Henry de Montherlant
Henry de Montherlant, de son nom complet Henry Marie Joseph Frédéric Expedite Millon de Montherlant, né le 20 avril 1895 à Paris, décédé le 21 septembre 1972 à Paris, est un romancier, essayiste, auteur dramatique et académicien français. BiographieIssu d'une famille picarde appartenant à la bourgeoisie en même temps qu'à la noblesse, Henry Millon de Montherlant envisage très tôt de faire oeuvre d'écrivain. Ce sera d'abord l'expérience du journal intime (détruit à la fin de sa vie). Son père décédé, son éducation est laissée à la charge de sa mère qui lui donnera le goût de la littérature. Quo Vadis ? dont elle lui donne lecture, marquera l'ensemble de sa vie et lui fournira les thèmes qu'il abordera tout au long de son oeuvre (l'amitié, les taureaux, Rome, et le suicide). Son renvoi en 1912 du collège Sainte-Croix de Neuilly-sur-Seine lui fournit le thème de deux de ses oeuvres, La Ville dont le prince est un enfant (1951) et Les Garçons (1969). Il torée en Espagne avant 1914. Au sortir de la Première Guerre mondiale (dans laquelle il ne combat pas mais est affecté tardivement au service auxiliaire, ce qui lui vaudra une blessure par éclats d'obus), il devient secrétaire de l'OEuvre de l'ossuaire de Douaumont. Ensuite, il se tourne vers les stades, la piste et le football, où il rencontre la jeunesse des fortifs, renoue avec les fraternités des tranchées, exalte les corps des athlètes, compagnons et compagnes. Admirateur des civilisations du bassin méditerranéen (Rome antique, Espagne, civilisation Arabe), il y fait de nombreux voyages. Il vit même quelques années dans l'Algérie coloniale. Nourri dans sa jeunesse par la lecture de Nietzsche et Barrès, il trouve un idéal dans le courage et les vertus antiques. Patriote et anticolonialiste, il décrit dans Le Songe le courage et l'amitié des combattants, invite par de nombreux articles et ouvrages à intervenir contre l'Allemagne nazie (1936, puis 1938). « L'Équinoxe de Septembre » sera interdit par l'occupant. « Le Solstice de Juin » consacré à la Bataille de France en mai-juin 1940, qu'il couvre comme reporter, lui vaudra la réputation de collaborateur et des ennuis à la Libération. « La Rose de Sable », où il dénonce les excès d'une France coloniale, verra son édition fragmentée sur une trentaine d'années jusqu'en 1968. En rupture avec la société contemporaine, cherchant à transcender les luttes partisanes, il se consacre à l'écriture de son théâtre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale - grandeur et misère d'hommes et femmes tiraillés par leur passions, trahis et perdus. Durant la période de l'après-guerre, il est également l'auteur de nombreux dessins réalisés à la mine de plomb, des esquisses représentant tour à tour des scènes de tauromachie, des hommes en habits de lumière et quelques nus féminins ou masculins. Il renoncera cependant au dessin, expliquant que « tout ce qui n'est pas littérature ou plaisir est temps perdu ». Montherlant se défie de l'amour et des femmes, avec lesquelles il est toujours sur la défensive. Il analyse la psychologie féminine dans ses quatre romans sur les "Jeunes Filles", qui seront vendus à des millions d'exemplaires auprès d'un public féminin. André Gide a vu en lui un « seigneur des lettres », ils cohabiteront à Alger dans les années 30. Fait unique dans l'histoire du Quai Conti, Montherlant est élu en 1960 à l'Académie française sans en avoir fait expressément la demande. Devenant quasiment aveugle à la suite d'un accident, il se Suicide le jeudi 21 septembre 1972 à son domicile du 25, Quai Voltaire à Paris, conformément aux principes romains développés tout au long de son oeuvre, « pour échapper à l'angoisse de devenir aveugle subitement ». De cette mort volontaire, Julien Green écrit quelques jours plus tard : « Ayant inventé un personnage tout de bravoure et d'éclat, a fini par le prendre pour lui et s'y est conformé jusqu'à la fin. » Ses cendres sont dispersées à Rome, sur le Forum, entre les pierres du temple de Portunus (ou temple de la Fortune virile) et dans le Tibre, par Jean-Claude Barat, son héritier, et Gabriel Matzneff. Comme le met en évidence son principal biographe, Pierre Sipriot, Montherlant, durant sa vie, s'est souvent avancé masqué, cultivant une forme de secret. Par exemple sur sa date de naissance, qu'il a falsifiée, se rajeunissant d'un an (il a, de plus, voulu naître le 21 avril, jour de la fondation de Rome et même l'Académie française s'y est perdue puisqu'elle donne dans sa notice officielle la date du 30 avril), ou dans le domaine de sa vie privée : il entretenait une double vie, comme l'a dévoilé son ami Roger Peyrefitte avec qui il partageait une passion pour les adolescents. La révélation posthume de ces faits a grandement modifié l'image qui dominait à son sujet de son vivant, contraignant certains à renoncer à un Montherlant idéalisé, et d'autres à le relire de plus près, au profit de ce qu'il était réellement: non un maître de sagesse, mais, avant tout, un écrivain. OEuvresL'essentiel de son oeuvre est disponible aux éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade (deux tomes de romans, un tome de théâtre, un tome d'essais). - Romans
- La Jeunesse d'Alban de Bricoule :
- Les Célibataires (1934)
- Les Jeunes Filles :
- Les Jeunes Filles (1936)
- Pitié pour les femmes (1936)
- Le Démon du bien (1937)
- Les Lépreuses (1939)
- Le Chaos et la Nuit (1963)
- La Rose de sable (1968)
- Un assassin est mon maître (1971)
- Thrasylle (1984)
- Moustique (1986)
- Théâtre
- L'Exil (1929)
- Pasiphaé (1936)
- La Reine morte (1942)
- Fils de personne (1943)
- Un incompris (1943)
- Malatesta (1946)
- Le Maître de Santiago (1947)
- Demain il fera jour (1949)
- Celles qu'on prend dans ses bras (1950)
- La Ville dont le prince est un enfant (1951)
- Port-Royal (1954)
- Brocéliande (1956)
- La Mort qui fait le trottoir (Don Juan) (1956)
- Le Cardinal d'Espagne (1960)
- La Guerre civile (1965)
- Récits
- Les Voyageurs traqués :
- Aux fontaines du désir (1927)
- La Petite Infante de Castille (1929)
- Un voyageur solitaire est un diable (1961)
- Mais aimons-nous ceux que nous aimons ? (1973)
- Le Fichier parisien (1974)
- Coups de soleil (1976)
- Quelques mois de féerie, quelques jours de galère. Inédits nord-africains (1926-1940) (1995)
- Essais
- La Relève du matin (1920)
- Les Olympiques (1924)
- Mors et vita (1932)
- Service inutile (1935)
- L'Équinoxe de septembre (1938)
- Le Solstice de juin (1941)
- Textes sous une occupation (1940-1944) (1963)
- Discours de réception à l'Académie française et réponse du duc de Lévis Mirepoix (1963)
- Le Treizième César (1970)
- La Tragédie sans masque. Notes de théâtre (1972)
- Essais critiques (1995)
- Carnets
- Carnets 1934-1944 (1957)
- Va jouer avec cette poussière (1958-1964) (1966)
- La Marée du soir (1968-1971) (1972)
- Tous feux éteints (1965, 1966, 1967, 1972 et sans dates) (1975)
- Garder tout en composant tout (Derniers carnets, 1924-1972) (2001)
- Poésie
- Encore un instant de bonheur (1934)
- Correspondance
- Henry de Montherlant - Roger Peyrefitte, Correspondance (1938-1941), présentation et notes de R. Peyrefitte et Pierre Sipriot, Robert Laffont, 1983
- Henry de Montherlant, Lettres à Michel de Saint-Pierre, préface de Michel de Saint-Pierre, Albin Michel, 1987
- Correspondance avec Philippe de Saint Robert, in Bibliographie.
- Divers
- Pages catholiques, recueillies et présentées par Marya Kasterska, Plon, 1947
- Dessins, préface de Pierre Sipriot, Copernic, 1979
Bibliographie - Paule d'Arx, La Femme dans le théâtre de Henry de Montherlant, Librairie A.-G. Nizet, 1973
- Paule d'Arx, Henry de Montherlant ou Les Chemins de l'exil, Librairie A.-G. Nizet, 1995
- John Batchelor, Existence et imagination. Essai sur le théâtre de Montherlant, Mercure de France, 1970
- Jean de Beer, Montherlant, homme encombré de Dieu, avec des commentaires de Henry de Montherlant, Flammarion, 1963
- Lucile Becker, Montherlant, a critical biography, Londres-Amsterdam, 1970
- André Blanc, Montherlant, un pessimisme heureux, Le Centurion, 1968
- André Blanc, L'Esthétique de Montherlant, SEDES, 1995
- André Blanc (dir.), Les Critiques de notre temps et Montherlant, Garnier, 1973
- Georges Bordonove, Henry de Montherlant, Editions Universitaires, 1958
- John Cruickshank, Montherlant, Edimbourg-Londres, 1964
- Jean-Louis Curtis, "Montherlant ou la Fureur du rien" in Haute École, Julliard, 1950
- Pierre Duroisin, Montherlant et l'Antiquité, Les Belles Lettres, 1987
- J.-N. Faure-Biguet, Les Enfances de Montherlant, Plon, 1941
- Sabine Hillen, Le Roman monologue. Montherlant, auteur, narrateur, acteur, Minard, 2002
- Robert B. Johnson, Henry de Montherlant, New York, 1968
- Romain Lancrey-Javal, Le Langage dramatique de La Reine morte, PUF, 1995
- Jacqueline Michel, L'Aventure janséniste dans l'oeuvre de Henry de Montherlant, Nizet, 1976
- Michel Mohrt, Montherlant, "homme libre", La Table Ronde, 1989
- Mathilde Pomès, Deux aspects de Montherlant, Paris, 1934
- Michel Raimond, Les Romans de Montherlant, CDU-SEDES, 1982
- Michel de Saint-Pierre, Montherlant, bourreau de soi-même, Gallimard, 1949
- Philippe de Saint Robert, Montherlant ou La Relève du soir, avec 93 lettres inédites, Les Belles Lettres, 1992
- Jeanne Sandelion, Montherlant et les femmes, Plon, 1950
- Pierre Sipriot, Montherlant par lui-même, Le Seuil, 1953 (nouv. éd., 1975)
- Pierre Sipriot, Montherlant sans masque, Robert Laffont, t.1, L'Enfant prodigue, 1982, t.2, Écris avec ton sang, 1990 (rééd. en un volume au Livre de Poche)
- Pierre Sipriot, Album Montherlant, Pléiade, Gallimard, 1979
- Pierre Sipriot (sous la direction de), Montherlant et le suicide, Editions du Rocher, 1988
- Manuel Sito Alba, Montherlant et l'Espagne, Klincksieck, 1978
NotesLiens externes
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