterait de l'ère tertiaire, époque où existait vraisemblablement une connexion entre la côte marocaine et les îles Canaries. Il se serait alors répandu sur une grande partie entre le Maroc et l'Algérie puis, au
Quaternaire, l'arganier aurait été refoulé au Sud-Ouest par l'invasion glaciaire, ce qui expliquerait l'existence actuelle de quelques colonies vers
Rabat (région de
Khémisset) et très au Nord près de la côte méditerranéenne dans les Beni Snassen et à 120km au nord de la ville algérienne de
Tindouf (44000 Hectares).
Aujourd'hui la plus grande concentration d'arganiers se trouve dans la région du Souss où elle couvre près de 800 000 hectares, soit 14.25% de la forêt du maroc.
Depuis 1998, une zone de 830 000 hectares entre Agadir et Essaouira a le statut de Réserve de la Biosphère octroyé par l’UNESCO.
Problèmes de l'arganier
L'arganier est menacé de disparition, car les signaux d'alarme se multiplient ces derniers temps à propos de cet arbre : il subit diverses agressions.
Les problèmes auxquels cet arbre est confronté sont multiples :
- L'arganeraie marocaine régresse en termes de superficie et surtout de densité : en moins d'un demi-siècle, la densité moyenne de l'arganeraie nationale est passée de 100 arbres/ha à 30 arbres/ha, tandis que les superficies couvertes régressaient en moyenne de 600 ha par an (statistiques du ministère de l'agriculture marocaine).
- L'aire de l'arganier se dégrade d'année en année sous l'effet conjugué de l'accroissement de la population (surtout autour d'Agadir), de l'apparition des cultures intensives (notamment le maraîchage sous serres).
- Utilisation sauvage du bois d'arganier pour produire du charbon.
- Manque de collaboration entre les principales parties concernées (les aménageurs forestiers et les chercheurs universitaires) pour mettre en place des projets de transplantations.
- Absence de moyens modernes de production de l'huile d'arganier, et mauvaise commercialisation de cette dernière par les autorités locales et régionales.
Quelles perspectives pour l'arganier ?
La problématique et l'enjeu sont donc actuellement, non seulement d'enrayer le processus de régression de l'arganeraie, mais aussi de replanter une partie de ce qui a été perdu, afin que l'arganier redevienne ce qu'il a toujours été : un pivot dans un système agraire traditionnel, basé sur l'exploitation de l'arbre, l'élevage et la céréaliculture. Les problèmes de l'arganeraie étant essentiellement dûs aux conséquences d'une interaction irrationnelle de l'homme avec son milieu environnant dans cette aire, il semble que toute politique de réhabilitation de cette espèce végétale, si elle veut connaitre quelque chance de succès, doit obligatoirement s'attacher à rationaliser cette intervention de l'homme sur la nature, et donc s'articuler nécessairement autour des actions ou objectifs prioritaires suivants :
- information et sensibilisation des usagers, mais aussi de toute l'opinion publique nationale, sur les spécificités, l'importance et l'intérêt de la conservation de cet arbre.
- replantation et développement de l'arganier, par l'allocation des moyens nécessaires aux travaux de recherche scientifique en cours sur les techniques de reproduction et de transplantation, par la mise au point de techniques appropriées d'exploitation et de valorisation des produits de l'arganier.
- ouverture sur des coopérations internationales, pour financer tous les projets de replantation, et il serait utile que le Maroc cherche des coopérations étrangères pour accélérer les replantations.
- limiter l’exploitation de l’arganier par la mise en place d’un calendrier annuel, afin de laisser cet arbre se développer naturellement.
Collectivités locales
La production d'huile d'argan représente une ressource économique très importante pour les coopératives actives dans l'arganeraie. Ces coopératives ont des méthodes de fonctionnement aussi variées qu'il en existe. Certaines ont des pratiques issues du
Commerce équitable et peuvent être en partie financées par de grands organismes.
Divers
Argan est le nom d'appel de la compagnie aérienne marocaine
Atlas Blue.
Annexes
Notes et références
Bibliographie
- O. M'Hirit, M. Bensyane, F. Benchekroun, S.M. El Yousfi, M. Bendaanoun, L'arganier, une espèce fruitière-forestière à usages multiples, éd. Pierre Mardaga, Sprimont (Belgique), 1998, ISBN 2-87009-684-4
- Rachida Nouaim, L'arganier au Maroc, entre mythes et réalités, éd. L'Harmattan, Paris, 2005, ISBN 2-7475-8453-4
- Fouad Msanda, Ahmed El Aboudi, Jean-Paul Peltier, « Biodiversité et biogéographie de l'arganeraie marocaine », dans Agricultures(ISSN 1166-7699), no 4, 2005, p. 357-364http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=16979727 Résumé sur cat.inist résumé
Articles connexes
Liens et documents externes