Pierre Séguier (28 mai 1588 à Paris - 28 janvier 1672), Chancelier de France, duc de Villemor, est un homme politique et magistrat français.
Biographie
Pierre Séguier est issu d'une famille réputée de juristes, originaire du
Quercy. La noblesse de cette famille remonte à 1580, date où son grand-père, Pierre Séguier (1504-1580), fils d'un notaire et secrétaire du roi (charge annoblissante), se risqua à prendre la qualité d'écuyer peu de temps avant sa mort. Ce grand-père Pierre Séguier fut président à mortier au parlement de Paris de 1554 à 1576, et son père, Jean Séguier, seigneur d'Autry, occupait les fonctions de lieutenant civil de Paris au moment de sa mort prématurée en 1596.
Pierre Séguier, d'abord élève du collège des jésuites de La Flèche, fut élevé par son oncle, Antoine Séguier, président à mortier au parlement de Paris, puis maître des requêtes en 1620.
Il épouse Madeleine Fabry avec qui il eut:
- Marie Séguier (1618-1710) épouse le neveu de Richelieu : Pierre César de Cambout, marquis de Coislin et lieutenant des armées du Roi. Elle sera la mère du cardinal d'Orléans Pierre IV du Cambout de Coislin
- Charlotte Séguier(1622-5 juin 1704) épouse en 1639 Maximilien III de Bethune, Duc de Sully puis en 1668 Henri de Bourbon-Verneuil.
De 1621 à 1624, il fut intendant de Guyenne, ou il se lia étroitement avec le duc d'Épernon. Débutant sa carrière juridique sous Louis XIII comme conseiller au Parlement de Paris, il reprit la charge de son oncle Antoine comme président à mortier du parlement de 1624 à 1633.
En 1633, il devient Garde des Sceaux sous le ministère du cardinal de Richelieu, puis Chancelier de France le 11 décembre 1635. Tous les officiers de justice dépendirent donc de lui pendant à peu près quarante années, ce qui veut dire que toute l'administration du royaume pendant cette période reposa sur lui. Laissé dans l'ombre par les fortes personnalités de Richelieu et de Mazarin, il joua pourtant un rôle essentiel dans la continuité des politiques de centralisation et d'acheminement vers un gouvernement qu'on appellera plus tard absolutiste. Il instruit des procès célèbres comme celui du marquis de Cinq-Mars en 1642 ou de Nicolas Fouquet en 1661 et scella, le 4 décembre 1634, les Lettres Patentes de l'Académie française.
Dès 1631, il s'intéresse au peintre Charles Le Brun et lui permet d'étudier les beaux-arts à Rome entre 1642 et 1645. Il est son protecteur officiel jusqu'à ce que Le Brun devienne en 1662 premier peintre du roi Louis XIV. Un célèbre tableau de Charles Le Brun montre le Chancelier Séguier à cheval. Au décès de Séguier, Le Brun organise un fastueux service funéraire par l'intermédiaire de l'Académie royale de peinture et de sculpture.
En 1639, il est chargé de combattre la révolte des Nus-Pieds en Normandie contre l'augmentation de la gabelle. Il organise une répression très dure, exécutant de nombreux révoltés.
Après la mort du Cardinal Richelieu en 1642, il devient le protecteur de l'Académie française, dont il a été élu membre en 1635.
Lié au cardinal Mazarin, il est l'un des acteurs de l'accession d'Anne d'Autriche à la régence en 1643. Il influence notamment le parlement pour qu'il casse le testament de Louis XIII. Quand Mazarin devient chef du Conseil, il accède au rang de ministre d'État.
En 1652, sous la Fronde, il rejoint un temps Gaston de France et le prince de Condé, avant de retrouver le roi à Pontoise en août. Il perd alors sa charge de garde des Sceaux, qu'il ne retrouvera définitivement qu'en 1656.
Il fut toujours fidèle dans un temps où c'était un mérite de ne l'être pas. Homme équitable, savant, aimant les gens de lettres, il fut le protecteur de l'Académie française, avant que ce corps libre, composé des premiers lettrés et écrivains du royaume, fût en état de n'avoir jamais d'autre protecteur que le roi.
Il meurt le 28 janvier 1672. Son corps est solennellement inhumé le 18 mars 1672 au Carmel de Pontoise.
Henri-Charles de Coislin légua à l'abbaye de Saint-Germain la riche bibliothèque qu'il avait reçue en héritage du chancelier Séguier, et dont les débris ont été réunis après 1793 à la Bibliothèque nationale de France. Une autre partie de ses documents est conservée au Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg : ils ont été exploités par Boris Porchnev, un historien soviétique connu pour ses travaux sur les révoltes populaires en France sous l'Ancien Régime.
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