Michèle Richard (
17 avril 1946 au Québec à
Sherbrooke - ) est une
chanteuse populaire et
actrice canadienne (
québécoise). Elle représente au Québec l'envol d'une société depuis la
Grande Noirceur jusqu'à la fin de la Révolution tranquille. Elle a été la figure de proue de la modernisation culturelle franco-canadienne. Avec elle, sont apparus les
minijupes, les teintures de cheveux, les vêtements osés et l'élégance hollywoodienne. Du
Yéyé à la
télé-réalité, elle fut à l'avant-scène de pratiquement tous les changements culturels populaires au Québec.
Biographie
Enfant de la balle,
Michèle Richard débute très jeune dans la chanson. Elle suit des cours de ballet et de piano dès l’âge de 4 ans. C’est sa mère qui souhaite en faire une star, et qui l’inscrit à l’insu de son père
Ti-Blanc Richard à un concours d’amateurs. La fillette remporte le premier prix, qui consiste en une participation à l’émission Ti-Blanc Richard et ses gais lurons (CHLT-TV Sherbrooke). Elle enregistre un premier disque à 9 ans, chez London, accompagnée par l’orchestre de son père, et débute à la télévision à 10 ans de façon régulière. Elle devient l’enfant chérie des auditoires, et s’intègre aux tournées de spectacle de son père les fins de semaine.
Ses premiers disques chez Météor sont des versions empruntées à Brenda Lee, Connie Francis, telles que Lacets roses et Du rouge sur ton collet. Une pièce originale, Main dans la main, son premier vrai succès, lui vaut un premier disque d'argent (25,000 copies). Adolescente, Michèle devient une des premières vedettes québécoises à afficher une modernité toute contemporaine. Elle rencontre le jeune Denis Pantis (19 ans) qui réalise l'album TWIST (1961) qui se vend à plus de 100 000 exemplaires. Mais c’est son interprétation de Quand le film est triste (Sad movies make me cry) qui la fait connaître de tout le Québec en 1962. Rapidement, Montréal lui fait des propositions.
À 16 ans, elle fait son entrée dans la métropole avec succès sur la scène du légendaire cabaret CASA LOMA (février 1963) pour un cachet mirobolant de $600.00 (le salaire hebdomadaire moyen est environ $80.00 à cette époque). Elle est proclamée Découverte de l’année 1963 lors du Gala des Artistes.
La chanteuse anime « Chansons intimes avec Michèle Richard » à la télévision de Sherbrooke où elle participe également à 39 émissions de la série « Dans l'bon temps ». La même année, elle co-anime à Montréal l'émission « Chez Isidore » (CFTM). Elle a déjà participé à plus de 450 émissions de télévision alors qu’elle n’est qu’une adolescente.
Faisant équipe avec Denis Pantis, désormais producteur, elle enregistre à partir de 1964 sous étiquette Trans-Canada, une série des disques à succès. Des chansons solides, qui sont des adaptations de chart-toppers américains. Ainsi, You don’t own me (Lesley Gore) devient Je suis libre. Ou encore elle emprunte au répertoire français des chansons originales comme La plus belle pour aller danser (Sylvie Vartan) ou des versions dont Ça va je t’aime (France Gall). Dès lors, la carrière de Michèle Richard connaît une ascension qui la mènera au sommet. Avec plusieurs autres artistes de variétés, elle participe en 1964 à un grand music-hall à la Place des Arts.
Avec son physique de poupée, son énergie rayonnante, et sa photogénie exceptionnelle, elle devient la coqueluche des réalisateurs de la télévision. Chacun de ses passages aux émissions est un évènement tellement elle crève l’écran, dotée d’un glamour naturel et d’un sens inné de l’entertainment. Jeune fille saine respirant la joie de vivre, elle est un modèle pour toute une génération d’adolescentes en quête d’identité.
En 1965 et 1966, Michèle Richard anime avec Pierre Lalonde, ou Joël Denis, les émissions estivales de JEUNESSE D’AUJOURD’HUI.
Elle est couronnée chanteuse la plus populaire au Festival du disque de 1966 avec son succès Les Boîtes à gogo (At the scene), une chanson originalement créée par la formation britannique The Dave Clark Five. Elle est choisie afin d’interpréter la chanson officielle de l’EXPO ’67, écrite par Stéphane Venne.
Elle s’engage dans une tournée d’un mois et demi pour les Forces Armées Canadiennes dans diverses bases outre-atlantique (Inde, Afrique, Pakistan, France, Grèce et Allemagne). Elle reçoit un accueil particulièrement triomphal à Frankfort alors que 2000 soldats québécois l’attendent. À son retour, elle est élue Miss Radio-Télévision 1967 au Gala des Artistes... c’est la consécration ultime. Elle n’a que 21 ans.
Jacques Matti lui consacre un ouvrage, la biographie Michèle Richard raconte Michèle Richard.
Elle est déclarée meilleure vendeuse de disques du Canada français lors du MIDEM à Cannes l’année suivante. Elle prend part à la tournée Musicorama de CJMS à travers le Québec et le Nouveau-Brunswick. Elle participe de nouveau à la même tournée en 1970. Les tubes déferlent sur les ondes des radios: J’écoutais la mer (California nights) en 1967, Reste avec lui (Stand by your man), et son plus grand succès Les hommes (non non non), numéro un pendant six semaines en 1969.
Michèle Richard poursuit sa fulgurante carrière dans les années 70 à un rythme effréné. En 1972, dix ans après sa percée provinciale, l’album compilation 21 DISQUES D’OR célèbre des ventes de 1,750,000 unités, chiffre phénoménal à l’époque.
Michèle Richard est alors la chanteuse qui touche les plus gros cachets dans le réseau de scène des cabarets, où elle mène une carrière intensive.
Elle anime Zoom en liberté avec Michel Louvain à la télé de Radio-Canada à l’été 1970. C’est une grande émission de variétés tournée sur le site de l’Expo (Terre des hommes), et la vedette se démarque par ses qualités de star. Elle continue à enregistrer disque après disque: L’oiseau de feu (El Condor Pasa) (1971), La vie à deux (Before you go) (1972), Baby love (1973), Goodbye my love goodbye (1974), sont autant de numéros un parmi la liste de ses titres à succès du début des années 70.
Elle obtient un premier rôle au cinéma dans la production internationale L’EXPLOSION, une comédie d’espionnage tournée en Sicile avec Mylène Demongeot (1971). Elle interprète la chanson thème Vivre au soleil. Elle renforce sa réputation glamour en volant la vedette, lors de sa prestation de cette chanson au Gala des Artistes 71, vêtue d’une longue veste blanche ouverte, laissant entrevoir un bikini.
Michèle Richard présente plusieurs spectacles qui lui valent des éloges, dont celui au Kiosque international de Terre des Hommes. Elle chante au Club Playboy de Montréal en 1971, mais effectue une dernière grande tournée des cabarets de province en 1973, à l’issue de laquelle elle triomphe en apparaissant transformée en vamp blonde, lors de la 600ième émission de JEUNESSE, alors qu’elle est encore au numéro un avec Le coeur sur ma maison. Puis, Radio-Canada lui consacre une grande émission spéciale présentée aux BEAUX DIMANCHES. Une variété remplie de chorégraphies, costumes extravagants et chansons populaires.
Aussi en 1973, elle est choisie afin de représenter le Canada au Festival de Onda Nueva de Caracas (Vénézuéla). Elle attire l’attention et fait la première page des magazines locaux. Elle s’envole ensuite pour Paris afin de réaliser, pour le compte d’un journal, un reportage de photos de mode dont elle est la vedette. Elle y rencontre les plus grands designers de la haute couture, et certains lui font même des propositions d’emploi.
En 1974, Michèle Richard donne la réplique au comédien Jean Leclerc dans le populaire téléroman Mont-Joye (Radio-Canada), et sort un disque en anglais, pour les États-Unis, produit par Ben Kaye (bras droit de René Angélil).
Mais c’est plutôt son mode de vie qui suscite l’intérêt de la presse à scandale, à qui elle sert un cocktail sur mesure. Belle, jeune, riche et célèbre... elle fréquente de beaux garçons exotiques, roule en Cadillac ou en Lincoln, habite un appartement de luxe, porte robes griffées et fourrures, et s’offre des voyages dans les pays chauds. Michèle Richard est aussi la première vedette à poser en bikini, dans un Québec encore puritain la jeune femme libre soulève déjà la controverse. Les journaux spécialisés l’exploitent presque à chaque semaine en page frontispice avec des manchettes à sensation, car elle contribue à faire augmenter le tirage.
Les années 70 sont charnières puisque d’importants supports disparaissent, comme l’émission JEUNESSE à Télé-Métropole, diffusée de 1962 à 1974. Puis la radio AM, qui tourne les chansons populaires, perd son impact au profit de la bande FM, accélérant la chute des ventes de disque. Michèle sort ses derniers disques pour Trans-Canada en 1974, après une décennie prolifique sur ce label. C’est la fin d’une époque. Approchant la trentaine, au coeur des années 70, elle entame une transition de carrière. Mais le nom "Michèle Richard" demeure synonyme de succès à la scène. Que ce soit sur un bateau de croisière, dans un super club ou un grand hôtel comme le Méridien, elle attire toujours un public nombreux à chacun de ses tours de chant.
D’importantes tournées suivent: elle est la tête d’affiche d’un grand musicorama country de 42 villes en 1974. Puis elle partage la scène avec son amie Renée Martel à l’occasion d’une tournée des foires agricoles et festivals (1976). Elles obtiennent un Top-5 au palmarès en gravant en duo un classique américain: Quand va-t-on m’aimer? (When will I be loved), des Everly Brothers, aussi repris par Linda Ronstadt. Michèle participe à la comédie musicale MADAME MON PÈRE, avec Gilles Latulippe au Théâtre des Variétés de Montréal (1975). À cette époque, elle passe plusieurs mois par année à Miami où elle se produit dans un cabaret (La vie en rose) fréquenté par de nombreux québécois.
Aussi, elle anime en 1977 « Le Réveil de Michèle » à la station radiophonique CKVL.
Elle réalise son ambition en 1978 lorsqu’on lui offre son plus lucratif contrat. Elle devient alors meneuse de revue, tenant l’affiche à longueur de semaine pendant six mois au Caf’conc du Château Champlain, une salle de 500 places (ce qui représente des dizaines de milliers de spectateurs). Grâce à sa discipline et son professionnalisme, elle démontre qu’elle est une véritable bête de scène. C’est toujours sous la direction de Georges Reich, chorégraphe de réputation internationale (Las Vegas, Nassau, Porto Rico), qu’elle présente d’autres revues de six mois chacune en 1980 et 1986-87, avec beaucoup de succès. Cette performance lui vaut des offres de la part des américains qui la réclament pour un engagement de longue durée (un an) à Las Vegas. Mais elle refuse de s’expatrier.
Michèle Richard trouve sa nouvelle voie, et durant cette période de dix années (1978-1987), quand elle n’est pas occupée à préparer un grand spectacle sur une scène de la métropole, elle est en studio pour un nouveau disque, alternant successivement les projets pour le bonheur de son public qui lui reste fidèle.
Elle fait la rencontre de l’auteur-compositeur Lambert, qui lui écrit des chansons pour ses albums des années 80, en commençant par une adaptation d’I Will Survive (1979).
En 1982, à l’occasion des ses 25 années de carrière, Michèle Richard donne une série de récitals à la Place des Arts et au Grand Théâtre de Québec. Elle y crée la chanson numéro un J’entends son violon, qui, contre toute attente, génère des ventes combinées de 100,000 disques 45-tours et 33-tours, un véritable exploit alors que le Québec traverse sa pire crise de l’industrie du disque. Ce retour au sommet la place en lice pour un trophée de l’ADISQ. Suivra une tournée dans les grandes salles de province. Elle retourne à la PDA en 1985 avec un grand succès: une semaine à guichets fermés. Elle offre à son public un spectacle à grand déploiement qui est salué par la critique. Accompagnée de danseurs, elle exécute chorégraphies époustouflantes et numéros de comédie, interprète un répertoire international, vêtue de costumes flamboyants, portée par une mise en scène soignée. Si bien que la SRC présente le spectacle dans le cadre de son émission Les Beaux Dimanches.
À la fin des années 80, elle anime avec brio l'émission GARDEN PARTY, un succès sans précédent dans les annales de la télévision d’été. On la surnomme « la reine de Télévision Quatre Saisons », sa cote de popularité atteignant de nouveaux sommets. Diane Juster lui écrit La chanteuse populaire, qui deviendra une autre chanson fétiche. Suivent les émissions 3505 et Noël magique 1 et 2, toujours a TQS (1988-90).
Elle connaît du succès dans le monde de l’édition avec le best-seller TI-BLANC, MON AMI, MON PÈRE (1983). Elle révèle son talent de comédienne au théâtre d’été en 1986, après avoir joué un rôle principal dans le téléfilm UN ORDINATEUR AU COEUR (1985) avec Michel Forget. D’autres rôles secondaires dans les séries MANON (SRC 1985) et L’OR DU TEMPS (TVA) lui sont attribués. Une autre expérience de comédie suit en 1991, au cinéma, sous la direction de Gilles Carles, dans LA POSTIÈRE.
Dans les années 1990, elle devient productrice et enregistre deux albums à Paris: INTEMPORELLE (1994), son meilleur CD de chansons originales, et JE SUIS LIBRE (1996), sur lequel elle revisite ses grands succès. Elle écrit un autre livre dans lequel elle révèle ses secrets pour être belle à 50 ans (1995). Elle offre une performance d’actrice remarquée dans la télé série PAPARRAZI (1997).
Les années 2000 et plus de 40 ans de carrière, Michèle Richard participe à plusieurs festivals, incluant la traversée du Lac St-Jean, le festival rétro de St-Hyacinthe, le festival western de Montréal, et plusieurs autres spectacles. L'émission de Véronique Cloutier à la radio rock-détente l’accueille dans une chronique hebdomadaire.
Elle est aussi au centre de la toute première émission de télé-réalité du Québec en 2003. Suite au succès obtenu par la série, un DVD de dix épisodes est lancé en avril 2004. L’expérience est concluante au point qu’elle est répétée pour une deuxième série de nouveaux épisodes.
Elle effectue un retour sur disque avec LES NUITS DE MONTRÉAL, un album à saveur « pop-jazz », et en 2006, présente une série de 40 spectacles au cabaret du Casino de Montréal.
Michèle Richard plus sexy que jamais à 60 ans, le magazine Le Lundi le montre, en mars 2007. Plus de 14 pages consacrées à la vedette qui joue le rôle d'éditrice en chef invitée pour cette parution Spécial 30 ans du magazine.
Michèle Richard est la co-vedette du film TRUFFE de Kim Nguyen (2007). Le film met en vedette Roy Dupuis, Céline Bonnier, Jean-Nicolas Verreault, Pierre Lebeau, Danielle Proulx, avec une apparition spéciale de Jean Lapointe.
Entre 1960 et 1983, Michèle Richard a classé une trentaine de ses disques 45-tours au Top-10 des palmarès (incluant pas moins de 14 chansons au numéro un). L’avènement du disque numérique (ou disque compact) dans les années 80 entraîne la disparition des disques 45-tours.
Étant souvent associée à la culture populaire, elle a fait l'objet de plusieurs moqueries de la part de la jeune génération d'humoristes.
Discographie
- 2007 : L’album de Noël
- 2004 : Les Nuits de Montréal
- 2002 : 40 chansons country
- 2002 : Collectionneur
- 2002 : Les Années 70
- 2002 : Les Années 60
- 2002 : Les Débuts 1957-1963
- 1996 : Je suis libre
- 1995 : Michèle Richard chante Noël pour tous les âges
- 1994: Michèle intemporelle
- 1989 : Heureuse enfin
- 1985 : Profession: artiste
- 1984 : Madame
- 1983 : 25e anniversaire de vie artistique
- 1983 : J'entends son violon
- 1980 : Michèle Richard (Un jour à la fois, Mon homme est parti, Je connais un ange)
- 1979 : Michèle Richard (Je survivrai, Le feu, Vivre un jour à la fois)
- 1978 : Les 20 Succès Météor
- 1978 : La Fille de la prairie
- 1977 : Noël en famille (avec plusieurs artistes)
- 1976 : Michèle Richard-Renée Martel: Les super succès, 22 chansons originales (Quand va-t-on m’aimer?)
- 1976 : La star, la femme (La fille du diable)
- 1974 : Ouvre-moi la porte et ses plus grands succès western
- 1974 : Le disque d’or de Michèle Richard (Baby love, Le coeur sur ma maison, Goodbye my love goodbye)
- 1973 : La Vie à deux (Il faut qu’il me revienne, Kiss me, J’aime vivre)
- 1972 : 21 Disques d’or
- 1972 : En spectacle au Club Playboy
- 1971 : Vivre au soleil (L’oiseau de feu, Mon coeur d’enfant)
- 1970 : Michèle Richard 70....(Reste avec lui, Les hommes non non non non, On est heureux ensemble)
- 1969 : Michèle Richard (double album-compilation d’anciennes et nouvelles chansons)
- 1968 : 21 ans, 21 succès
(double album compilation) - 1967 : Rarissimo (incluant des chansons de Michel Louvain)
- 1967 : Miss Radio-TV ’67 (J’écoutais la mer, Un jour un jour)
- 1966 : Action '66 (Les boîtes à gogo, Ne t’en fais pas, À la fin de la soirée)
- 1965 : Noël yéyé avec Michèle Richard
- 1965 : Michèle Richard (compilation)
- 1965 : Michèle (album country)
- 1964 : Michèle Richard (La plus belle pour aller danser, Ça va je t’aime, Je suis libre)
- 1963 : Mille baisers (disques d’or) (Main dans la main, Quand le film est triste, J’entends siffler le train)
- 1962 : Michèle visite (ou Michèle Richard à 16 ans)
- 1961 : Twist
- 1960 : Chantons Noël avec Michèle