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Henri Laborit, né à
Hanoï alors en
Indochine le
21 novembre 1914 et décédé le
18 mai 1995, est un
Biologiste, un
Philosophe du comportement animal et surtout du
comportement humain.
Henri Laborit a dirigé la Revue d'agressologie de 1958 à 1983.
Il se montra toute sa vie esprit curieux et par ailleurs anticonformiste (défense inattendue de la revue Planète contre les attaques de l'Union rationaliste dans les Années 1960, rappel discret des massacres de Vendée dans « Mon oncle d'Amérique » en 1980, participation au comité de direction de l'Institut de Sémantique générale de Lakeville). On ne le vit pas néanmoins se laisser étiqueter sous quelque mouvement que ce soit.
En 1969, les étudiants en urbanisme de l'Université de Vincennes, qui est en train de se créer, l'invitent à animer une unité de valeur biologie et urbanisme (jusqu'en 1974)
C'est avec son livre La Nouvelle grille (1974) qu'il fit connaître ses idées sur la biologie comportementale au grand public dans le contexte favorable post-68.
Ses travaux sur le conditionnement sont à la base du film Mon oncle d'Amérique d'Alain Resnais en 1980. Il fait montre de l'expérience scientifique sur des rats qui l'a amené à développer le concept d'Inhibition de l'action (titre de l'un de ses livres voir plus bas) et qui explique dans quelles conditions de stress des rats isolés somatisent (ulcères).
On doit à Laborit l'introduction (1952) de la Chlorpromazine (le premier Neuroleptique, dont le nom commercial est Largactil) dans le traitement de la Schizophrénie. Avant, il avait introduit l'hibernation artificielle (1951).
Il a donné sa vraie importance à la névroglie ou ensemble de cellules gliales, et aux radicaux libres, bien avant leur irruption dans la presse-radio-TV et même dans la presse scientifique. Il a également été le premier à synthétiser le GHB au début des Années 1960.
Récompensé par le Prix Albert Lasker pour la recherche médicale en 1957, médaillé de l'O.M.S en 1972, il reçut le prix Anokhin (URSS) en 1981.
Un hôpital de Poitiers porte son nom. Il est le grand-père de l'actrice Emmanuelle Laborit.
Inhibition de l'action
Dès la première page de son livre « Inhibition de l'action » (Masson, Paris, 1980), le Professeur Henri Laborit (1914-1995) évoque le PBD (programme biologique de survie) : «
Quand l'action est impossible, l'inhibition de l'action permet encore la survie puisqu'elle évite parfois la destruction, le nivellement entropique avec l'environnement. C'est en ce sens que la « maladie » sous toutes ses formes peut être considérée comme un moindre mal, comme un sursis donné à l'organisme avant de disparaître.» (...) «
Le manichéisme qui caractérise la majorité des conduites humaines ne permet d'envisager jusqu'ici que deux conduites à l'égard de la maladie : l'une consiste à agir sur l'organisme malade en ignorant son environnement, l'autre à agir sur l'environnement en croyant que cela suffira à résoudre tous les problèmes organiques. Il serait sans doute préférable dans certains cas, pour traiter un ulcère d'estomac, d'éloigner la belle-mère par exemple plutôt que de pratiquer une gastrectomie qui ne changera rien au facteur environnemental." (...) "
Nous sommes les autres, c'est-à-dire que nous sommes devenus avec le temps ce que les autres - nos parents, les membres de notre famille, nos éducateurs - ont fait de nous, consciemment ou non. Nous sommes donc toujours influencés, le plus souvent à notre insu, par les divers systèmes dont nous faisons partie."
Citations
- "La séparation entre l'esprit et le corps est sans doute un des concepts les plus difficiles à détruire, car fondé sur une apparente évidence. C'est lui qui distingue encore les écoles philosophiques, les sciences humaines des sciences physiques, et par exemple les psychiatries pavlovienne et freudienne, c'est-à-dire les méthodes cherchant à s'appuyer sur des mesures objectives de faits observés de celles basées sur une approche entièrement subjective et introspective des comportements humains. C'est la barrière qui persiste entre la pathologie cortico-viscérale et la pathologie psychosomatique." Henri LABORIT « Inhibition de l'action » (Editions Masson Paris & Presses Universitaires de Montréal, 1980)
OEuvres
- Physiologie et biologie du système nerveux végétatif au service de la chirurgie (1950)
- L’anesthésie facilitée par les synergies médicamenteuses (1951)
- Réaction organique à l’agression et choc (1952)
- Pratique de l’hibernothérapie en chirurgie et en médecine (1954)
- Résistance et soumission en physio-biologie : l’hibernation artificielle (1954)
- Excitabilité neuro-musculaire et équilibre ionique. Intérêt pratique en chirurgie et hibernothérapie (1955)
- Le delirium tremens (1956)
- Bases physio-biologiques et principes généraux de réanimation (1958)
- Les destins de la vie et de l’homme. Controverses par lettres sur des thèmes biologiques (1959)
- Physiologie humaine (cellulaire et organique) (1961)
- Du soleil à l’homme (1963)
- Les régulations métaboliques (1965)
- Biologie et structure (1968)
- Neurophysiologie. Aspects métaboliques et pharmacologiques (1969)
- L’homme imaginant : Essai de biologie politique (1970)
- L’homme et la ville (1971)
- L’agressivité détournée : Introduction à une biologie du comportement social (1970)
- La Société informationnelle : Idées pour l’autogestion (1973)
- Les Comportements : Biologie, physiologie, pharmacologie (1973)
- La Nouvelle grille (1974)
- Éloge de la fuite (1976)
- Discours sans méthode (1978)
- L’Inhibition de l’action (1979)
- La Colombe assassinée (1983)
- Dieu ne joue pas aux dés (1987)
- La vie antérieure (1989)
- Les récepteurs centraux et la transduction de signaux (1990)
- L’esprit dans le grenier (1992)
- Etoiles et molécules (1992)
- La légende des comportements (1994)
- Une Vie - Derniers entretiens (1996)
Liens internes
Liens externes