Sophocle (en Grec ancien Σοφοκλῆς / Sophoklễs) est, avec Eschyle et Euripide, un des seuls auteurs de Tragédie grecque dont l'oeuvre nous soit partiellement parvenue.
Biographie
Sophocle naît en 496 ou 495 avant J.C. à Colone (près d'Athènes). Il est le fils d'un riche Athénien, Sophilos, propriétaire d'esclaves forgerons et charpentiers. D'après Aristoxène et comme semble le confirmer sa dernière oeuvre, son Dème est Colone, en bordure de la ville. Il reçoit une bonne éducation et notamment suit les leçons de Lampros, ce qui lui permet à 16 ans de conduire le choeur après la victoire de Salamine. Sa carrière d'auteur tragique est couronnée de succès puisqu'à 27 ans, il remporte le premier prix face à Eschyle et en tout il remporte 24 victoires aux grandes Dionysies, arrivant second toutes les autres fois. Il remporte également 6 victoires au concours des Lénéennes, concours institué dans le dernier tiers du Ve siècle. Aucun autre auteur tragique grec ne peut revendiquer autant de succès, que ce soit Eschile ou Euripide, ils n'atteignirent pas un tel nombre de victoires, et une telle gloire tant poétique que politique.
Il fait également une carrière politique puisqu'en 443 il est Hellénotame de la ligue de Délos (administrateur du tribut versé par les alliés d'Athènes) et Stratège en 440 auprès de Périclès (il participa à la campagne de Samos). En 413, après le coup d'état consécutif à l'échec sicilien, il est l'un des commissaires du conseil qui conduisit au régime oligarchique de 411. Il doit essentiellement ces charges à ses succès dans la tragédie et à son amitié avec Périclès.
Il est marié à l'Athénienne Nicostraté qui lui donne un fils, Iophon. Il a également une maîtresse sicyonienne du nom de Théoris, avec laquelle il a un autre fils, Ariston, père de Sophocle le jeune. Il faut tenir pour très éxagérée la légende selon laquelle peu avant sa mort, un conflit d'héritage aurait amèné Iophon à engager un procès contre son père devant le conseil familial afin de prouver la sénilité de celui-ci, mais sa préférence pour son petit-fils illégitime en raison notamment de son intérêt à la tragédie, provoqua effectivement des heurts entre Sophocle et son fils légitime Iophon.
Il meurt en 406 et sa toute dernière pièce, OEdipe à Colone, est jouée la même année à titre posthume.
OEuvre
Sophocle a réformé le théâtre grec en créant le « troisième acteur » (
tritagoniste), après
Eschyle qui avait porté à deux le nombre des protagonistes. Avant ces auteurs il n'y avait qu'un acteur sur scène, et le
choeur. Le théâtre grec ne connaîtra néanmoins jamais plus de trois acteurs, les rôles secondaires étant souvent joués par la même personne. Il a également introduit les péripéties et il a abandonné le système de la trilogie.
Il est l'auteur de cent-vingt-trois pièces dont vingt ou vingt-deux drames satyriques. La plupart ont été perdues, car insuffisamment recopiées, les manuscrits ont été détruits par le temps. Ainsi, si de cent-vingt-trois oeuvres, il ne nous en reste plus que sept, ce sont très probablement les meilleures, car les plus recopiées.
Tragédies
Drames satyriques
Pièces perdues
(109 oeuvres)
Les fragments des Limiers (Ichneutae) ont été découverts en Égypte en 1907. Ils représentent environ la moitié de la pièce, ce qui en fait le Drame satyrique le mieux conservé après le Cyclope d’Euripide transmis dans son intégralité. Les fragments des Épigones (Epigonoi) ont été découverts en avril 2005 par les hellénistes de l’Université d'Oxford. La tragédie raconte le siège de Thèbes.
Poésies
- Péan pour Asclépios : paroles accompagnées de musique et de danse
Traité
Annexes
Notes et références
Bibliographie
- .
- JOUANNA Jacques : " Sophocle " - Fayard, octobre 2007
Citations
- Qui juge lentement juge sûrement.
- Tout est bien qui vient en son temps.
- Un bien acquis par fraude ne profite jamais longtemps.
- On navigue toujours bien, lorsque l'on fuit devant le malheur.
- Le savoir est de beaucoup la portion la plus considérable du Bonheur.
- Est heureux qui sait qu'il est heureux.
- Parler beaucoup est une chose, parler à bon escient en est une autre.
- Esclave de corps, d'esprit libre.
- L'homme porte en lui la semence de tout bonheur et de tout malheur.
- Le mauvais exemple est contagieux.
- ...quand le malheur s'éloigne, l'esprit s'en détache.
- Ne pas naître, voilà qui vaut mieux que tout.
- Mieux vaut cent fois n'être pas né, mais s'il nous faut voir le jour, le moindre mal est de s'en retourner d'où l'on vient.
- L'argent, ah! maudite engeance, fléau des humains !
- Pour les hommes, il n'y a jamais eu d'institution aussi fatale que l'argent.
- Il n'y a pas au monde de pire malheur que la servitude.
- Un jour suffit pour faire monter ou descendre toutes les fortunes humaines.
- Apprends que c'est le manque de souplesse, le plus souvent, qui nous fait trébucher.
- Le silence donne aux femmes une grâce qui leur sied.
- Je suis folle, c'est vrai, mais je vous en supplie, laissez moi être folle !
- La guerre ne veut pas d'un vaurien, c'est toujours les braves qu'elle choisit.
- Je préfère encore un échec honorable à une lâche victoire.
- Plus faible sont les risques, meilleure est l'entreprise.
- Entreprise mal engagée se condamne à mauvais succès.
- Le pêcheur, qui à coups de rames, fait avancer sa barque, a son passé devant lui et son avenir dans le dos.
- On ne saurait dire, avant qu'il soit mort, si la vie de chacun a été bonne ou mauvaise..