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L'empereur Tang Taizong (en chinois 唐太宗, Hanyu pinyin Táng Tàizōng, 23 janvier 599 - 10 juillet 649), né Li Shimin (李世民, Lĭ Shìmín) fut le deuxième empereur de la Dynastie Tang de Chine. Il régna de 626 à 649. Second fils de Li Yuan, il est considéré comme le cofondateur de la dynastie par l'appui militaire essentiel qu'il apporta à son père dans la conquête de trône avant de provoquer son abdication et de le remplacer à 27 ans en prenant le nom de Tang Taizong.
Chef de guerre habile, sachant jouer de la puissance de sa famille et de la position géographique de son Shanxi natal, entre Chine impériale et marges turques, Li Shimin/Tang Taizong, formé à la culture chinoise, mais marqué par le monde des cavaliers semi-barbares, réussit la conquête et l'unification de l'empire au prix de longues campagnes militaires. La Chine unifiée par son clan, il soumet les Turcs orientaux en 630, les Tibétains en 641, puis par une diplomatie habile, les Turcs occidentaux en 642 et, de 640 à 648, les cités-royaumes des Oasis du Tarim. Il limite également les ambitions des Coréens, faisant ainsi de son Empire l'un des plus vastes qu'ait connu la Chine.
Ses qualités de chef militaire et d'administrateur permettent à la Chine de connaître une période notable de prospérité et de sécurité, particulièrement durant la première partie de son règne (Zhenguan 貞觀之治). Cette période a été érigée en idéal de gestion politique, et Tang Taizong est présenté dans la tradition chinoise comme un empereur modèle.
Introduction et vue d'ensemble
À la chute des
Han (
220), le pays se divise en royaumes régionaux. Après une période d'incertitude, la situation se stabilise : royaumes
barbares semi-sinisés au Nord, et cinq dynasties prétendant succéder à l'empire Han au Sud (Jin, Liu-Song, Qi, Liang, Chen).
En 577, l'empereur des Zhou du Nord vient à bout de ses rivaux les Qi du Nord. Ce succès est en partie dû à la compétence de son beau-père Yang Jian (楊堅, Yáng Jiān), puissant ministre. En 581, ce dernier s'empare du pouvoir et crée la Dynastie Sui, puis, détruisant les forces Chen du Sud, reconstitue l'empire chinois : c'est le début de la période Sui (589-618). Yang Jian, devenu l'empereur Wendi (文帝), sobre et pragmatique, construit la prospérité en défendant les frontières de son empire ; il engage de grands travaux et réforme les institutions. Son fils, Yangdi (煬帝), plus lunatique, lui succède en 605 ; il engage la restauration systématique de la Grande Muraille, et lance trois campagnes infructueuses sur la Corée. Le peuple épuisé se révolte, des chefs locaux émergent, des armées s'organisent, tandis que l'empereur désespéré se désintéresse des affaires de l'empire.
Ce début de désordre généralisé constitue la toile de fond de l'aventure de Li Shimin, le futur Taizong. Selon l'histoire officielle du livre des Tang, il aurait poussé son père, Li Yuan (李淵), gouverneur du Shanxi, à se révolter contre le trône vacillant et à se tailler un domaine à partir de Taiyuan (太原). Lorsque l'empereur des Sui est assassiné, Li Shimin fait de son père le leader des légitimistes avec l'image d'honnête lieutenant de l'empire. Par la force des armes, père et fils établissent sur son trône un prince héritier. Guidant les armées de son père, Li Shimin lui permet d'accéder à la dignité impériale en 618, sous le nom de Gaozu (高祖, Gāozǔ) de la Dynastie Tang. Li Shimin réunifie le Nord, puis la Chine entière sous le contrôle de la nouvelle dynastie Tang. Il gère également la menace des barbares ; il semble de plus -d'après les récits chinois qui font son éloge- qu'il est en fait l'instigateur de toute la politique dès 616.
En 626, après une tentative d'assassinat menée par le prince héritier (son frère aîné) et le visant, il pousse son père à abdiquer en sa faveur, et monte sur le trône, âgé de vingt-sept ans. Son premier souci est de sécuriser les frontières, de repousser la menace turque, et d'asseoir la puissance chinoise en Asie, tant par les armes que par la Diplomatie. En 630, son général Li Jing (李靖), aidé de tribus turques ralliées, sabre le camp du Grand Khan à Dingxiang dans une attaque surprise, puis soumet l'ensemble du puissant Khanat des Turcs orientaux (東突厥), permettant aux Tang de devenir le principal pouvoir d'Asie orientale. De nombreuses tribus extérieures à l'empire viennent alors apporter le tribut symbolique à Chang'an (actuellement Xi'an) et demander à Tang Taizong d'accepter le titre de Khan céleste (天可汗).
En 638, la Chine subit une campagne du roi du Tibet Songtsen Gampo, à la province frontialière de Songzhou, qui fait prendre conscience de la force tibétaine. Aussi, Taizong cède aux demandes du roi tibétain, et scelle une alliance en 641, matérialisée par l'envoi et le mariage de la princesse Wencheng au roi du Tibet.
De 640 à 648, il soumet les poches de résistance du Bassin du Tarim : la Route de la soie est durablement rétablie. En 645, il tente de soumettre les royaumes coréens, sans y parvenir. En 648, la domination chinoise est rétablie au Xinjiang.
Sous son règne, le célèbre pèlerin Xuanzang fait son voyage en Inde, de 629 à 645, à la recherche de textes sacrés bouddhiques, qu'il traduit ensuite dans la capitale Chang'an (Xi'an), jusqu'à sa mort en 664.
Il meurt en 649, après avoir imposé puis consolidé une nouvelle dynastie et imposé une Chine puissante, organisée, respectée et crainte des « barbares » proches. Il impose également la Chine comme arbitre de l'Asie orientale et centrale, à travers sa suzeraineté sur de nombreux royaumes et khanats limitrophes.
Son Mausolée est creusé dans la roche du Zhao Ling, dans la vallée de la Wei He (province du Shaanxi). Il représente un véritable palais comprenant près de quatre cents bâtiments et un chemin de procession long de plusieurs centaines de mètres. Son nom posthume est Wenwudashengdaguang Xiao Huangdi (æ–‡æ¦å¤§è–大廣åçš‡å¸ [], littéralement « empereur filial civil et martial, à la sainteté et au rayonnement immense »). Son fils Gaozong lui succède.
Origines
En
589, après près de 370 ans de division, l'empire chinois est reconstitué sous la
Dynastie Sui dirigée par la famille Yang (
楊) qui connaît seulement deux empereurs régnants et s'achève en
618. Après les campagnes désastreuses contre la Corée du second empereur
Sui Yangdi, l'atmosphère du pays est à la révolte et de nombreux potentats locaux prennent leur indépendance de fait. Le risque de morcellement de l'empire pointe de nouveau. Parmi les grandes familles locales, les Li (
李), dont le chef Li Yuan, gouverneur du Shanxi, est cousin germain par sa mère (une
Xianbei) de l'empereur Yangdi. Ce sont eux qui sauveront l'unité de l'empire à leur profit, essentiellement grâce aux talents politiques et militaires de Li Shimin, second fils de Li Yuan.
Lieutenance 李 Lĭ de l'Empire 隋 Suí
Affaissement du pouvoir central
Dès 614, avant même l'expédition de Corée, une révolte éclate en Chine que Suí Yángdì (
隋煬帝) doit écraser, avant de repartir avec un million de soldats et un approvisionnement en rapport. La campagne de 614 s'avère être infructueuse et très coûteuse. Le roi Yeongyang propose la paix, mais refuse toutes les conditions de l'empereur Yángdì qui, pour l'honneur de l'Empire, demande la reconnaissance de la souveraineté chinoise et le paiement annuel d'un tribut (symbolique). Le refus est catégorique, la situation militaire bloquée, Yángdì rentre à Chang'an dans un climat de révolte.
En 615, pour rétablir un peu son prestige, l'Empereur fait la tournée des Limes du nord, face aux Turcs Orientaux. Son escouade est attaquée par ces mêmes Turcs qui étaient pourtant vassaux de l'Empire depuis Suí Wéndì (隋文帝). Le jeune Lĭ Shìmín (李世民) (fils de Lĭ Yuan (李淵), gouverneur du Shanxi) s'illustre alors par son initiative au combat. C'est que ce jeune noble, subtilement sinisé par son père profondément confucéen et la vie de cour qu'il lui a permis d'observer, est aussi un brillant jeune lieutenant, frère d'armes des Turcs fédérés ; cela aura son importance par la suite. L'Empereur se désintéresse finalement de cette désespérante situation et des seigneurs militaires autonomes émergent aux environs de 614-616. La capitale est prise par des rebelles, et la Cour doit s'enfuir.
Rébellion du gouverneur Lĭ Yuan, son père
En même temps, dans le Shanxi, le puissant administrateur confucéen et général Lĭ Yuan, père de Lĭ Shìmín, continue de surveiller sa frontière nord tout en restant fidèle à l'Empereur Suí. Son fils, qui a un peu pris en âge, en expérience et en audace, l'encourage à faire sécession et à se tailler dès à présent la plus grande part possible du royaume : l'Empire s'effondre, les Suí tombent, il faut prendre position.
Pour forcer la main à son père, Lĭ Shìmín lui fait livrer par un eunuque de la cour dont il a fait la connaissance une concubine de Yángdì, que son père accepte ; peu de temps après, il fait remarquer à son père qu'il est de ce fait passible de mort et au ban de l'Empire. Le 20 mai 617, Lĭ Yuan réunit ses fidèles et monte une armée, préservant néanmoins son image de serviteur fidèle du pouvoir en assurant vouloir défendre la dynastie Suí contre les rebelles qui menacent à présent l'Empire. Lĭ Shìmín obtient 500 soldats d'élite et 2 000 chevaux de ses amis turcs. Sa soeur vend ses bijoux et ses biens pour lui ramèner 10 000 soldats. Le soutien de son père et des loyalistes (manipulés?) élève rapidement cette armée à 60 000 hommes. En fait, les nombreuses branches de la famille Lǐ (李) s'emploient à promettre des terres à des immigrés égarés par les guerres, et à sceller des alliances avec des groupes de bandits et rebelles locaux. En quelques mois, cette armée aurait ainsi atteint 200 000 hommes. Lĭ Shìmín, à la tête de l'ensemble, rassure les populations par l'ordre qu'il y maintient.
Lǐ Jìng (李靖) (571-649), un fonctionnaire local, tente de rejoindre l'Empereur pour le prévenir de la machination en cours. Il est dénoncé par la population, favorable à Lĭ Yuan en raison de ses qualités de gouverneur, et menacé d'exécution, mais Lĭ Shìmín, surpris par sa bravoure confucéenne, le laisse libre. Après quelques errements, notamment dans une armée Suí qui pratique le pillage, il rejoint finalement Lĭ Shìmín dont il a pu voir de ses propres yeux le comportement exemplaire vis-à-vis de la population et dont les armées, ordonnées, protègent les citoyens sous ses yeux. Lǐ Jìng -stratège hors-pair- s'avèrera une aide décisive.
Premières offensives Lĭ
En
617 (9
日11
月), Lĭ Shìmín et ses armées entrent à la capitale Cháng'ān qui résiste brièvement. Lĭ Yuan nomme empereur Yang Yu, un petit fils de Yángdì qui, démissionnaire, est considéré comme détrôné. Finalement, Yangdi est assassiné par un général rebelle, Yuwen Huachi. À
Luòyáng, un général prétendument fidèle, Wang Shichung, instaure un autre nouvel empereur fantoche. Lĭ Yuan et Lĭ Shìmín s'affirment alors comme protecteurs du jeune empereur Sui face aux généraux manipulateurs, confirmant leur réputation de confucéens modèles.
Début 618, Lĭ Shìmín parvient à faire échouer un assaut lancé par le général rebelle Xue Chu, autoproclamé empereur, venu du Gansu (ouest, nord-ouest), mais il n'est pas encore empereur.
Le 20 mai 618, Lĭ Yuan se fait nommer empereur sous le nom de Táng GāoZǔ (唐高祖); le petit empereur fantoche sera exécuté quelques mois plus tard. Il fait de Chang'an sa capitale. La Chang'an des Han devenue inhabitable, il s'agit en fait de la ville voisine de Taixingcheng (大興城) récemment reconstruite sous Sui Wendi afin de satisfaire au besoin d'une dynastie moderne, et considérée comme la nouvelle Chang'an.
Devenu Empereur, Táng GāoZǔ inaugure l'ère Wude (武德 vertu martiale), la seule que connaîtra son règne. Lĭ Shìmín est fait prince de Qin (秦) alors que Li Jiancheng (李建成), son frère aîné, est nommé prince héritier.
Début de l'Empire Tang : 唐高祖 Tang GāoZǔ (618-626)
Victoire sur l’empereur Xue Chu et occupation du Gansu
Trois mois plus tard (août 618), le général-empereur Xue Chu relance une campagne pour prendre Cháng'ān, la capitale impériale. Il bat une armée Tang à plate couture, mais arrivé aux portes de la ville, il tombe malade et meurt. Son fils, brouillé avec ses généraux, opte pour le repli. En novembre, Lĭ Shìmín le poursuit et sabre par surprise son camp. Nombre de ses généraux et soldats désertent pour rejoindre les armées Tang, qui occupent donc le
Gansu.
Prise décisive du Henan et du Hebei
Il reste à stabiliser cet Empire en ébullition. Possédant le Gansu, le Shaanxi et le Shanxi, leur région de départ, les Li contrôlent environ 25% de la population de l'Empire. Il leur faut à tout prix marcher vers le Hebei et le Henan dans la grande plaine centrale, qui contiennent 50% de la population chinoise, et peuvent eux seuls fournir les hommes et le grain nécessaires à l'effort de guerre d'un État à ambition impériale.
Wang Shichung, Li Mi et le régicide
À l'est, le général « légitimiste » de Luòyáng, Wang Shichong (
王世充), avait placé Yang Tong (
杨侗), ancien prince de Yue (
越王) en position d’héritier légitime des Sui. Il s'allie au cruel Li Mi (
李密) – un autre sécessionniste qui pourtant faisait fréquemment le siège de sa ville - chacun pensant y gagner. Ils doivent faire face à une menace venue du Sud, le régicide Yuwen Huachi menaçant la capitale de Li Mi (
Liyang). Aidé d'un symbolique petit soutien de Luòyáng, Li Mi repousse le régicide Yuwen Huachi. Mais cette lutte affaiblit considérablement Li Mi et le régicide. Wang, menacé par le prestige acquit par Li Mi, décide de lui fermer les portes de sa ville puis use d'un subtil stratagème. L'un de ses lieutenants étant un sosie de Li Mi, il le fait apparaître en pleine bataille, habillé comme Li Mi, et lui fait donner des contre-ordres aux troupes de Li Mi qui, défait, doit intégrer les troupes Tang. Satisfait de cette victoire, Wang Shichung détrône son petit empereur et s'intronise empereur de la dynastie Zheng (
鄭) en avril 619, contrôlant virtuellement le puissant Henan. Factuellement, il contrôle surtout les abords de Luoyang.
Alliance entre les Zheng et les Xia, contre les Tang
Les armées de Lĭ Jiancheng et Lĭ Shìmín se réunissent et pressurisent doucement le Henan, aidées en cela par la cruauté de Wang Shichung que la population fuit : c'est autant de nouveaux soldats possibles pour les Tang. Limité à Luòyáng, Wang Shichung sollicite l'alliance du rebelle Du Jiande (
窦建德), qui s’est proclamé empereur des Xia (
夏), et contrôle le Hebei et le
Shandong côtier ; il venait de faire décapiter le régicide (619), et également de défaire une petite armée Tang à Liyang, dans le Hebei.
Bataille de Luòyáng (621)
Les Lĭ assiègent Luòyáng. Lĭ Shìmín part en reconnaissance autour de la ville fortifiée avec 800 cavaliers et se fait encercler par l'armée locale. Un officier opposé le prend en visée, mais Jingde, un ancien opposant turc qu'il a défait et rallié à sa cause le sauve, tandis que le gros de ses troupes intervient enfin. L'information parvient que les troupes des Xia arrivent du
Hebei pour profiter de la situation, et surtout, ne pas donner l'avantage aux Tang. Lĭ Shìmín prend des cavaliers d'élite turcs avec lui, fonce vers le nord durant la nuit, et taillade le camp adverse au petit jour. De retour à Luòyáng, la résistance de la ville faiblit à la vue de l’empereur Xia prisonnier. Quelques jours plus tard, Luòyáng se rend : les deux villes impériales sont désormais en la possession des Tang; le Henan et le Hebei passent dans leur sphère d'influence, ainsi que le
Shandong. Les Tang se retrouvent donc maîtres du nord, et de surcroît avec une réputation favorable de bon gouvernants.
Le cadet de famille qu’est Li Shimin rentre à Cháng'ān comme un César à Rome : couvert d'une armure d'or, le carquois garnis de flèches, l'arc sur le dos, l'épée à la main sur son cheval favori. Les chefs faits prisonniers marchent soumis à ses cotés.
De la domination à l'unification
L'avantage militaire est ainsi clairement passé aux Tang. Les deux armées principales du Nord sont soumises, leur territoire est relativement stable du fait de leur réputation, et ils sont désormais en possession du coeur humain et productif de la Chine. Ils sont les seuls à pouvoir prétendre à une ambition impériale.
Des rebelles continuent à agiter certaines régions chinoises, comme Xiao Xian (蕭銑), héritier des Liang occidentaux (西梁) absorbés par les Sui et alliés de la famille impériale de cette dynastie. Mais il est défait fin 621 : le Hubei, le Hunan, le Jiangxi et le Guangdong passent aux Tang.
La menace des Turcs Orientaux
En 624, le Khan des Turcs Orientaux (
東突厥 tūjué,
Köktürks) s'annonce aux portes de la ville impériale de Cháng'ān. L'Empereur et la Cour veulent évacuer la ville. Utilisant sa réputation et sa connaissance des barbares, Lĭ Shìmín et une petite troupe foncent vers eux. Lĭ Shìmín les harangue, rappelle à certains chefs qu'ils ont combattu ensemble, et défie carrément leur chef en duel.
« La Dynastie Tang ne doit rien aux Turcs. Pourquoi envahissez-vous nos États ? Me voici prêt à me mesurer à votre Khan ! »
Les Turcs se concertent puis se replient. Lĭ Shìmín donne alors l'ordre de préparer armes et chevaux. La nuit, ils rejoignent le camp turc et le sabrent. Le Khan supplie pour obtenir la paix et se retire honteusement en Mongolie extérieure.
Le coup de la porte Xuanwu (2 juillet 626)
Malgré tout ses talents de leader militaire, de principal général de l'Empire, Lĭ Shìmín reste le second fils de l'Empereur, et c'est donc son aîné Li Jiancheng (
李建成) qui est légalement le prince héritier. Menacé par les exploits de Lĭ Shìmín, Li Jiancheng et plusieurs autres frères, dont Li Yuanji (
李元吉), complotent contre lui. Ils auraient tenté de l'empoisonner, mais il prend du contrepoison et en réchappe. Ses frères soulignent alors le besoin d'une expédition militaire nécessitant les meilleurs généraux de Li Shimin, et fomentent l'embuscade de la porte Xuanwu. Un traître avertit Li Shimin qui s'y rend donc en armes, suivi de ses lieutenants présents. Il décoche une flèche qui tue l'un de ses frères, puis, poursuivant le second, il tombe de son cheval et c'est Yuchi Jingde (
尉遲敬德), le turc rallié, qui le sauve à nouveau en décapitant le second frère.
Il reste à légitimer et légaliser l'action devant l'Empereur, qui était plutôt en faveur de Li Jiancheng, l'aîné. Jingde se rend en armes devant l'empereur, sans doute encore couvert de sang, et annonce la mort des deux princes. L'Empereur Gaozong est effondré puis exige une enquête sévère. Un courtisan lui rappelle discrètement :
- « Il n'y a pas d'enquête à faire... De quelque manière que la chose se soit passée, vos deux fils sont coupables et Li Shimin est innocent ».
Ensuite, c'est une valse de politesse selon l'étiquette aristocratique chinoise. Li Shimin s'affiche devant son père, le suppliant de lui pardonner. Son père, pleurant, le rassure en le remercie même d'avoir sauver la famille et la lignée. Li Shimin est pardonné puisque n'ayant fait que se défendre. Un fait est qu'il est à présent le maître militaire de la capitale et de l'Empire, aucune autre vérité ne peut émerger.
Deux mois plus tard, l'Empereur Gaozong abdique. Mais l'assemblée des puissants lui demande de rester: il refuse. Li Shimin refuse le trône et, en larmes, lui demande de rester Empereur. Gaozong ordonne à Li Shimin d'accepter le trône, en bon sujet de son père et de son Empereur, Li Shimin accepte. Il est intronisé Empereur de Chine le 4 septembre 626 sous le nom de Táng Tàizōng.
L'Empire de Táng Tàizōng
Pacification des Turcs Orientaux (626-630)
Taizong prend ensuite en main la stabilisation des royaumes extérieurs, en lançant d'abord ses armées à l'assaut du khanat des
Turcs orientaux (
東突厥 tūjué, aussi appelés
Köktürks). L'Empereur Gaozu avait déjà entamé une diplomatie intitulée « Diviser pour mieux régner », ce qui avait entraîné un début de dislocation ainsi que certaines expéditions punitives du Grand Khan pour signifier son mécontentement.
En 629, Lĭ Shìmín envoie son général Li Jing et 3 000 cavaliers en reconnaissance pour estimer les forces turques tandis que le général Li Shiji le suit avec 100 000 hommes aguerris. Cette armée a pour objectif de contenir et repousser un peu la menace turque. En 630, le vieux et sage Li Jing revient victorieux et auréolé de gloire : il vient d'anéantir la principale menace sur le jeune empire Tang, une armée turque de 200 000 hommes, éparpillée en tribus nomades mais ayant le culte du guerrier. Il vient en fait de leur infliger une série de défaites stratégiques, sabrant le camp du Grand Khan de nuit, le harcelant encore, le repoussant au delà de la Mongolie Intérieure, et le ridiculisant devant ses vassaux qui se soumettent.
Lĭ Shìmín, accueillant Li Jing qui venait de soumettre le Khanat oriental et ses vassaux aurait dit : « L'Empereur Han Wudi (汉武帝) a envoyé le grand général Li Guang avec 8 000 hommes pour pacifier les Xiongnu (Huns), et malgré leur courage et leur victoire sur 10 000 d'entre eux, ils durent se rendre. Je vous ai envoyé en éclaireur chez les Turcs Orientaux avec 3 000 cavaliers,, non seulement vous revenez en ayant éliminé une armée et une menace forte de 200 000 hommes, mais vous soumettez également leurs territoires à l'Empire. De tels généraux sont rares dans l'Histoire. »
En soumettant la principale tribu en 630, c'est en fait une destruction durable du Khanat des Turcs Orientaux qui est accomplie, et toute une série de petites tribus et royaumes du nord deviennent vassaux de l'Empire Tang, offrant chaque année un tribut à l'Empire de Chine et à la dynastie des Tang.
Les Tuyuhuns du Kokonor (635)
Les
Tuyuhuns du
VIIe siècle sont un peuple
tibéto-
Xianbei installé autour du lac
Kokonor (actuelle province du
Qinghai), au nord-est du plateau du Tibet. Lors de la phase de réunification de la plaine chinoise sous la tutelle Tang, les Tuyuhuns s'allièrent aux Tang contre le rebelle Li Gui (
李軌, ?-619), qu'ils défont ensemble, pacifiant ainsi la province actuelle du Gansu à leur profit (619). C'est alors le début d'une relation pacifique entre Tuyuhuns et Tang, les Tuyuhuns apportant régulièrement le tribut aux Tang.
En 634 cependant, la troupe Tuyuhun venue présenter le tribut à Chang'an au nom de Fuyun profite de son trajet de retour pour piller quelques villes chinoises dans la préfecture de Shan (鄯州, actuelle ). Taizong exige des explication et la venue de Murong Fuyun en personne, qui refuse. Lorsque Taizong, agacé, annule la promesse d'une princesse Tang en mariage à son fils, Murong Fuyun lance une offensive contre les territoires chinois. Aussi, Taizong planifie une expédition punitive d'envergure, qu'il monte sous le commandement de Li Jing, suppléé par Hou Junji, Li Daozong, Li Daliang (李大亮), Li Daoyan (李道彥), et Gao Zengsheng (高甑生), et un ensemble de troupes chinoises, Tujue, et Qibi.
L'expédition part début 635, mais après quelques succès (Li Daozong), Murong Fuyun applique une tactique d'évitement, brulant les vivres et les stocks lors de son repli, évitant les grands engagements, tentant des embuscades. Les conseillers de Li Jing recommandent un repli vers Chang'an, espérant que le souvenir de cette expédition calme pour un temps l'audace Tuyuhun. Hou Junji à une vision différente : c'est pour lui le moment d'attaquer et d'en finir avec Murong Fuyun, ce à quoi Li Jing acquiesce. Deux groupes sont créés : le premier, mené par Li Jing, continue son avancée vers l'ouest par une route nord, tandis que le second groupe avance plus au sud. Les deux ensembles continue d'avancer victorieusement, tandis que le Kaghan Tuyuhun s'enfuit à mesure de l'avancée. Lorsque son lieu de campement est finalement communiqué (près des sources du Huanghe), il mène là encore une attaque surprise pour détruire le camp du Kaghan : de nombreux nobles Tuyuhuns sont fait prisonniers, plusieurs centaines de milliers de tête de bétails (chèvres, chevaux,...) sont prises, tandis que Murong Fuyun parvient de justesse à s'enfuir.
Les Tuyuhuns sont sévèrement défait, ce qui pose la question de la gestion de ce nouvel ensemble soumis de fait. Murong Fuyun est peu après assassiné par un subordonné (ou se suicide pour éviter de l'être, selon les sources). La puissance chinoise voit en son fils sinisé Murong Shun le successeur parfait : Murong Shun, fils de Murong Fuyun, a passé sa jeunesse comme otage et étudiant à la capitale Sui après la victorieuse expédition chinoise de 608 contre son père. C'est Tang Gaozu, reprenant la capitale (v. 619), qui lui permit de retourner parmi les siens. Les troupes chinoises l'aide à évincer des cadets qui -lors de son absence- avaient gravit les échelons pour devenir prioritaire dans l'ordre de succession. Il apparait vite que si Murong Shun est apprécié des chinois il ne l'est visiblement pas des nobles Tuyuhuns qui lui reproche ses manières étrangères (il est trop sinisé), un coup d'état est organisé dans l'année et Murong Shun est assassiné (fin 635).
Les années suivantes restent instables sous la direction du jeune Murong Nuohebo, et les chinois doivent fréquemment lui envoyer des troupes de soutient pour réduire des factions hostiles, et sauver son pouvoir vacillant. La Chine n'a visiblement pas compris que l'instabilité à la cour Tuyuhun était le fait de la pression croissante que le nouveau et agressif royaume Tufan, venant du plateau tibétain, augmentait. Ce royaume Tufan, profitant de l'affaiblissement après 635 des Tuyuhuns, est en train de rogner leurs possessions ouest et sud-ouest, pillant, saisissant des troupeaux, et absorbant les anciens vassaux Tuyuhuns, réduisant d'autant les forces Tuyuhuns. La noblesse Tuyuhuns de ces régions est alors désespérée et tente le tout pour le tout pour un sursaut Tuyuhun anti-Tufan, pourquoi pas avec l'aide chinoise : le principal est d'agir. Le Kaghan Tuyuhun avait d'ailleurs obtenue en mariage une princesse Tang, et lorsque le roi Tufan demande habilement de même (638), il semble que l'ambassade Tuyuhun -craignant a juste titre l'encerclement et donc la disparition de son État- se soit opposé au projet, et l'ai fait échouer.
C'est en tout cas la vision de Songtsen, le roi tibétain. Songtsen lance ses 100 a 200 000 guerriers a l'assaut des territoires Tuyuhuns qu'il conquière facilement (vu l'affaiblissement récent de ces derniers), fait le siège devant la préfecture chinoise de Song (松州, actuelle , nord du Sichuan), tout en envoyant une mission pour négocier et faire entendre sa version des faits à Chang'an. Taizong exige un repli tibétain, et l'impose par l'envoi d'une armée sous le commandement direct de Niu Jinda (牛進達) (lui même subordonné à Hou Junji) : les tibétains défaits se replient. Mais le coup fut terrible pour les Tuyuhuns qui -défait en 635 par les chinois, défait en 638 par les tibétains- n'ont plus aucune crédibilité aux yeux de leurs derniers vassaux qui se rebellent et se soumettent rapidement au premiers ou aux seconds, tandis que les forces militaires Tuyuhuns ont été anéantis dans l'un ou l'autre des deux conflits.
Le pouvoir de Murong Nuohebo reste fragile, et le pouvoir chinois doit réintervenir en 641 pour éviter de justesse un coup d'État par le chancelier Tuyuhun même (Murong Nuohebo avait fuit ses propres territoires, par peur). Le chancelier (le prince de Xuan) et ses deux puissant frères sont tués par l'expédition chinoise de Xi Junmai (席君買), affaiblissant encore la puissance militaire Tuyuhun, mais le Murong Nuohebo assoit définitivement son pouvoir.
Les années post-641 sont peu décrites, et pour cause : les Tuyuhuns ne peuvent plus menacer les territoires chinois, les chinois leur sont encore une aide vitale, tandis que les tibétains on établit un accord en 638-641 avec les chinois, qu'ils respectent selon la volonté de Songtsen Gampo (?-649).
Les Tuyuhuns réapparaissent dans les sources chinoises plus tard, vers 660, lorsque le nouveau roi tibétain abandonne la modération de son père pour attaquer à nouveau les Tuyuhuns, tibétains et Tuyuhuns demanderont respectivement l'arbitrage chinois en leur faveur, arbitrage que la cour chinoise n'apportera jamais, laissant de fait les Tuyuhuns se faire anéantir. Murong Nuohebo -couvert par l'empereur Gaozong de titres honorifiques inutiles- sera réduit à ramener les restes de son peuple en territoire chinois, et adoptant le mode de vie purement agricole des chinois. L'état tampon des Tuyuhuns n'est plus, l'Empire Tang fera avec douleur l'expérience de deux siècles de contact avec « l'empire tibétain ».
Le plateau tibétain (638-641)
Le plateau tibétain des années 590-600 est une mosaïque de clans et d'ethnies relativement isolées. Dans les années 600, 610, et 620, l'énergique
Namri Songtsen (?-
630?) de la tribu des Yarlung, originaire de la vallée du Yarlung (Sud-Est de l'actuelle Lhassa), qui soumet Lhassa et sa région, puis sous celle de son fils, le puissant roi
Songtsen Gampo (
605-
650), qui soumet l'ensemble du plateau tibétain. Les sources chinoise font alors mention d'un royaume montagnard fort de 100.000 soldats. Sous le règne de Tang Taizong (626-649), cette récente fédération de clans soumise à son roi est donc une puissance naissante en pleine expansion. Face à l'apparition des Tang, Songtsen Gampo se positionne de manière similaire aux Turcs : il envoie et exige la venue d'ambassades, demande le mariage avec une princesse de rang impérial, et demande divers avantages comme conditions préalable à l'alliance des deux parties, la pacification de ses troupes montées (pratiquant le pillage occasionnel) et à l'apport de tribut à la capitale Tang.
Songtsen Gampo se voyant signifié un refus - alors que le Qahans Turcs et Tuyuhun vassaux des Tang avaient reçus une princesse impériale- , Songtsen accuse les Tuyuhuns d'avoir fait échouer sa demande, lance une expédition punitive contre eux et assiège la préfecture de Songzhou tout en réitérant sa demande (638). Il vainc une première armée mais est rapidement refoulé par une seconde contre attaque chinoise. Il reste que Taizong prends ici conscience de la puissance de Songtsen Gampo et choisit une résolution diplomatique, cédant à Songtsen sur certains points majeur, .
Songtsen Gampo profita de la prise de conscience de Tang Taizong pour enfin obtenir :
- une princesse Tang en mariage (finalement la princesse Wencheng), comme pour deux autres Qahans (vassaux temporaires des Tang)
- des maîtres sachant parler et écrire chinois
- l'acceptation de membres de la famille royale tibétaine afin d'étudier a l'Université d'État chinoise de Chang'an
- l'envoi de spécialistes de la Soie, de la Brasserie, du Papier et du moulin à grain.
Ces points furent acceptés en
638, et cela semble bien le but réel de l'attaque tibétaine précédente. Taizong respectant les engagements 2 et 3 dans l'année, trainant 3 ans avant d'envoyer une princesse de rang médian (641), matérialisant l'accord, et ne respecta pas le dernier point : le partage de secrets industriels. C'est son successeur,
Tang Gaozong, qui satisfera ce point face à des Tibétains plus puissants et plus agressifs.
L'assaut semble être interprété par les sinologues comme un coup de force pour se faire reconnaître au même titre que les Khans Turcs. Le mariage avec une « princesse » est un acte diplomatique classique pour sceller des alliances, mais la situation de l'époque, l'origine sociale de la princesse, les demandes du roi tibétain que Tang Taizong refuse puis concède, l'apport de tribut, la mise à disposition de troupes tibétaines sous commandement chinois en 649, convergent pour décrire une situation de vassal temporaire, comme le fut de temps à autre la Corée. Cette vassalité n'empêche pas l'indépendance, comme le mentionne par exemple André Fabre, traitant de Silla dans les années 600 à 700 en ces termes :
« Bien que Silla se soit déclaré vassal de la Chine et lui ait payé le tribut, la Corée était indépendante et cette indépendance permit l'essor de la brillante culture de Silla. »
L'historiographie tibétaine remet en question cette thèse de vassalité probable, notamment en citant le fait que le roi Songtsen Gampo épousa également une princesse Népalaise, Bhrikuti. Cet argument simpliste fait semblant de croire que les alliances par mariages sont toutes équivalentes, horizontales, d'égale à égale. Or, un roi peut se marier à la fille d'un de ses vassales pour fidéliser ce vassal, et à la fille d'un empereur pour assurer sa fidélité. Un autre argument souvent apporté est que les Tang ne soumirent pas militairement le Tibet, en affirmant qu'ils n'en avaient pas les moyens militaires. D'une part, cela ignore les expéditions chinoises de l'époque en Mongolie intérieure (630) face au puissant Turcs orientaux -jusqu'alors la plus grande puissance d'Asie orientale- et celle jusqu'au montagnes du Pamir. D'autre part, cela ignore les règles de la stratégie. Face à la mosaïque de tribus proto-tibétaines et leurs hauts plateaux du Tibet - relativement peu peuplés, difficiles d'accès, une menace marginale à l'époque - une gestion diplomatique était bien plus intéressante qu'une coûteuse et difficile expédition militaire (condition naturelle et ennemi déjà puissant).
Songtsen Gampo de son coté joua également très finement : il continua de rendre hommage, envoya sa famille étudier dans l'Université d'État chinoise, n'attaqua que les vassaux en s'empressant de s'excuser ensuite (638).
Bassin du Tarim et Turcs occidentaux
- Bassin du Tarim
Après la conquête des Turcs orientaux, Taizong est libre de réorienter ses armées vers le royaume
tibetain (tantôt allié, tantôt rebelle) et les petits royaumes des oasis du
Bassin du Tarim, un contrôle pleinement chinois de ces oasis étant décisif pour la réouverture de la
Route de la soie.
- Turcs occidentaux
D'environ 640 à 648, les Turcs Occidentaux, habilement divisés, sont soumis à l'Empire et apportent eux aussi le tribut symbolique à l'empereur des Han, qui contrôle désormais jusqu'aux montagnes du
Pamir. Néanmoins, il faut attendre l'expédition de
657, menée par le Général Su Dingfa, un vétéran de la campagne de soumission des Turcs orientaux par Li Jing, pour que les Turcs orientaux soient totalement vaincus.
Campagne de Corée (645)
Après les campagnes des Sui (598, 612, 613 & 614), le royaume Coréen de Goguryeo (Dongyi) reconnaît la suzeraineté des Sui (619) puis des Tang, apportant chaque année un tribut symbolique. Mais le renforcement de la Chine Tang inquiète ce royaume du nord. En 642, un coup d'État renverse le roi favorable, et place la faction hostile à la Chine à la tête du royaume, qui cesse d'apporter le tribut annuel.
En 645, Taizong, agacé par l'autonomie et l'arrogance de Goguryeo, lance une campagne militaire contre ce royaume, contre l'avis de bon nombre de ses conseillers. Ainsi se met en marche une armée de 100 000 hommes expérimentés, accompagnés de 10 000 cavaliers. Mais la dureté imprévue de l'hiver et la résistance des troupes coréennes habituées aux lieux obligent finalement à sonner la retraite : les pertes s'élèvent à 10 000 soldats et 7 000 à 8 000 chevaux.
La force de la Corée réside dans la qualité de ses soldats et de son État, lui aussi un métissage entre une civilisation sédentaire raffinée et des nomades pratiquant la razzia. Les Coréens jouent particulièrement bien de leurs archers montés, réputés les meilleurs du monde. Les constructions fortifiées également sont un de leurs points forts : elles sont très rarement prises. Et les Coréens fuient intelligemment les engagements de plein champ. Ainsi, le Fort Ansi ne pouvant être pris, Taizong doit se contenter d'une politique d'affaiblissement de Goguryeo.
Succession de Taizong
Cette campagne militaire, ni gagnée ni perdue, est finalement la dernière campagne militaire de Taizong. À Chang'An, les dissensions entre le prince héritier et les potentiels héritiers occupent les dernières années de son règne. Une lutte intestine se noue entre l'aîné à qui doit revenir le trône et des cadets plus dynamiques, ou plus manipulateurs.
Finalement, après avoir menacé de se suicider face à l'absurdité de la situation (ses fils veulent déjà s'entre-tuer), il nomme le discret Li Zhi - futur Tang Gaozong - comme prince héritier, faisant ainsi le pari d'un « bon » Empereur plutôt que d'un Empereur dynamique mais tyrannique.
Administration
Article détaillé : . Li Yuan gouverne de 617 à 626, montant sur le trône en 618, et déposé par son fils Taizong en 626. L'initiative en reste incertaine, mais la dynastie des Tang s'emploie à continuer les réformes engagées par les Sui.
Au niveau administratif, l'État conserve son organisation en trois « Ministères » (省, shěng) :
- Le Secrétariat conçoit les réformes et les décrets impériaux en fonction de la volonté politique du moment ;
- La Chancellerie relit et vérifie que les réformes ne contiennent pas d'éléments contradictoires avec la volonté politique générale ou avec la situation de l'Empire ;
- Le Département des affaires d'État doit faire appliquer les décrets validés ; ce ministère-clef comprend six divisions (部, bù).
L'Empereur peut court-circuiter le tout en édictant des décrets.
Ce système est généralement nommé système des Trois Départements et Six Ministères.
Maître d'une Chine réunifiée, Tang Gaozu offre de nombreux postes aux puissants qui collaborent, se rendent, ou le servent au combat. Cette politique facilite la réunification, la pacification et la stabilisation du territoire conquis. Il restaure tout de même les Examens Impériaux, avec une première session en 621, mais les candidats, peu nombreux et jeunes, n'ont qu'une faible influence dans les premières années.
Taizong instaure une véritable méritocratie. Il s'emploie, d'une manière ou d'une autre, à casser les postes de complaisance distribués par son père, et impose des érudits compétents. Il fusionne des préfectures dans un but d'efficacité, là ou son père les avait fragmentées pour distribuer les offices.
Au milieu du règne de Taizong, les trois ministères deviennent réellement fonctionnels, mais ce n'est que plus tard que les Examens Impériaux deviendront l'institution chinoise qui sélectionne tous les fonctionnaires.
Bibliographie
Les sources |
Abrev. | Références complètes |
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Sources les plus utilisées |
CHofCn | - Denis C. Twitchett, John K. Fairbank (Hrsg.): The Cambridge History of China, Vol. 3, Sui and T'ang China, 589–906. Cambridge University Press, Cambridge 1979, ISBN 0-521-21446-7.
|
T'Cn | - S.A.M. Adshead, T'ang China: The Rise of the East in World History, ed. Palgrave macmillan, ISBN 1-4039-3457-6.
|
TaICn | - Josef Kolmaš, Tibet and Imperial China, A Survey of Sino-Tibetan Relationsup to the End of the Madchu Dynasty in 1912. Occasional paper no'7, The australian national University, centre of oriental studies, Camberra, 1967. Page 7-11/67. (lire en ligne)
|
HdlCr | - André Fabre, Histoire de la Corée, éd. en 2000, ISBN 2-911053-60-5
|
LMC | - Jacques Gernet, Le Monde Chinois, p.204 à 226. (Livre 4 : Du Moyen Âge aux Temps Modernes).
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HdlC | - René Grousset, Histoire de la Chine, p.146 à 173, édition de 1942.
|
THoT | - Hugh Ridcharson, The History of Tibet, sous la dir. de Alex McKay, vol. 1 : The Early Period: To c. AD 850: The Yarlung dynasty, RoutlegeCurzon, 163-164 p.(ISBN 0-0415-30842-9), « The origin of the Tibetan Kingdom. »
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Autres sources (introductives) |
- Herbert Giles, Chinese Biographical Dictionary, p.461.
- International Relation of China.
- Perspectives on Tang, p.91 (les six polémiques sous Taizong), 239 Taizong et le Bouddhisme, 454.
- Le Traité des examens, p.26, 161 à 163, 239, 626 à 649.
- P.Ebrey, The Cambridge Illustrated History of China, print in Hongkong (1996, reprint in 2001), publisher : Cambridge University Press. ISBN 0-521-43519-6
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Autres lectures possibles |
- Charles Patrick Fitzgerald, Tang Taizong, l'apogée de l'empire chinois, Payot, coll. « Biographie payot », 231 p.(ISBN 2228902675)
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Notes et références
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