Jeanne Rozerot (1867-1914), originaire de Meilly-sur-Rouvres, elle fut la maîtresse, la mère de ses enfants et l'égérie d'Émile Zola.
La rencontre
En 1888, alors que Zola s'interroge sur le sens de sa vie à la veille de la cinquantaine, sa vie bascule brutalement. N'avait-il pas soufflé à Goncourt : « Ma femme n'est pas là ... Eh bien je ne vois pas passer une jeune fille comme celle-ci sans me dire : "Ça ne vaut-il pas mieux qu'un livre ?" »
Jeanne Rozerot est originaire du Morvan, fille d'un ouvrier agricole et orpheline de mère, elle monte à Paris pour se placer. Elle connut l'écrivain dans la Maison d'Émile Zola à Médan, en mai 1888, où l'épouse de Zola l'embauche comme couturière et lingère. Elle suivra le couple dans ses vacances à Royan avec deux autres domestiques. Jeanne avait les cheveux noirs, les yeux clairs et la taille très fine. Pour la séduire, Zola avait perdu du poids en suivant un régime strict, musclé son corps en parcourant la campagne à bicyclette. Pour elle, il avait rajeuni. Elle devient sa maîtresse à l'automne, le 11 décembre 1888, Émile avait quarante-huit ans et Jeanne en avait vingt et un.
Émile Zola installera Jeanne Rozerot au 66, rue Saint-Lazare à Paris puis à Cheverchemont sur la commune de Triel-sur-Seine et ensuite à Verneuil-sur-Seine à proximité immédiate de Médan. Jeanne fut la mère des deux seuls enfants d'Émile Zola, Denise née le 20 septembre 1889 et Jacques né le 25 septembre 1891.
La double vie d'Émile Zola
Il semble que son épouse Alexandrine Zola apprenne cette liaison à la fin de l'année 1891. Alexandrine réagit violemment à cette découverte. La naissance des deux enfants ajoute au désespoir de celle qui n'avait pu donné d'enfant à son mari. Finalement les époux Zola ne divorcèrent pas, Zola s'étant engagé de ne pas abandonner Alexandrine et de lui conserver son statut officiel d'hôtesse de Médan. De plus Alexandrine exigea de Zola de ne plus voir Jeanne. Il s'y engagea mais continua ses relations avec Jeanne, l'obligeant à mentir et à conserver cette double vie.
Par une lettre du 16 août 1892, Zola annonce à sa maîtresse qu'il a évité le scandale en ne se séparant pas de sa femme. Par ailleurs, il lui assure que les enfants recevront bien une part de son héritage.
L'auteur partageait sa vie entre deux foyers : celui où vivaient Jeanne Rozerot et les deux enfants, et celui où il habitait avec son épouse Alexandrine Zola. Jeanne et les deux enfants séjourneront à Verneuil-sur-Seine où Émile Zola leur rendait visite quotidiennement, à bicyclette accompagné de son chien.
En juillet 1894, il écrit : « Je ne suis pas heureux. Ce partage, cette vie double que je suis forcé de vivre finissent par me désespérer. J’avais fait le rêve de rendre tout le monde heureux autour de moi, mais je vois bien que cela est impossible. »
La même dévotion pour Émile Zola, unissait la maîtresse et la femme légitime. Ainsi cette dernière fit reconnaître les enfants, après la mort de Zola, qui, dès 1906, purent porter le nom de leur célèbre père.
Jeanne, Denise et Jacques ont suivi, perdus dans la foule, les funérailles de Zola en 1902. Mais Alexandrine et Jeanne assistèrent ensemble à l'entrée de Zola au Panthéon en 1908.
En 1914, Denise Émile Zola et Jacques Émile Zola ont accompagné le cercueil de leur mère Jeanne Rozerot dans le cimetière de Rouvres-sous-Meilly.
Bibliographie
- Lettres à Jeanne Rozerot : 1892 - 1902 de Brigitte Émile-Zola (petite fille d'Émile Zola) et Alain Pagès, publié en 2004 par Gallimard ISBN 2070771849 .
- Madame Zola, de Evelyne Bloch-Dano, Grasset, 1997 (ISBN 2-246-52141-6)
Notes et références
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