La
Tunisie beylicale débute en
1574, avec l'annexion du territoire par l'
Empire ottoman, et s'achève avec le proclamation du protectorat français sur le pays en
1881.
Pour gouverner la province, les sultans d'Istanbul la confient à un vassal appelé « dey », puis à un bey. Cependant, sous la Dynastie beylicale des Husseinites, les beys de Tunis acquièrent une autonomie de fait faisant d'eux les vrais monarques du pays jusqu'à l'instauration du protectorat français.
La présence ottomane connaît donc deux périodes distinctes : la première se déroulant sous gouvernance turque et la seconde voyant émerger une souveraineté nationale.
Premiers siècles d'occupation
Article détaillé : . - 1574 : La Tunisie est annexée à l'Empire ottoman.
Émancipation husseinite
Article détaillé : . Hussein I Bey fonde la dynastie des Husseinites, en
1705, et prend le pouvoir. Il cumule les fonctions de bey, de dey et de pacha.
Réformes du XIXe siècle
Quoique restant officiellement une province de l'Empire ottoman, la Tunisie acquiert une grande autonomie au
XIXe siècle. À cette époque, le pays vit de profondes réformes comme l'abolition de l'esclavage et l'adoption en
1861 d'une
Constitution — la première du monde arabe — qui manque de transformer le pays en
République indépendante.
Crise de régime
La crise de
1869, qui mène le pays à la banqueroute puis à la mise sous tutelle, est l'aboutissement d'une série d'erreurs politiques et de malversations financières qui sont aggravées par l'influence des puissances européennes.
Gabegie financière
La Tunisie est moins riche que l'
Algérie et les impôts, soit 2,2 millions de
francs or en
1815, rentrent mal. Dans le même temps, le bey convoite la
Tripolitaine. En
1848, pour entretenir son armée de 5000 hommes, le bey alourdit la fiscalité, ce qui provoque une révolte qui est finalement matée. La fiscalité est réduite mais un
emprunt de 35 millions de francs or, à un taux de 7%, est contracté auprès des
banquiers français.
Cependant, les dépenses inconsidérées se poursuivent : un palais de style versaillais, la Mohammedia, et un autre à La Goulette, une école polytechnique dotée de professeurs analphabètes ainsi qu'un arsenal qui ne construit pas de navires. Pire, le ministre des finances et protégé du bey s'enfuit en France avec le trésor. Toutefois, les détournements se poursuivent sous ses successeurs. Cette situation pousse le président du Grand Conseil, Kheireddine Pacha, à donner sa démission et le Grand Conseil à être dissous.
Au début de l'année 1864, une crise grave éclate du fait d'une mauvaise gestion financière de la part du grand vizir Mustapha Khaznadar : élévation de la Dette publique, lourds emprunts à l'étranger contractés dans des conditions catastrophiques (poursuite des détournements de fonds et des pots-de-vin) et doublement de l'impôt personnel aboutissent à une nouvelle révolte des tribus du centre du pays qui refusent de payer cet impôt. Peu après l'émeute dirigée par Ali Ben Ghedhahem, le bey ordonne à ses hommes de s'employer à la collecte de la mejba (sorte d'impôt sur les récoltes). Dans le même temps, Haydar Afendi, ministre plénipotentiaire de l'Empire ottoman, arrive avec une aide financière en vue de remédier à la situation et d'aider les indigents qui ne cessent d'ameuter les tribus. La somme offerte est confiée par le bey à Khaznadar. Mais celui-ci la remet au chef de la trésorerie comme s'il s'agissait de ses propres fonds. Par la suite, Khaznadar récupère cette somme pour son usage personnel.
Une fois de plus, un emprunt de 30 millions de francs or doit être contracté, ce qui provoque l'intervention des puissances européennes (en particulier la France).
Interférences étrangères
En
1756, les Algériens marchent sur Tunis. N'ayant pas de force navale,
Rachid Bey conclut un arrangement avec
Malte qui envoie 3 vaisseaux, dont l'un de premier rang, pour rester au mouillage devant La Goulette aussi longtemps que les Algériens ne se seraient pas éloignés de Tunis. En échange, le bey verse 100 000
piastres et doit assurer les dépenses courantes des navires. Mais le bey est finalement battu et les navires maltais se retirent. Les Algériens enlèvent 3 navires tunisiens richement chargés de denrées alimentaires.
En 1830, Hussein II Bey félicite le général de Bourmont de la conquête de l'Algérie. Pourtant, Tunis devient alors la « protégée » de la France qui impose des réformes par l'intermédiaire de ses consuls successifs.
En 1869, au paroxysme de la crise financière, une commission de contrôle administratif, présidée par l'inspecteur des finances Victor Villet, est mise en place par les Français avec des Britanniques et des Italiens. En 1873, Villet dévoile les détournements de Khaznadar qui est remplacé par Kheireddine. Mais les réformes de ce dernier mécontentent les oligarques qui l'acculent à la démission en 1877. L'année suivante, le Congrès de Berlin confie la Tunisie à la France avec l'accord du Royaume-Uni et de l'Allemagne. Le 30 mars 1881, des montagnards kroumirs pénètrent en Algérie et sont repoussés par les Français qui perdent 4 soldats. C'est l'occasion que saisit Jules Ferry pour imposer le protectorat au pays face à la colère de l'Italie qui voit la Tunisie comme son domaine réservé.
Note