Cet article concerne la ville tunisienne moderne. Pour la cité antique, voir Site archéologique de Carthage. Pour les autres significations, voir
Carthage (homonymie).
Carthage (قرطاج) est une ville de Tunisie située au nord-est de Tunis. Son nom provient du Phénicien Kart-Hadasht ou Qrthdst qui signifie « Nouvelle ville ».
L'ancienne capitale punique, détruite puis reconstruite par les Romains qui en font la capitale de la province d'Afrique proconsulaire, est aujourd'hui une banlieue huppée de Tunis. La ville possède de nombreux sites archéologiques qui sont romains pour la plupart.
La ville de Carthage, qui compte 20 715 habitants (2006), abrite également le palais présidentiel, la mosquée El Abidine et de nombreuses résidences d'ambassadeurs. L'aéroport international de Tunis-Carthage est situé à quelques kilomètres de la ville.
Histoire
Articles détaillés : .
Carthage est fondée par des colons phéniciens de Tyr en 814 av. J.-C.
D'après la légende, ce serait la reine Didon, soeur du roi de Tyr, Pygmalion, qui fonda la cité. La reine aurait demandé au souverain voisin, Syfax, un roi berbère, l'autorisation de fonder un royaume sur ses terres. Celui-ci lui offrit alors un terrain aussi grand qu'une peau de Vache. La reine plus maligne fait couper une peau de vache en lanières très fines et trace les contours de Carthage. En référence à cette fondatrice mythique, les Carthaginois sont parfois surnommés les « enfants de Didon » dans la littérature.
La ville devient une puissance dominante en Méditerranée occidentale au .
Les Carthaginois pratiquaient un Culte polythéiste originaire du Moyen-Orient. Ils vénéraient en particulier Baal et Tanit. Rome les accusa longtemps de sacrifier des enfants (cérémonie du Molk), ce qu'il convient de nuancer. Une hypothèse parmi d'autres suggère que le rituel d'incinération avait surtout pour objectif de renvoyer l'âme des enfants défunts par le plus court chemin vers Ba'al Hammon à une époque où la mortalité infantile était plus qu'importante malgré les progrès en matière d'hygiène.
D'après d'autres sources, le sacrifice d'enfants bien vivants, généralement l'aîné des familles de notables, dans le but de prouver la sincérité de leur dévouement à Carthage, semble avoir initié la coutume de ces derniers d'adopter un enfant d'esclave pour cet usage, illustrant de ce fait, de quelle manière les pratiques les plus « humanistes » sont systématiquement corrompues par l'usage au point de trahir leur sens initial.
Ce sont les Carthaginois qui introduisent le Glaive court en fer dans le bassin méditerranéen, car jusqu'alors, les guerriers s'affrontent à l'aide de lances et de frondes. Carthage conquit l'Espagne ainsi que la Sicile où elle se heurte aux Romains.
Une série de trois conflits entre les deux puissances, les Guerres puniques (les Romains nomment les Carthaginois Poeni), débutent au et se terminent avec la victoire de Rome et la destruction de Carthage en 146 av. J.-C., après un siège de quatre ans. Après une tentative avortée des Gracques, Jules César fonde par la suite une cité sur les ruines de la ville punique (Colonia Julia Carthago). Celle-ci devient la capitale de la nouvelle province d'Afrique. Au Bas-Empire, la cité, gagnée au Christianisme, subit les persécutions impériales. Carthage devient, au IVe siècle, l'une des plus grandes capitales spirituelles d'Occident. Elle est conquise en 439 par les Vandales menés par Genséric, qui y fondent un royaume. L'Église est victime de persécutions et est particulièrement meurtrie. La reprise par les Byzantins (Empire romain d'Orient) en 533 ramène la prospérité à la capitale d'Afrique. L'empereur Justinien Ier en fait le siège de son Diocèse d'Afrique, mais à la suite de la crise monothéiste, les empereurs de Byzance, opposés à l'Église d'Afrique, se détournent rapidement de Carthage qui devient le siège d'un exarchat. Carthage donne ensuite à Constantinople une lignée d'empereurs à la suite d'Héraclius (fils de l'exarque de Carthage).
À l'époque des conquêtes arabes, Carthage est en proie aux épidémies. Les Arabes prennent la ville en 698 mais lui préfèrent Tunis, la cité voisine, qui donne son nom au pays, celui d'Afrique désignant désormais le continent entier. Carthage ne connaît plus jamais sa gloire d'autrefois.
Site
Article détaillé : .Aperçu général
Le site de Carthage est dominé par la colline de Byrsa qui est le centre de la cité punique. Aujourd'hui, elle se distingue par la silhouette massive de la cathédrale Saint-Louis qui est édifiée, à la fin du XIXe siècle, à l'emplacement présumé de la sépulture du roi Louis IX de France (Saint-Louis) qui y meurt au cours de la Huitième croisade. Pour l'anecdote, le roi Louis-Philippe Ⅰer, qui descend de Louis IX, envoie un Architecte à Carthage pour en trouver l'emplacement le plus précis. Au vu de l'impossibilité d'une telle mission, celui-ci choisit simplement le plus bel endroit.
Juste à côté de la cathédrale, en face de cette tombe vide, car ses restes sont plus tard rapatriés en France, se trouvent les vestiges du plus important quartier de la ville. Il n'en subsiste que quelques fondations et quelques fragments de colonnes mais on peut y mesurer la puissance qui émane alors de la cité : site immense, grands espaces, vues panoramiques et organisation des rues.
Forte de son héritage historique, Carthage se développe et devient une vaste Banlieue résidentielle de Tunis autour du palais présidentiel. Ce développement rapide risquant de détruire à jamais les vestiges du passé, et à la suite de l'appel de grands archéologues tunisiens, l'Unesco lance une vaste campagne internationale afin de sauver Carthage entre 1972 et 1992. Ce tournant est parachevé avec le classement du site archéologique au patrimoine mondial de l'Unesco en 1979.
La difficulté pour le visiteur réside aujourd'hui dans l'extrême dispersion des vestiges même si certains pôles peuvent être distingués.
Éléments du site
Articles détaillés : .Les deux lagunes actuelles, situées le long du rivage et dénommées l'une « port marchand » et l'autre « port militaire » — avec l'îlot dit de l'amirauté en son centre où a été mise en valeur une cale de Radoub —, ne seraient probablement pas le lieu essentiel qu'on a voulu y voir à la suite des affirmations de Chateaubriand au début du XIXe siècle. En effet, les Carthaginois laissaient leurs navires sur le rivage au début de l'histoire de la ville mais probablement aussi assez tardivement.
Le Tophet, situé non loin des ports puniques, est un enclos sacré où les Carthaginois auraient sacrifié leurs enfants aux divinités protectrices Tanit et Ba'al Hammon selon une historiographie bien ancrée mais remise en cause par certains auteurs, particulièrement Sabatino Moscati.
Le théâtre du IIe siècle a fait l'objet d'une vaste restauration, les restes d'époque romaine étant très modestes. Dans cet espace ont été prononcés d'importants discours au XXe siècle. Il abrite chaque année le Festival international de Carthage.
Non loin du théâtre a été dégagée une zone constituant de nos jours le parc dit des « villas romaines ». Il abrite, outre la célèbre « villa de la volière », du nom de la mosaïque principale qui l'orne, de nombreux vestiges significatifs liés à la Topographie des lieux. La pente en ce lieu est assez forte et certains éléments intéressants de plusieurs villas ont été dégagées (dont un Cryptoportique).
Des thermes d'Antonin ne subsistent plus que quelques vestiges du rez-de-chaussée, constitué des espaces de service, situés à proximité du rivage de Carthage. En effet, le site servit de carrière de pierres pendant des siècles afin d'édifier de nombreux monuments tant à Tunis que dans de nombreuses villes du nord de la Méditerranée (comme Pise).
Le Musée national de Carthage est situé à proximité de la cathédrale dans les locaux occupés par les Pères blancs. Il permet au visiteur de se rendre compte de l'ampleur de ce qu'étaient les installations de la ville aux époques punique puis romaine. Certaines des plus belles pièces trouvées dans les fouilles depuis le XIXe siècle s'y trouvent, les autres étant présentées au Musée national du Bardo.
Édifices religieux
La cathédrale Saint-Louis de Carthage, située sur la colline de Byrsa, est une ancienne Cathédrale catholique aujourd'hui désaffectée pour le culte mais qui accueille régulièrement des concerts de Musique tunisienne et de Musique classique. L'édifice est de style byzantino-mauresque en forme de croix latine et sa façade encadrée de deux tours carrées. Aux murs figurent les blasons des donateurs pour la construction de la basilique. Les vitraux sont aussi décorés d'arabesques. Édifiée entre 1884 et 1890, sous le protectorat français, la cathédrale devient primatiale d'Afrique lorsque le titre de primat d'Afrique est restauré au profit du cardinal Lavigerie.
La cité abrite également la mosquée El Abidine de Carthage, érigée au lieu-dit La Colline de l'Odéon, qui doit son nom à celui du président de la République tunisienne, Zine el-Abidine Ben Ali, qui l'a inaugurée le 11 novembre 2003. Bâtie sur une esplanade de 2 500 m², elle comporte un Minaret haut de 55 mètres et une salle de prière pouvant accueillir plus de 1 700 fidèles.
Politique
La municipalité est créée par un
Décret beylical du
15 juin 1919.
Annexes
Villes jumelées à Carthage
Références
Bibliographie
- Azedine Beschaouch, La légende de Carthage, éd. Découvertes Gallimard, Paris, 1993 (ISBN 2070532127)
- Serge Lancel, Carthage, éd. Fayard, Paris, 1992 (ISBN 2213028389)
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- (fr) Site officiel de la municipalité de Carthage
- (fr) Festival de Carthage
- (fr) Adeline Roudal, « Carthage punique. La formation d'un empire », Saisons tunisiennes
- (fr) Adeline Roudal, « Carthage romaine. Provincia Africa », Saisons tunisiennes
- (fr) Adeline Roudal, « Carthage paléochrétienne », Saisons tunisiennes
- (fr) François Decret, « Carthage chrétienne », Clio, octobre 2002
- (fr) Moncef Ghachem, « Carthage aujourd'hui », Saisons tunisiennes