La
Tsedaka,
Tzedaka,
Tsedaqa ou
Tzedaqa (prononcer
Tzdaqa, en
Hébreu :
הקדצ) est le terme hébreu désignant dans le
Judaïsme le principe religieux de l’"
Aumône". Le radical du mot est le même que dans le terme hébreu désignant la "
Justice" (
קדצ).
Tsedaka et charité
Bien que le mot tsedaqa soit couramment rendu en Français par "charité", le mot signifie en réalité "
Justice" ou "droiture". De fait, les versets appelant à la "charité" s'inscrivent dans un contexte bien plus profond que la simple entraide
- Deut. 15:7-8 : S'il y a chez toi quelque indigent d'entre tes frères, dans l'une de tes portes, au pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne, tu n'endurciras point ton coeur et tu ne fermeras point ta main devant ton frère indigent. Mais tu lui ouvriras ta main, et tu lui prêteras de quoi pourvoir à ses besoins.
Ce chapitre traite de l'année sabbatique, où tous les prêts doivent être annulés et l'égalité sociale rétablie.
- Lev. 19:9-10 : Quand vous ferez la moisson dans votre pays, tu laisseras un coin de ton champ sans le moissonner, et tu ne ramasseras pas ce qui reste à glaner. Tu ne cueilleras pas non plus les grappes restées dans ta vigne, et tu ne ramasseras pas les grains qui en seront tombés. Tu abandonneras cela au pauvre et à l'étranger. Je suis l'Éternel, votre Dieu.
Le 19ème chapitre du
Lévitique traite des prescriptions données afin d'être saint comme l'Eternel est Saint.
Le judaïsme enseigne que Dieu est l'ultime propriétaire, l'homme n'étant qu'un locataire temporaire ou un serviteur sur le sol qui lui est alloué. Les biens que ce sol produit sont redevables à l'Eternel, qui décide de partager les ressources entre riches et pauvres. De plus dans le passage du Lévitique cité, la nourriture est laissée à l'abandon, de sorte que le pauvre puisse conserver sa dignité en récoltant ce que Dieu veut lui donner, plutôt que d'être contraint à mendier auprès des riches ce qu'ils veulent bien lui laisser.
La conception juive de la tsedaka diffère donc de la charité au sens commun, car celle-ci est le fait de la décision et de l'humeur des philanthropes, alors que la tsedaka est une obligation donnée par Dieu à tous les Juifs indépendamment de leur statut financier ou de leur volonté de donner (bien qu'il soit préférable de vouloir donner, cf. infra). La tsedaka est, avec la teshouva et la tefilah, l'un des trois actes permettant d'obtenir le pardon pour les péchés.
Les huit niveaux de la charité
Dans son
Mishné Torah,
Maïmonide distingue huit niveaux de Tsedaka, selon la proximité entre le donateur et celui qui reçoit le don, que le don soit connu publiquement ou anonyme, qu'il soit fait de façon spontanée ou sollicitée, qu'il réponde partiellement aux besoins du pauvre ou qu'il lui permette l'autosubsistance (offrir du travail ou un partenariat) :
- La charité préventive : donner du travail à une personne pauvre (ou lui avancer les fonds pour démarrer une affaire) de façon à ce qu'il ne dépende pas de la charité, étant donné qu'on est soi-même indépendant d'elle. Maïmonide résume par sa célèbre sentence : Donne un poisson à un homme, il mangera un jour. Apprends-lui à pêcher, il mangera toute sa vie.
Ce niveau est divisé en quatre sous-degrés :
- Donner du travail à une personne pauvre.
- Etablir un partenariat avec lui (ceci est considéré comme inférieur, car le bénéficiaire de cette charité pourrait avoir l'impression qu'il n'y participe pas assez).
- Faire un prêt.
- Faire un don.
- Donner la tsedaka anonymement à un récipiendaire inconnu.
- Donner la tsedaka anonymement à un récipiendaire connu.
- Donner la tsedaka publiquement à un récipiendaire inconnu.
- Donner la tsedaka avant qu'on ne la demande.
- Donner la tsedaka de façon adéquate après qu'on l'a demandée.
- Donner de son plein gré, mais inadéquatement (trop peu).
- Donner contre son gré.
Tsedaka et judaïsme
Le principe de la tsedaka est assez inhérent au judaïsme.
- D'une part, Dieu Est Juste, Généreux et Miséricordieux. Sa Justice est Sa générosité est SA miséricorde. Il est donc juste d'être généreux.
- D'autre part, ceci étant lié à cela, le Judaïsme prescrit une solide éthique d'entraide et de solidarité afin de se sanctifier.
Ceci a conduit une grande partie de la communauté juive à la
Philanthropie. La petite cagnotte métallique au profit d'une bonne oeuvre se trouve souvent sur le comptoir d'un magasin tenu par un Juif, ou au sein d'un foyer. De plus, le second degré de la charité étant le don à un récipiendaire inconnu sans publicité, les donations anonymes sont très fréquentes dans les communautés
juives.
Judaïsme et tsedaka
La tsedaka étant si importante aux yeux du judaïsme, elle est souvent associée à ses grands moments et manifestations:
- un jour de mariage juif, la tsedaka symbolise le caractère sacré du jour.
- lors de la fête juive de Pessah, les pauvres sont invités à la table du Seder au cours de laquelle la période d'esclavage du peuple juif en Égypte est rappelée.
- lors de la fête juive de Pourim, il est prescrit à toute personne juive d'offrir de la nourriture (l'équivalent d'un plat) à au moins deux personnes pour accroître la joie de ce moment heureux du calendrier juif.
La tsedaka n'est pas la "quête". Par ailleurs, les riches donateurs, s'ils sont honorés, ne sont pas pour autant placés au-dessus de tout. Le Rabbin (en) rapporte un bon mot de son grand-père, lui aussi rabbin, à propos de la fausse humilité :
- « Un riche donateur, qui aurait eu droit à une place de premier rang, préférait prier au dernier afin que l'on sache qu'il était humble… Mon grand-père lui dit : "Il vaut mieux prier au premier rang en se disant que sa place est au dernier que prier au dernier en se disant que sa place est au premier." »
Sources
Voir aussi