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Jacob Levy Moreno, né le
18 mai 1889 et décédé le
14 mai 1974, était un influent médecin
Psychiatre, un théoricien et un éducateur américain d'origine
roumaine. Il a fondé le
Psychodrame, la
Sociométrie et est l'un des pionniers de la psychothérapie de groupe.
Médecin, sociologue, philosophe, psychothérapeute de groupe et homme de théâtre d'Europe centrale (élevé dans la Vienne de l'Empire austro-hongrois, puis émigré en 1926 aux États-Unis et naturalisé américain). Il est l'inventeur du Théâtre spontané (Vienne, 1921), il est le créateur du Psychodrame (1930) et du sociodrame, de la Sociométrie, de la Psychothérapie de groupe (1932), de la théorie des rôles (1934), d'une forme d'action-recherche, de « méthodes actives » (action methods), de la sociatrie (terme intégrateur d'une approche Systémique de la psychiatrie sociale) et de la sociologie participante, des méthodes de formation de groupe en petits groupes, du co-inconsient familial et groupal et de l'atome social, base de l'identité groupale et personnelle...
Freud a apporté l'Inconscient, Jung l'inconscient collectif et Moreno le co-inconscient familial et groupal, qui peut être décrit comme un co-inconscient transgénérationnel.
Il a présenté le psychodrame à l'Hôpital de la Salpêtrière dans les années 1955, sur proposition de Serge Lebovici.
Biographie
Jacob Moreno Lévy est le fils aîné de Moreno Nissim Lévy, petit commerçant juif, négociant semi-itinérant en bois de cercueils ayant émigré de
Turquie en
Roumanie.
Né à Bucarest en Roumanie, il est élevé à Vienne, dans l'Empire austro-hongrois de François-Joseph, vaste empire multiculturel où on parlait allemand, hongrois, français, Yiddish, « ladino », etc., en effervescence artistique et théâtrale, aux frontières mouvantes, où les étrangers sont peu aimés et où les familles juives comme la sienne errent d'un pays à l'autre, au gré des changements de frontières, de nationalités, des guerres, des situations économiques et de liens familiaux couvrant aussi bien la Turquie que la Roumanie, la Russie, l'Allemagne, les Balkans.
Sa mère l’adore et le berce toute son enfance avec des chansons en « ladino » qu’elle lui chante. Sa mère lui parle également dans plusieurs langues, mais le laisse partir seul à Vienne en 1905 lorsque la famille se transplante à Berlin en 1904.
En 1912, en tant qu’étudiant en médecine et en philosophie, il rencontre brièvement Sigmund Freud à l'issue de son cours sur les rêves télépathiques
Devenu médecin à Vienne en 1917, il s'occupe pendant Première Guerre mondiale de 1914-1918 du camp de réfugiés de Mittendorf (Tyrol), où il va tester ses idées de regroupement des réfugiés par affinités, ce qui les aidera à mieux survivre, jetant les bases de la Sociométrie.
Il apporte de l'aide aux prostituées de Vienne, « d'être humain à être humain », à la limite de la provocation (il lui est arrivé une fois de sortir nu dans la rue, à Vienne, sans conséquence aucune d'ailleurs), de la Mégalomanie et du rêve prophétique.
A Vienne en 1917, il est également médecin du travail (employé par la municipalité, engagé par le maire socialiste, et dans une usine de textiles, la Kammgarnfabrik), médecin des déshérités, et aussi « médecin des pauvres » (c'est-à-dire ne prenant pas d'argent pour ses consultations, quitte à avoir des dettes) à Bad Vöslau de 1918 à 1924. Mais il fréquente aussi assidûment les cafés de Vienne (Café Herrenof, Café Muséum) et crée en même temps la revue Daimon (1918-1922), à laquelle vont collaborer, entre autres, Max Brod (l'éditeur de Kafka), Martin Buber, Arthur Schnitzler, Franz Werfel (le troisième mari d'Alma Mahler), Oskar Kokoschka (le grand peintre expressionniste), Alfred Adler (avec lequel il gardera une longue amitié).
En 1919, il rencontre Marianne Lörnizo, avec laquelle il va vivre une relation exaltée, au grand dam des parents de celle-ci.
En 1923, il commence à Vienne, avec le jeune frère (17 ans) de Marianne, Franz (futur ingénieur très doué), des recherches sur une machine à enregistrer le son et l'image : la « Radio-Film », qu'il aurait fait breveter. Les Américains s'y intéressent et les inviteront tous les deux aux États-Unis, en 1925.
En 1924, il présente son idée de « théâtre en rond » à l'exposition universelle de Vienne sur le théâtre : maquette de (Moreno, anonyme)- Honigsfeld : il rentre en opposition avec un architecte officiel, Kiesler, que Moreno accuse de plagiat. Un scandale s'en suit avec un procès que personne ne gagne finalement.
Peu après la mort de son père en octobre 1925, il part aux États-Unis en décembre 1925. Il se rajeunit de trois ans à son arrivée en 1926, intervertit légalement ses noms et prénoms (il prend donc le prénom de son père comme nom de famille, Moreno ayant aussi le sens de professeur en hébreu et de « notre professeur », Morenu). Professeur, il l'est, dans un sens socratique d'ailleurs, le plus souvent, et il devient J. L. Moreno. C'est ainsi qu'il s'est toujours fait appeler, de son vivant, « J. L. », ou « Professor », ou « Doctor ».
Les débuts de Moreno en Amérique sont difficiles : il n'a ni argent, ni appui, ni visa de travail, il parle mal la langue, son « invention » (ou plutôt son idée, mise au point par Franz Lörnizo) d'un appareil technique d'enregistrement n'a pas de suites.
Il hésite entre Théâtre, Créativité, Sociologie et Médecine, se fait aider par Béatrice Beecher, nièce du fameux prédicateur américain Henry Ward Beecher et ami du Président Abraham Lincoln.
En 1928, il se marie avec Béatrice Beecher (née en 1892) ( « mariage de convenance » le 31 mai 1928, dont il ne parlera plus jamais après leur divorce), ce qui facilitera sa naturalisation et son intégration aux États-Unis.
En 1936, il s'installe comme médecin à New York (à l'hôpital, puis en ville) et ensuite au nord de l'État de New-York, à Beacon, situé à une centaine de kilomètres de New-York.
Moreno achète à Beacon une ancienne école dans un grand parc et y crée une clinique psychiatrique privée en 1936 avec un théâtre thérapeutique, avec l'aide de Gertrude Franchot Tone (suffragette, militante de gauche et millionnaire), mère du grand acteur Franchot Tone. Il travaille avec la sociologue Helen Jennings sur les regroupements de prisonniers par affinités (ce qui deviendra la Sociométrie), crée son propre institut et sa propre maison d'édition (Beacon House) et commence à publier en anglais, à parler de la théorie des rôles et de la spontanéité créatrice, à enseigner à l'université de New-York (mais sans y être nommé professeur titulaire) et à parler dans des réunions et congrès de psychiatrie...
En 1936, il se sépare de Béatrice Beecher.
En 1938, il se marie avec Florence Bridge (une stagiaire de l'école de Hudson). Ils auront une fille, Regina, en 1939 (qui sera élevée par Zerka et J. L. Moreno, à Beacon, dans la petite maison familiale, voisine de la clinique psychiatrique, après le divorce avec Florence).
En 1941 il rencontre Zerka Toeman (née en 1917) qui vient (à 24 ans) à Beacon le consulter au sujet de sa soeur. Elle deviend sa « muse », puis sa collaboratrice, puis sa femme et l'aidera toute sa vie à écrire, publier, faire des conférences, gérer ses affaires, diriger sa clinique et son institut de Sociométrie...
En 1942, J. L. Moreno et Zerka Toeman écrivent leur premier article ensemble, il se marie avec elle en 1949 et ont un fils, Jonathan, en 1952. Peu après, Zerka montre et démontre au monde son courage, sa ténacité, son énergie, son allant et sa volonté de vivre en survivant à un sarcome de l'épaule droite (elle est amputée en 1958) et en reprenant sa vie active auprès de Moreno comme si de rien n'était.
Juste à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à la suite du 2e Congrès international de criminologie de Paris (octobre 1950, organisé par le père Pierre Piprot d'Alleaume en même temps que le Congrès international de psychiatrie), Moreno s'invite à Paris.
J. L. Moreno vient et revient en Europe (il est invité par le Pr Juliette Favez-Boutonnier, responsable de la section de psychothérapie de ce congrès de Psychiatrie) et prend des contacts, surtout avec des psychanalystes, fin 1950 et avril 1951, en vue de regrouper ceux qui s'intéressent aux méthodes de groupe, peu connues mais qui ont commencé à se développer pendant la Deuxième Guerre mondiale, surtout en Angleterre.
Il fonde le « Conseil international de psychothérapie de groupe » et organise des rencontres entre praticiens de ces nouvelles sciences, ainsi qu'avec les sociologues Georges Gurvitch, Jean Stoetzel... Pendant plus de vingt ans, il participera à de multiples congrès (psychothérapie de groupe, psychodrame, Sociométrie...).
En 1967, la clinique de Moreno, à Beacon, ferme ses portes mais les séminaires de formation continuent sous la direction de Zerka Moreno, même après la mort de Moreno (1974). La clinique de Beacon sera mise en vente le 21 août 2000 (par «coïncidence», date anniversaire de leur rencontre) et Zerka déménagera à Charlottesville, près de son fils Jonathan, professeur d'éthique médicale à l'université de Virginie.
En 1973, il fonde l'« Association internationale de psychothérapie de groupe » (IAGP), dont il choisit de ne pas prendre la présidence, afin qu'elle soit réellement représentative de toutes les tendances de la psychothérapie de groupe.
Il décède en 1974.
Sa femme, Zerka Moreno, continue ses travaux aujourd'hui.
Notes et références
OEuvres
- Jacob Levy Moreno et Quadrige, Psychothérapie de groupe et psychodrame. (Introduction théorique et clinique à la socioanalyse), éd. Poche, 2007 ISBN 2-13-055905-0
- Jacob Levy Moreno, Théâtre de la spontanéité, 1986 ISBN 2-220-02486-5
- Jacob Levy Moreno, Fondements de la Sociométrie, éd. PUF, 2e édition, 1970
Bibliographie
- Marineau René, J.L. Moreno et la troisième révolution psychiatrique, éd. Métailié
- Jean Fanchette, Psychodrame et théâtre moderne. Préface De J.L. Moreno, éd. Buchet/Chastel
Liens internes
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