Les
Saka sont un peuple
indo-européen qui vivait jusqu'en
380 après J.-C. dans une région couvrant le
Kazakhstan, l'
Ouzbékistan, le
Tadjikistan, l'
Afghanistan, le
Pakistan et une partie de l'
Iran, de l'
Ukraine, des monts
Altaï et de la Sibérie en
Russie. La plupart des chercheurs les considèrent comme une branche des
Scythes.
« Saka » est un nom perse, alors que « Scythe » est un nom grec. Les Chinois les connaissaient sous le nom de « Sai » (塞, prononcé sək en chinois ancien). Ce nom comme celui des Scythes a servit à désigner un ensemble assez varié de peuples nomades, et un ensemble encore plus vaste et durable et qui, même pour la science actuelle, n'a pas de limites bien établies. On compte également un grand nombre de peuples assimilés auxquels fut attribué le nom de « Saces » ou « Saka » ainsi, que des peuples limitrophes portant un nom différent, mais faisant partie de l'ensemble « Saces » comme les Wusun, les Kangju et d'autres tout comme les Iazyges et Aorsi relevaient de la nébuleuse sarmate.
Avec un sens assez flou et général l'ethnonyme est connu par des sources perses et grecques dès les | VIe-Ve siècles av.J.C. (Vieux-Perse saka, pl. Sakâ ; grec pl.Sâkai); des formes voisines apparaissent ensuite en sanscrit ('Saka~) et en chinois (Sai, avec une prononciation ancienne restituée en Saak) parmi les étymologies proposées, celle avancée par V.Abaïev (Sâkâ~ " cerf "). On a aussi avancée un nom iranien du "chien" (persan sag < sak~) et différentes racines verbales; sak~ " être puissant" (Avestique sak~, sanscrit 'sak~) ou l'homophone sak~ " bouger" (au sens de mener une existence nomade?) Les inscriptions perses d'époque achéménide mentionnent diverses subdivisions des Saces : * Sakâ Haumavargâ (relative au haoma boisson sacrée des Indo-iraniens, soma en Sanskrit) * Sakâ Trigraxaudâ (relatif aux « capuchons pointus » cité par Hérodote en Ecbatane) * Sakâ tyaiy paradraya (relatif à une étendue d'eau, « Saces d'au-delà de la mer ou du fleuve », il s'agirait de la Mer Caspienne). On connait aussi des mentions des Sakâ tyaiy para Sug[u]dam (« Saces d'au-delà de la Sogdiane » et des inscriptions en Égypte antique évoquent des « Saces des marécages » et « Saces des plaines » Les Sacaraules ou Sarauques du IIe s. av.J.C. étaient très certainement des Saces. Leur nom signifierait « Saces légers », « Saces rapides » (Sakâ-rawaka) ou « Saces royaux » (Sakâ-rauka d'après H.W.Bailey. . Enfin, le nom Touraniens attribué aux Saces par les Perses serait à connotation péjorative. On le retrouve dans l' Avesta sous le nom dâsuaspa Tura (« Touraniens aux chevaux rapides »)
Parmi les voisins des Saka on trouve les Sarmates, les Issedones et les Massagètes. On sait peu de chose de la langue des Saka, mais elle semble avoir été à l'origine un membre de la famille iranienne (bien que certains se demandent si c'était le cas pour toutes les couches de leur société, ou seulement pour les classes dominantes à diverses époques).
Histoire
Les Saka qui ont occupés un territoire très étendu de la
Mer Caspienne aux confins de la Chine et au nord de l'
Inde ont une histoire assez peu connue, et les renseignements à ce sujet semblent épisodiques.
Au VIe-Ve siècles av. J.C. ils étaient les voisins septentrionaux de l' empire Perse achéménide. D'après Hérodote et Ctésias (Persika) ils s'opposèrent à Cyrus (559-530 av.J.C.). Darius (521-486 av.J.C.) fit une campagne contre eux vers 519 av.J.C. Il captura leur chef Skunka . Sous cette période les Saces d'après des bas-reliefs, semblent être des sujets de l'empire Perse. D'après Hérodote ils sont englobés dans la XVe satrapie. L'armée Perse compta de nombreux Saces durant les Guerres médiques contre les Grecs et ils se distinguèrent à la Bataille de Marathon (490 av. J.C.) et Platée(479 av.J.C.).
Saces sous Cyrus (559 / 530) ...
Hérodote (I, 153) raconte que les Saces s'opposèrent à Cyrus. Ctésias (Persika) conte une guerre au cours de laquelle les Perses capturèrent le roi sace Amorgès. Mais sa femme Sparêthra (une Amazone), rassembla les forces saces et contraignit Cyrus à lui restituer son mari en échange de prisonnier Perses. D'après Strabon (XI, 8,5), " Cyrus fit une expédition contre les Saces, fut défait dans la bataille et s'enfuit" abandonnant son camp aux vainqueurs qui s'enivrèrent et furent finalement massacrés par les Perses. Cette victoire, aurait inspiré la fête des Sacées (Sâkaia)," au cours de laquelle les hommes, revêtus du costume scythe, passent le jour et la nuit en beuveries et en jeux exubérants entre eux, et aussi les femmes qui boivent avec eux."
Saces sous Darius (521 / 486) ...
Après le règne de Cambyse et l'usurpation de Gautama, c'est Darius qui reprit la lutte contre les Saces.Ils sont cités dans une inscription de béhistoun parmi les peuples "révoltés" au début du règne, refusant de reconnaître l'autorité du nouveau roi; cette révolte est datée du moment où Darius se trouvait à Babylone, donc en 521 av. J.C. D'autres inscriptions, permettent de reconstituer une nouvelle phase d'expansion perse vers l'Asie Centrale. Sur un texte de Persépolis (DPe), Darius énumère ses posséssions héréditaires: " Darius le roi dit: voici le pays que j'ai reçus en ma posséssion en même temps que ce peuple perse, qui m'ont redouté et m'ont apporté tribut..." Les " Saces " y apparaissent sans autre précision.
A Béhistoun,(DB col.5) se trouve également le récit d'une campagne contre les " Saces à capuchon pointu":" Darius le roi dit: ensuite, je partis pour le pays des Saces [abiy Sakâm], contre les Saces qui portent un capuchon pointu [ pasâ sakâ tyaiy xaudâm tigrâm barati]. Ces Saces me fuirent. Quand j'arrivai au fleuve, je le traversai avec toute mon armée.Ensuite, je châtiai durement les Saces.Je capturai un autre [chef]; celui-là fut conduit devant moi, et je le tuai.Leur chef, appelé Skunka [ Sku(n)xa], ils le saisirent et le menèrent devant moi.Alors, je nommai un autre à leur tête, comme c'était mon désir. Après cela,le pays devint mien. Darius le roi dit: Ces saces étaient sans foi et Ahura Mazdâ n'était pas vénéré par eux. Moi, je vénérais Ahura Mazdâ. Par la faveur d'Ahura Mazdâ, je leur fis ce que je désirais" les nomades Sacarauques qui s'emparèrent de la Bactriane hellénistique relevaient de l'autorité Sace. .
Peu après, les Saces et d'autres nomades attaquèrent les frontières de l'empire parthe. Phraates II fut mortellement blessé en 128 av.J.C. en les combattant. Son successeur Artaban fut tué par les Tokhariens en 124 av.J.C., et ce n'est que sous le règne de Mithridate II (123-88 av.J.C.) que les Parthes purent repousser des agresseurs Saces. Certains demeurèrent dans les anciennes provinces d'Arachosie et de Drangiane à l'est de l'Iran actuel, qui prirent le nom de « pays sace » (Sakastâna, actuellement Seistân, Sistân)
L'Histoire des Hans évoque une grande migration Sace. Cette source expose que les Sai refoulés par les Yuezhi (Hué Tche) se dirigèrent vers le sud et occupèrent des territoires qui doivent correspondre à l'Inde du Nord.
Au Ie siècle av. J.-C. les Saces avaient pour roi Mauès. Ils occupèrent la vallée de l'Indus puis le Gange. Certains furent un moment vassaux des Parthes. Le roi Mauès était connu dans tout l'Orient ancien, jusqu'en Egypte.
Sur leurs arrières, l'empire des Kouchâns créé par les Yuézhi s'empara de l'Inde du Nord-Ouest, et ils émigrèrent vers le Gujarât et le Mâlwâ. Ces Saces d'Inde, indianisés et hellénisés, subsistèrent jusqu'au IVe s. de notre ère. Une dynastie installée à Ujjain régna sur une partie du Râjasthân jusque dans les années 380 ; et l'on doit à l'un de ses plus célèbre roi Rudradâman, mort en 150, la plus ancienne inscription en sanscrit classique, trouvé à Gimar. Les dernières principautés sace d'Inde furent détruites par la dynastie Gupta sous Chandragupta II (376-415).
Quant aux tribus saces demeurées en Asie Centrale après les mouvements du IIe siècle av. J.-C., elles ont probablement été englobées par des populations iraniennes locales et diverses composantes de populations turcophones.
Archéologie
Les chercheurs considèrent comme "sace" au sens large, une partie des cultures
Scythes de
Sibérie en particulier celle de Tasmola et celle du groupe du haut-Irtych.
Contrairement aux Scythes d'Europe, les vestiges Saces sont éparpillés sur un vaste ensemble, de l'Asie centrale au Turkestan chinois et définissent un ensemble de cultures proches entre elles mais pas identiques :
Dernièrement, une théorie attribue aux Saces, des bronzes trouvés dans le Yunnan, province du sud-ouest de la Chine.
Les migrations du IIe et du Ier siècles, ont laissé des traces en Sogdiane et en Bactriane, sans que l'on puisse les attribuer fermement aux Saces.Il en va de même des ensembles de Sirkap (Taxila au Pakistan). Les riches tombes de Tillia-Tépé en Afghanistan, sont considérées comme relevant d'une population sace influencée par les parthes. .
Anthropologie physique:
Les nomades "scythiques" relevaient principalement de types europoïdes,dont ils étaient avec les Tokhariens, les représentants les plus orientaux.
Cette appartenance europoïde, sporadiquement signalée par les sources chinoises à propos des "barbares" plus ou moins identifiables, est abondamment démontrée par l'Iconographie et la paléo-anthropologie. Cependant il faut apporter une préçision et une nuance.
Variété des phénotypes |
Les phénotypes n'étaient pas uniformes. Beaucoup de restes humains attribués aux Saces sont rattachés au type "méditérranéen" ou à ses diverses variantes "indo-afghane", " méditérranéenne orientale". Les méditérranéens sont typiquement de taille moyenne, avec une ossature souvent légère, dolichocéphales, avec un visage étroit aux traits fins et un nez bien prononcé.Les yeux et les cheveux sont le plus souvent fonçés. Ces types méditérranéens sont bien attestés dès les débuts des cultures nomades dans les steppes asiatiques, car on rencontre dans le Kourgane n°1 d'Arjan dans la Touva, daté d'environ 800 av. J.C. Plus tard, ils sont fréquents chez les Saces du Pamir à partir du VIe siècle av.J.C., et dans tout le sud de l'Asie Centrale.
Mais d'autres crânes provenant de tombes Saces d'Asie Centrale relèvent d'un type différent, Brachycéphale, à visage plus large, dit du Pamir-Ferghâna, dont les affinités sont discutées.
Un troisième type europoïde connu en Asie Centrale, Sibérie, et Turkestan Oriental depuis l'âge du Bronze appelé " proto-europoïde"; modérément dolichocéphale avec une visage haut et large, de haute taille, à charpente osseuse robuste (trouvé à Toumak-Kitchidjik sur la rive gauche de l'Amou-Daria et à Oulaangom en Mongolie).Il a parfois été attribué aux Indo-Européens originels.
Des yeux et des cheveux clairs sont attestés par diverses données, sans qu'on puisse en évaluer la fréquence mais ils avaient particulièrement frappés les auteurs chinois.Yan Shigu (579-645) décrit les HU (les "Barbares") "comme ayant les yeux bleus et des barbes rouges". Son contemporain Xuanzang affirme vers 630 que les habitants de la ville de Kâchghar dans le bassin du Tarim qui parlaient à l'époque une langue iranienne orientale, avaient les "prunelles vertes".
Les cheveux blonds ou châtain clairs sont courants chez les momies préhistoriques et antiques de cette même région. de la fin du IIe ou du début du IIIe siècle, donne en tout et pour tout quatre renseignements:
- " Les Saces dressent leurs chevaux à les attendre quand ils tombent"
- " Ils ne combattent pas jusqu'à la mort"
- " La primauté de l'homme ou de la femme dans le ménage est déterminée par l'issue d'un combat"
- "Quand les Saces ont quelque sujet d'affliction, ils vont se cacher dans des lieux obscurs, dans des cavernes ténébreuses".
La première indication étudiée par recoupements de divers témoignages grecs et indiens semble être vraie.< ref> Iaroslav lebedynsky. P. 77 " Les Saces", Ed. Errance </ref> Les deux suivantes peuvent renvoyer à des faits réels, plus ou moins bien compris, la dernière n'évoque rien de préçis aux chercheurs(p.78).
UNE SYNTHESE...
Une tentative de synthèse des informations, tirées de l'archéologie et des sources écrites, sur l'organisation, le mode de vie et de pensée, les aptitudes techniques et culturelles des Saces et des populations apparentées.
Les Saces étaient nomades, semi-nomades ou sédentaires.
Le nomadisme reposait dans les steppes, sur un déplacement régulier des troupeaux suivant un circuit annuel ou transhumance.La longueur entre deux points extrêmes pouvait être de 400 km à 1500 km, la plus courte 100 à 200 km. Le bétail était essentiellement constitué de moutons et l'animal le plus préçieux était le cheval (objet de cultes, monture du cavalier et produit d'exportation).Les bovins occupaient une moindre place. Dans la montagne le déplacement se faisait en hauteur, entre pâturages d'été en altitude et pâturages d'hivers dans la plaine. A côté du nomadisme généralisé, existaient divers modes de vie mixtes, semi-nomades ou semi-sédentaires dans laquelle seule une partie de la population se déplaçait suivant le cycle annuel ou saisonnier.On pense qu'il y avaiut dans ce modèle cohabitation de nomades Scaes et sédentaires de groupes ethniques différents. Agriculture irrigée de type centre-asiatique dès le milieu du Ier millénaire av.J.C.
Les Saces vivaient sous des tentes avec un poteau central, que les chercheurs nomment proto-yourtes tant les écrits (témoignages d'Hérodote et les textes d'Hippocrate) à ce sujet sont impréçis. Aux tentes s'ajoutaient des maisons fixes plus ou moins durables. (maisons de Kouïousaï et Sakar-Tchaga) cabanes à carcasses de bois avec parfois un sol décaissé.ira. [Kata~] dérivant d'une racine signifiant "creuser". Ailleurs, sont attestées des maisons en rondins. L'habitat fixe est souvent relié aux traces d'une pratique de l'agriculture.
La métallurgie était très développée chez les nomades. L'artisanat pouvait être pratiqué dans des camps saisonniers.Les nomades travaillaient tous les produits dérivés de leurs cheptels:cuir, laine, os, corne, à des fins très utilitaires (tentes, courroies, vêtements, outillage...)que décoratives: les "Kourganes gelés" de l'Altaï ont livré des merveilles de l'art animalier faites en cuir et en feutre. La céramique elle, est assez grossière. Les objets fabriqués par les nomades eux-mêmes étaient de consommation courante, dont la durée de vie ne dépassait pas une année ou une saison.On note également des travaux d'orfèvrerie (miroirs dans les tombes féminines) des perles en verre Histoire du verre venues de très loin (Syrie;Inde)
L' art animalier est bien représenté: félins enroulés sur eux-mêmes; rapaces souvent réduits à une tête stylisée " motif oeil-et-bec". ; le cerf; le bouquetin; le sanglier...
- Un art particulier "les pierres à cerfs"- Le nom de pierres à cerfs est une traduction du russe "olennye kanni" désignant différents types de pierres dressées, dont certaines portant seulement un décor animalier découvertes en Mongolie-Transbaïkalie et Saïan-Altaï.Ces pierres uniques en leur genre, représentent soit des animaux stylisés en majorité des cerfs (mais pas seulement) et des visages humains de type europoïdes.Le "visage " est parfois réduit à trois traits diagonaux parrallèles qui ont été comparé par D.G. Savinov à ceux que tracent sur le sol les shamans modernes de la Touva à la fin d'une cérémonie funéraire.En Mongolie intérieure,les pétroglyphes représentent des masques ou peut-être des "crânes" . La datation proposée se situe généralement au tournant des IIe-Ie millénaires av.J.C. période de formation des ensembles nomades de la steppe. Ces stèles énigmatiques seront réemployées dans des sépultures postérieures vers 800 av.J.C. Leur sens n'est pas connu, barrière symbolique entre les morts et les vivants? Première forme d'écriture stylisée? Leur caractère funéraire semble cependant attesté.Elles sont attribuées à l'environnement "eurasiatique" en général et à l'ensemble des cultures "scythiques" en particulier bien qu'elles dépassent largement le territoire des "nomades scythiques".
Chez les groupes purement nomades, elle se composait de viande et de lait (fromage, et surtout lait de jument qui servait à faire de l'alcool que l'on appel aujourd'hui "Koumys") auquel s'ajoutait le produit de la chasse et de la pêche ainsi que des échanges avec les groupes agriculteurs.Le vin était obtenu auprès des voisins perses qui pratiquaient la viticulture (à partir d'une certaine époque Saces; empire parthe et colonisation macédonienne). On n'a pas de témoignages d'une consommation excéssive de vin chez les Saces au contraire des Scythes d'Ukraine qui en étaient friands.
Le costume nomade masculin est très bien documenté. Il existe une abondante iconographie perse (reliefs de Béhistoun, Persépolis, etc.) et même nomade (plaques de la "Collection sibérienne", Plaques d'Orlat en Ouzbékistan, statues de Baïté sur le plateau de l'Oustiourt, tenture de Pazyryk...)ou Post-nomade (statuaire Kouchâne et parthe).Les éléments archéologiques disposent de vêtements complets et variés trouvés dans les "tombes gelées" de l'Altaï, des vêtements conservés par déssication, des sépultures du bassin du Tarim. Il existe des différences locales dues aux matériaux disponibles et à l'écosystème environnant.Ainsi, on trouve une abondance de fourrures dans l'Altaï (écurueil, zibelines, loutres...). Par ailleurs, la soie était appréçiée. Le costume masculin typique comportait des pantalons (recouverts chez les Parthes de "surpantalons" larges fait en peau de cheval, un caftan de longueur variable croisé et serré à la taille par la ceinture, et des bottes plus ou moins hautes.On trouve également des tuniques d'inspiration grecque et un vêtement fermé par un pan triangulaire qui ressemble au "del" Mongol actuel (reliefs de Khatchaïan).Les femmes avaient de longues robes, mais ces dernières pouvaient être remplacée pour monter à cheval, par des vêtements semblables à ceux des hommes,ou par des pantalons portés en dessous.Les vêtements étaient richement colorés et décorés de broderies, d'applications, de plaques métalliques et chacun arborait parures et bijoux (y compris les hommes et dans certaines régions, les femmes avaient des armes décorées). Les deux sexes partageaient le goût de couvre-chefs imposants et sophistiqués. Les hauts capuchons pointus, en feutre ou en cuir des hommes avaient inspirés aux Perses le nom de l'une des subdivisions Saces; le plus bel exemplaire connu est celui de "L'Homme d'Or" d'Issyk au Kazakhstan. Pour ce qui est des femmes, on a retrouvé dans les tombes de l'Altaï de belles coiffes à décor animalier.
L'organisation sociale apparaît dès l'origine nettement hierachisée, et l'ampleur des différences sociales se mesurent à la richesse des sépultures de l'élite.Le shéma est partout tripartite Georges Dumézil. Au sommet de cette pyramide: les "rois"(reines) et des clans royaux parfois sacralisés, puis une noblesse de recrutement.Tout en bas la masse du peuple composée d'"hommes-libres", guerriers-éleveurs.Si l'Esclavage a existé ponctuellement, il n'a pas joué de rôle économique vital.
- Héraldique nomade ou tamga
Les tribus se partageaient elles-mêmes en "clans" ou grandes familles, dont l'existence est attestée au début de notre ère par l'usage d'un système héraldique particulier que les ethnographe appèlent du nom turco-mongol "tamga" qui servaient à marquer le bétail et certains objets. On trouve en mongolie des stèles où sont gravées des séries de tamgas et que les archéologues qualifient d'"encyclopédie". L'origine des tamgas n'est pas connue et aucune des théories visant à les rattacher à une écriture stylisée orientale archaïque n'est prouvée à ce jour.On igore où le système s'est développé initialement (en milieu sace ou un emprunt inspiré d'une forme encore plus ancienne, préhistorique?)Les tamgas connaîtront une grande diffusion au-delà du monde sace, chez les Sarmato-Alains d'Europe et un peu partout en Asie.(voir à ce sujet les recherches de & témoigne d'une liberté de moeurs " Chacun prend une épouse, mais les femmes sont communes à tous" (I, 216) invérifiable sur le plan scientifique et peut-être fantasmé par l'auteur. Seule certitude des historiens le rôle prépondérant de la femme. Hérodote (IV, 26) dit formellement que chez les Issedons (groupe sace) les femmes sont les égales des hommes: " Au reste les Issedons sont, eux aussi, vertueux, et les femmes ont chez eux les mêmes droits que les hommes" Plusieurs reines saces sont mentionnées par les auteurs grecs, comme Tomyris reine des Massagètes (Saces de la mer Caspienne), mais aussi Zarina " la dorée" ).
Sur le plan archéologique, il existe des indices d'un culte solaire.Dans l'art animalier, certains auteurs font du motif classique du félin enroulé, un symbole solaire. L'orientation des défunts dans les tombes est elle aussi liée aux cultes solaires. Dans la plupart des cultures des VIIe-IIIe siècles av.J.C.,l'orientation dominante tête vers l'ouest: la tête est au soleil couchant, mais " regarde" vers le soleil levant. La vénération du feu était sans doute associée à celle du soleil-là encore, il en existe de nombreuses illustrations comparatives chez les nomades des steppes européennes.Le feu dans le culte solaire devait jouer le rôle de "purificateur", notamment lors des funérailles, comme le suggèrent les traces de combustion de certaines structures. Il pouvait représenter ou constituer une divinité du foyer, comme chez les Scythes.
En dehors du soleil et éventuellement du feu, nous n'avons aucune certitude. Le culte si caractéristique d'un dieu de la guerre représenté par une épée plantée verticalement, connu chez les Scythes et les Alains, n'est pas attesté chez les nomades d'Asie ( mais sur d'éventuelles traces indirectes, cf. <ref< I.Lebedynsky, Le dieu à l'épée..., 2005, ed. Errance, Paris</ref> ).La célèbre tenture de Pazyryk qui représente un cavalier face à un personnage féminin au crâne rasé, illustre peut-être une scène d'investiture d'un chef par une divinité ( ou l'arrivée d'un cavalier dans l'Autre-Monde; si la tenture avait une destination strictement funéraire?) Trois autres types de cultes ont été attribués aux nomades sur la base d'éléments plus ou moins précis:
-Un culte des ancêtres qui aurait laissé des traces dans les empires parthe et kouchâne. au revers des monnaies parthes figure Arsace, le fondateur de la dynastie, assis,un arc à la main. Chez les Kouchânes, un genre de culte dynastique est attesté non seulement par la prétention de Kanichka à être issu "de la race des dieux" ( inscription de Rabatak) mais aussi par un monument majeur qui est le temple de Sourkh Kotal en Afghanistan. C'est une acropole perchée sur une colline, et qui comporte un sanctuaire central entouré de couloirs au trois côtés,avec, autour de l'ensemble, des portiques à colonnes de bois.
-Un culte des fleuves que Justin ( XLI) attribue aux Parthes de même que l'Oxus divinisé figurait sur le revers des monnaies kouchâne. Mais son culte est antérieur à l'arrivée des nomades dans la région comme en témoigne le célèbre temple de Takht-i-Sanguine ( Tadjikistan), construit à l'époque hellènistique sur un site vénéré dès l'époque achéménide.
On notera également le souvenir d'une déesse de la terre comparable sans doute à l'API des Scythes d'Europe.
Références