Titus Pomponius Atticus (
109–
32 av. J.-C.)
Son nom reste attaché à la Correspondance de Cicéron dont il fut l’ami par excellence. « Plus que de tous les autres, Atticus a été aimé de Cicéron qui n’eut pas même pour son frère Quintus une affection plus vive et plus étroite » dit Cornélius Népos son collaborateur et biographe. De cette amitié quotidienne, il reste 454 lettres à Atticus (sur les 813 lettres de Cicéron qui nous sont parvenues).
Premier éditeur de Rome, il prépara la publication des lettres de son ami. Nous ne possédons aucune des très nombreuses lettres adressées par Atticus à Cicéron. Sans doute celui-ci a-t-il fait le nécessaire pour empêcher une divulgation qui aurait pu compromettre sa tranquillité.
Biographie
Pomponius Atticus, de famille équestre, fils et neveu de banquiers, reçut une éducation raffinée. La mort prématuré de son père en 89 av. J.-C. le place à la tête d’une grosse fortune. Érudit, fin lettré, capable d’écrire aussi bien en latin qu’en grec, Atticus est épicurien. Il refuse les premiers rôles et l’action politique. Il n’entre pas dans la carrière des honneurs, préfère vivre caché et afficher une neutralité systématique.
« Suave mari magno turbantibus aequora ventis E terra magnum alterius spectare laborem…»
( Il est doux, quand, sur la mer immense, les vents en soulèvent les houles, de suivre, de la terre ferme, le spectacle de la dure épreuve qu’elles infligent aux autres )
« Aucun Romain ne s’est attaché autant d’amis » . Il s’acquit les bonnes grâces de tous les chefs de parti, sans distinction d’opinion ce qui lui permit de tirer son épingle du jeu dans les convulsions des guerres civiles de la fin de la République, où ses amis succombaient les uns après les autres (Pompée, César, Brutus, Cicéron, Marc Antoine). Prudent, maître de soi, calculateur, il ne ménagea pas ses conseils pour aider Cicéron.
Ami du fils de Caius Marius qu’il avait aidé à s’enfuir et conscient des risques personnels qu’il courait, il s’embarque en 88 av. J.-C. pour Athènes « emportant ses biens avec lui » comme l’écrit Cornelius Nepos. Il devait y prolonger plus de vingt ans le séjour qui lui valut le surnom d’Atticus.
A la banque et à l’exploitation rurale, il ajoute d’autres activités : troupes de gladiateurs pour flatter le goût de ses concitoyens les plus influents, courtage en livres et en oeuvres d’art pour ses amis.
Mais surtout, à son retour à Rome en 65 av. J.-C. , ramenant la collection d’ouvrages qu’il a réuni en Gréce et la troupe d’esclaves formée à la reproduction des manuscrits, il conçoit le dessein de devenir éditeur. Avant lui, les auteurs devaient faire reproduire leurs oeuvres par des copistes puis s’adresser à des boutiquiers (librarii) pour les répandre. Atticus se charge de tout, leur garantit une exécution matérielle de meilleure qualité et une diffusion plus ample et bien conduite. Le mouvement de ses affaires s'accélérant, il s’associe son futur biographe Cornélius Népos. Cicéron, son meilleur ami, était son auteur préféré. En 44 et 43, il édite ainsi les Philippiques, le De Senectute, le De Gloria, le De Amicitia, les Topica et le De Officiis.
On lui a reproché, dévoué à Cicéron tant qu’il a vécu, de le trahir après sa mort (7 décembre 43 av. J.-C.) en devenant l’ami d’Antoine, son assassin. Puis, à la fin de sa vie, pour gagner l’amitié d’Octave, le vainqueur d’Antoine, de divulguer les lettres intimes de Cicéron à des fins de propagande, pour nuire à la réputation de ce dernier.
Il eut pour gendre Agrippa, et donna sa soeur à Quintus Tullius Cicero, frère de Cicéron.
Il se laissa mourir de faim pour se soustraire aux douleurs d'une maladie aiguë.
Sources
- Gaston Boissier, Cicéron et ses amis, Paris 1908
- Jérôme Carcopino, Les secrets de la Correspondance de Cicéron, L'artisan du livre 1947
Notes et références